Le mythe des pneus hiver: ils ne sont pas aussi parfaits que l’on croit lors d’intempéries

Suite aux intempéries qui ont foutu la pagaille sur nos routes ce lundi, on recommence à réclamer les pneus hiver obligatoires. Mais même si cela semble être une bonne idée, il ne faut pas croire que les pneus d’hiver changeraient beaucoup de choses. Voici pourquoi. 

Pour commencer: les pneus hiver ne sont pas aussi parfaits qu’on le pense. En effet, ils ne servent à rien sur la glace, le grésil, la neige gelée et surtout, ils n’empêchent pas l’aquaplanage.

Ok, ils permettent une distance de freinage plus courte mais tout est relatif. Car tout dépend de la vitesse, du poids de la voiture et des conditions de freinage (freinage brusque par exemple). De plus, un ABS fonctionnel, le système anti-blocage des roues, offre inévitablement une distance de freinage plus longue.

Quelles différences avec les pneus d’été?

Les pneus hiver ne diffèrent que de deux façons des pneus été: le type de caoutchouc utilisé et les lattes présentes dans les pneus hiver. Le pneu hiver est donc plus souple et il s’adapte bien à la surface de la neige. La composition du caoutchouc permet aussi au pneu de mieux résister à des basses températures.

Mais problème: ces pneus d’hiver s’usent beaucoup plus rapidement sur l’asphalte à plus haute température. Cela crée donc une poussière de caoutchouc sur les routes. Et ça, ce n’est pas l’idéal question sécurité. Cela ne fait pas beaucoup de qualités et d’avantages pour les pneus neige. Et il y a pire…

Peu d’impact sur le nombre d’accident

La profondeur des rainures des pneus hiver est plus grande que les pneus été: 4mm au lieu de 2. Cela semble être un avantage mais pas vraiment en fait. Car quand il neige, celle-ci va s’enfoncer dans les rainures et les remplir complètement. De cette façon, le pneu va devenir complètement lisse et n’aura plus d’adhérence.

Une étude réalisée par l’Institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR, désormais VIAS) et commandée par le secrétaire d’État à la Mobilité de l’époque Melchior Wathelet montre que même si ces pneus peuvent être utiles, il ne réduisent pas vraiment le nombre d’accidents sur les routes. Car la plupart des accidents se produisent par temps sec.

D’autres recherches montrent qu’aucun pneu ne peut totalement annihiler le risque de glissade. Et bien que 90% des camions soient équipés de pneus neige, ils ne serviront à rien en cas de gros freinage ou si le véhicule est coincé dans la neige.

Psychologie

Mais si hier c’était le foutoir sur les routes, ce n’est pas un problème de pneu. En Belgique, les conducteurs ne sont pas forcément habitués à conduire dans la neige et ont peur, parfois à juste titre, de glisser. C’est un problème de comportement de conduite.

Et c’est tout à fait normal! Dans les pays scandinaves et dans d’autres pays où les hivers sont rigoureux, les gens sont tout simplement habitués à conduire dans la neige alors que pour nous, c’est exceptionnel. Et il est donc normal qu’ils soient mieux lotis que nous niveau embouteillage sur les routes.

Mais le gros problème avec les pneus hiver, c’est que les conducteurs qui les utilisent ne roulent pas forcément mieux. En effet, les pneus ont un effet psychologique néfaste pour les conducteurs puisque beaucoup de gens surestiment les effets de leur gomme. En d’autres termes, ils se sentent beaucoup trop en sécurité et n’adaptent pas leur conduite en fonction de la météo.

Cours de conduite en conditions extrêmes?

La mauvaise appréciation des intempéries va des deux côtés: certains les sous-estiment et d’autres les surestiment. Une grande partie des conducteurs est trop confiante tandis que l’autre partie est timorée et conduit de manière incertaine.

Une solution à ce problème serait un cours de conduite dans des conditions extrêmes. En soi, c’est une bonne idée puisque « condition extrême » comprend aussi les fortes averses. Et en Belgique, on connait très bien la pluie.

Il ne faut pas oublier que si il y a eu autant de bouchon lundi matin, c’est aussi à cause du réseau routier belge qui est déjà saturé à la base. Alors, il est normal qu’à la moindre gelée ou chute de neige cela parte en cacahuète de façon aussi impressionnante.

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