L’histoire de Patrick ou comment Uconfessions met en garde contre les agressions sexuelles en soirée

Tu as peut-être entendu parler ces derniers jours de l’histoire de Patrick, Jessica et Kimberley. Des posts anonymes publiés sur la page Uconfession racontaient comment une jeune étudiante avait dû quitter son kot après trois mois de colocation avec un jeune homme plus que flippant. Mais l’histoire va bien plus loin qu’une simple confession. Il s’agit d’une réelle prévention contre les agressions sexuelles et l’utilisation du GHB en soirée.

Uconfession, c’est une page Facebook sur laquelle les étudiants de l’UCLouvain racontent anonymement leurs méfaits les plus inavouables. Elle est particulièrement active en période de blocus et d’examen, au moment donc où les membres s’ennuient le plus. Et cette année ne fait pas exception. Une jeune femme en a profité pour raconter ce qu’elle a vécu pendant le premier quadrimestre et ‘pour peut-être éviter que cela n’arrive à d’autres personnes’ comme elle l’explique dans la première publication. Son histoire est tellement longue qu’il lui faudra 7 posts, un par jour depuis le 31 décembre, pour tout raconter.

L’histoire

Pour lire toute l’histoire en détail, rends-toi sur Uconfession. Les confessions sont les #18883, #18890, #18893, #18905, #18917, #18926 et #18934.

Voici un petit résumé. Tous les noms ont été anonymisés par l’auteur. Une jeune étudiante surnommée Sarah débarque à Louvain-la-Neuve avec ses deux meilleures amies Kimberley et Jessica pour commencer son Master. Dans son nouveau kot, elle va rencontrer Patrick, un homme à première vue sympathique mais qui va se révéler bien plus violent et pervers. En effet, la première nuit, elle découvre Patrick dans le commu avec un agent de sécurité en sang. Son cokoteur arrive à la rassurer et elle repart se coucher. Mais plusieurs jours plus tard, elle trouve un sac louche dans la cuisine. De nouveau, Patrick arrive à la rassurer en expliquant qu’il vend de la beuh de temps en temps.

Une semaine plus tard, quand sa meilleure amie, Jessica passe la nuit avec Patrick, elle comprend qu’il y a quelque chose qui cloche. Son amie ne coucherait pas avec le premier inconnu. Elle va donc faire une photo de ce qu’il y avait dans le sac louche. Elle y découvre une feuille sur laquelle est dessiné un tableau: une colonne avec des noms de garçons, une avec des noms de fille, une colonne de date et une autre de lieu. La dernière colonne indiquait un résultat. Sarah n’y comprends pas grand-chose. Plus tard, elle rencontre Julien, le fameux vigile qui était en sang dans son commu deux semaines plus tôt. Il lui parle d’un groupe Facebook ‘Fans de Sonic’, mais comme il est bourré, elle n’en apprend pas beaucoup plus.

Tout s’accélère quand Sarah voit une fille se faire droguer lors d’une soirée. Elle veut la prévenir, mais un agent de sécurité l’arrête et lui dit qu’il va s’en occuper. Quelques jours plus tard, elle comprend que le vigile est de mèche avec Patrick et qu’il n’allait clairement pas aider la jeune fille, mais plutôt la violer.

Dans l’épilogue, Sarah explique comment elle a démonté un groupe de violeurs qui sévissaient sur Louvain-la-Neuve. ‘Les fans de Sonic’ était un jeu de mots pour parler d’hommes qui usaient du GHB, surnommé aussi le gros hérisson bleu, pour violer des filles lors de soirée étudiante. Leur chef n’était personne d’autre que Patrick. Il s’occupait de droguer les filles et prêtait des vestes de vigile pour que les violeurs puissent inspirer la confiance des jeunes femmes abusées.

Histoire inventée et prévention

A la suite de la dernière publication, UConfession annonce qu’il s’agit d’une histoire inventée et qu’elle a pour but de sensibiliser la communauté aux dangers lors des fêtes étudiantes.

L’auteur, qui reste anonyme, a donné plus d’explication sur les raisons de cette histoire. Tout a été inventé, ‘mais cela ne veut pas dire que tout ce que j’ai raconté est faux’, précise-t-il.

En effet, l’auteur s’est inspiré de faits réels. Cette année, pendant les 24h vélos de Louvain-la-Neuve, des informations ont circulé pour prévenir que des filles avaient été droguées. Mais seuls quelques cercles et régionales en ont parlé. Il n’y a pas eu de préventions de grande ampleur. Toujours cette année, à Bruxelles, un homme avec un uniforme de la STIB a violé une jeune femme. Cela a inspiré l’auteur pour l’utilisation des vestes de vigile. Le but de ces publications n’est pas que tout le monde se renferme chez soi, mais de rappeler aux sorteurs de faire attention. L’auteur a d’ailleurs choisi le moment du blocus pendant lequel les festivités estudiantines sont interrompues pour éviter la paranoïa. Dans ce dernier post, il rappelle bien: ‘Prenez soin les uns des autres en soirée et restez vigilants, mais amusez-vous’. Et on ne peut qu’être d’accord avec lui.

Ce coup de communication a extrêmement bien marché. Et pour cause, l’histoire était super bien écrite. Il y a avait du suspense, des personnages antagonistes, des références à la culture estudiantine, un peu d’humour. Au fur et à mesure des publications, le phénomène a pris de plus en plus d’ampleur. L’histoire était au cœur de nombreuses conversations et elle s’est propagée en dehors de la communauté étudiante. Même si elle est inventée, elle aura su marquer les esprits. Le nombre d’agressions sexuelles dans notre pays est encore bien trop élevé. Il faut donc rester attentif. N’oublie jamais de surveiller ton verre et celui de tes ami.e.s. Ne laisse pas un.e pote rentrer seul.e. Si cette confession a pu te rappeler ses règles essentielles de sécurité en soirée, alors elle a atteint son objectif avec brio.

Si tu es victime ou témoin d’un agression sexuelle, voici les contacts qui pourront t’aider:

  • SOSVIOL, numéro d’urgence de la Fédération Wallonie-Bruxelles, joignable en journée au 0800/98100
  • La police, joignable au numéro d’urgence 101. Tu peux aussi te rendre dans le poste de police le plus près.
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