Le trou dans la couche d’ozone n’a jamais été si petit, mais ce n’est pas une si bonne nouvelle

Quelques jours avant la COP23 qui se déroule en ce moment à Bonn en Allemagne, la Nasa a fait part d’une excellente nouvelle: le trou dans la couche d’ozone n’a jamais été si petit depuis que l’on connait son existence en 1988. Mais face au réchauffement climatique qui a contribué à sa résorption, on est encore loin du compte. Plusieurs batailles semblent même déjà perdues.

La couche d’ozone se trouve dans la stratosphère. Elle sert à nous protéger du soleil et de ses rayons UV, mortels pour l’homme. Et elle le fait plutôt efficacement: 50% des rayons UV sont incapables de pénétrer dans la troposphère (le ciel le plus proche de nous).

Sauf qu’en 1988, on a découvert un immense trou se situant au-dessus de l’Antarctique, avec une superficie moyenne de 26 millions de km², soit plus de deux fois la superficie du Canada. Elle était le fruit de l’utilisation des gaz CFC, le fameux fréon que l’on trouvait dans les frigos et les aérosols.

Eh bien les mesures qui ont été prises pour limiter petit à petit leur utilisation semblent fonctionner. Le trou dans la couche d’ozone a diminué jusqu’à atteindre 12 millions de km², soit sa plus petite taille depuis 1988 explique la Nasa dans un communiqué. Le Protocole de Montréal entré en vigueur en 1989 a grandement contribué à cette diminution. Signé par 197 pays, il a conduit à l’interdiction de l’utilisation des gaz CFC, définitivement supprimés en 2009 à de rares exceptions près. Voilà pour le côté pile.

Grâce au réchauffement climatique

Plus étonnamment, c’est aussi le réchauffement climatique qui a contribué à résorber le trou dans la couche d’ozone. En effet, si sa réduction s’est accélérée particulièrement depuis 2016, c’est grâce à l’augmentation des températures hivernales. C’est encore une fois la Nasa qui nous en apporte l’explication: en fait l’air chaud dissipe les composés chimiques gourmands en ozone tels que le chlore et le brome. Pour simplifier, c’est un large vortex de chaleur qui a permis de réduire la formation de nuages stratosphériques polaires. Ceux-ci sont responsables de la première étape de la destruction de l’ozone.

Voici pour le côté face: un fléau pour un autre. Si une étude du MIT publiée dans la revue Science en 2016 annonce la résorption intégrale de la couche d’ozone d’ici 2050, on ne peut pas en dire autant du réchauffement climatique. L’année 2017 bat d’ailleurs tous les records de température.

De plus, l’accord de Paris sur le climat signé en 2015 lors de la COP21 est mis à rude épreuve. Et même ici en Belgique, tout indique que l’objectif de contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C d’ici 2100 sera difficile à atteindre.

Les défis sont encore immenses

Et de fait, à l’heure où la planète entière se réunit à Bonn en Allemagne pour la COP23, beaucoup de défis semblent déjà perdus. Premièrement parce que les émissions de C02 ne sont pas en baisse malgré tous nos efforts. Or selon un article publié dans la revue Nature, il faut absolument inverser cette tendance d’ici 2020. Eh oui, c’est dans trois ans.

Deuxième preuve: la fonte des glaces est toujours aussi problématique. L’océan arctique voit sa banquise diminuer d’année en année. Elle s’est réduit jusqu’à 5 millions de km² cette année alors qu’on était à 7 millions dans les années 80, avec même un record à 3,39 millions de km² en 2012, rappelle CarbonBrief dans un article de FranceInfo. Or qui dit moins de banquises dit moins de rayons du soleil renvoyés, et donc davantage de réchauffement. Pour de nombreux scientifiques, le point de non-retour est d’ailleurs déjà atteint.

En Antarctique, les pluies sont de plus en plus fréquentes alors qu’elles étaient encore rares voire inexistantes dans les années 90. La calotte fond donc non seulement par le haut mais aussi par le bas via le réchauffement des océans et le phénomène El Nino. La fonte totale de la calotte en Antarctique ferait monter les océans de 3 mètres en quelques siècles.

Aussi, les catastrophes naturelles et les canicules extrêmes sont de plus en plus fréquentes et destructrices. Il semble que l’année 2017 ait donné raison à de nombreux scientifiques. Sècheresses, typhons, ouragans ont ravagé toutes les parties du monde ou presque. Il faut ajouter à cela une accélération de la montée des eaux: selon les études sur le sujet, le niveau des océans pourrait augmenter de un à deux mètres d’ici 2100. Et ça s’accélère: de 3,3 mm en 2014, contre 2,2 mm observés en 1993 et 1,7 au début du 20e siècle.

Et on passera ici le niveau d’acidité des océans, les chiffres désastreux pour la biodiversité, le manque d‘eau potable ou encore la déforestation toujours aussi problématique. Bref, il y a du pain sur la planche pour les quelque 200 pays qui participeront à la COP23 à Bonn cette semaine.

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