Le mouvement anti-vaccins est l’une des 10 plus grosses menaces pour la planète, selon l’OMS

Ce n’est pas nous qui le disons mais l’Organisation mondiale pour la santé. Le mouvement antivaccins figure parmi les 10 éléments les plus dangereux pour la santé de la planète. Des millions de morts pourraient être évitées si cette méfiance généralisée cessait d’être.

Au 20ème siècle, de nombreuses maladies ont été quasiment éradiquées grâce aux vaccins. C’est le cas, par exemple, de la poliomyélite, une terrible dégénérescence avec des conséquences très graves. Ou encore de la variole, avec ses fièvres intenses, ou même de la rage, qui peut tuer en deux jours.

La rubéole et la rougeole font partie de ces maladies qui ont, un temps, fortement diminué à l’échelle planétaire mais qui font leur grand retour depuis quelques années. Comme un certains nombres d’autres maladies, elles auraient pu être éradiquées avec les vaccins, mais les mouvements qui s’y opposent leur ont permis de resurgir. C’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale pour la santé a déclaré que ces mouvements étaient l’une des dix plus grosses menaces pour la planète en 2019.

1,5 million de morts pourraient être évités

« L’hésitation à l’égard des vaccins – la réticence ou le refus de vacciner en dépit de la disponibilité des vaccins – menace d’inverser les progrès accomplis dans la lutte contre les maladies évitables par la vaccination », écrit l’OMS. « La vaccination est l’un des moyens les plus rentables d’éviter la maladie – elle prévient actuellement 2 à 3 millions de décès par an et 1,5 million de plus pourraient être évités si la couverture mondiale de la vaccination s’améliorait. »

Or, les mouvements de vaccino-sceptiques gagnent du terrain, ces dernières années. Notamment, grâce au lobbying des groupes « fake-med« , qui promeuvent des approches alternatives n’ayant aucune base scientifique. Sur internet, le mouvement antivax se déploie sous de nombreuses formes: sur des forums, des groupes Facebook, sur des sites consacrés, dans des vidéos YouTube… Et ce scepticisme contestataire trouve parfois écho chez des politiciens, comme ce fût un temps le cas avec la député des Verts à l’Europe Michèle Rivasi. Il semblerait même que des trolls russes aient propagé volontairement une partie de cette propagande.

Un refus mondialisé

Les antivax sont loin de former un mouvement anodin. En Belgique, un Belge sur dix doute de l’efficacité de ces administrations préventives. La France a récemment obtenu le titre de championne du monde des vaccino-sceptiques. Le nouveau vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a déclaré que la vaccination était dangereuse et même nuisible, ouvrant la porte à toutes sortes de convictions irrationnelles. À l’échelle européenne, on observe une baisse conséquente du taux de vaccination. La question prend de telles proportions qu’elle a été abordée au Parlement européen.

En Australie, 40.000 enfants n’ont pas droit à cette protection à cause du scepticisme parental. En réaction, le gouvernement a décidé de ne plus octroyer de couverture santé à ces sceptiques. Suite à cette décision, le pays a vu son pourcentage de vaccino-sceptiques baisser considérablement. Aux États-Unis, les antivax sont écoutés par le Président en personne, Trump ayant déjà déclaré que les vaccins étaient la cause de l’autisme. Au Brésil, des organisations religieuses attisent la méfiance à l’égard de cette pratique préventive.

Alors qu’il a été démontré que les vaccins sauvent des vies et ont éradiqué des maladies, certains s’obstinent à refuser l’évidence. Un groupe consultatif sur les vaccins affilié à l’OMS a identifié « l’excès d’optimisme, les inconvénients liés à l’accès aux vaccins et le manque de confiance en soi » comme étant les principales raisons de ces refus.

Cinq mensonges sur les vaccins

Cinq gros hoax tournent régulièrement sur les forums des vaccino-sceptiques. Le premier est que les vaccins causent de graves maladies. Mais cela n’a jamais été prouvé. Cette théorie est malheureusement propagée par des personnalités écoutées, comme le Pr. Henri Joyeux (sa page Facebook compte 149.000 likes), et elle se base sur une étude frauduleuse.

Le second argument fallacieux est que les effets secondaires ne sont pas encore connus. Or, jusqu’ici, les effets indésirables quelques fois observés sont minimes comparés aux risques de non-vaccination. Voir, par exemple, cette vidéo d’un homme paralysé par la polio.

Troisième idée répandue: l’aluminium contenu dans les vaccins serait nocif. En 2013, le Haut Conseil de la santé publique répondait déjà à cette argutie. L’organisme français estime « que les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium, au regard de leur balance bénéfices/risques ». Par contre, il a été prouvé que l’aluminium est l’adjuvant le plus puissant pour favoriser la réponse immunitaire et produire des anti-corps.

Les vaccins ne servent qu’à enrichir les labos pharmaceutiques. Dans les débats sur la validité des vaccins, ce quatrième argument pointe toujours son nez. Ineptie à laquelle il est aisé de répondre. Soigner un malade non-vacciné pendant de longues années rapportent beaucoup plus à « Big Pharma » – nom donné au groupe des entreprises pharmaceutiques – qu’un simple vaccin. Comme l’expliquait le Huffington Post, la vente des vaccins est loin d’être un jackpot pour les industries pharmaceutiques. Produire un vaccin est long et coûteux alors que sa vente représente une broutille (environ 2%) dans les bénéfices de ces géants.

Le cinquième hoax joue sur l’émotion parentale: les vaccins seraient beaucoup trop violents pour les nourrissons. Il est vrai que voir son bambin crier lorsque la seringue pénètre sa chair est particulièrement éprouvant, mais il faut s’accrocher. Déjà, parce que les maladies qu’il risque sans vaccins seraient bien plus éprouvantes à vivre. Mais surtout parce que le vaccin ne représente qu’une infime partie des substances allogènes contre lesquelles son organisme lutte quotidiennement, comme l’en atteste cette étude menée par des chercheurs américains.

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Les autres menaces citées par l’OMS

Aux côtés des antivax, l’institution onusienne a également relevé neuf autres menaces pour la santé planétaire. Les voici:

  • La pollution atmosphérique et le changement climatique
  • Les maladies non transmissibles (comme le diabète, le cancer et les maladies cardio-vasculaires)
  • La pandémie mondiale de grippe
  • Des conditions de vie trop précaires
  • La résistance antimicrobienne
  • Ebola et d’autres agents pathogènes à haut risque
  • Les services de soins de santé insuffisants
  • La dengue
  • Le VIH (le sida)
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8 progrès en termes de vaccinations

Mais tout n’est pas négatif. L’OMS relevait en mars 2018 qu’une dizaine de victoires avait été obtenue récemment au travers de la lutte contre les maladies et avec l’aide des vaccins. Les voici:

  • Les vaccins évitent 2 à 3 millions de morts chaque année
  • Le nombre d’enfants vaccinés n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui
  • D’importants progrès ont été accomplis dans la recherche scientifique (vaccin contre la malaria)
  • L’épidémie de méningite A a quasiment été éradiquée en Afrique
  • Le taux de mortalité causée par la rougeole a baissé
  • Certaines zones des Amériques ont totalement éradiqué la rougeole
  • La polio est en train de disparaître de la planète
  • Le tétanos maternel et néonatal a été éliminé en Asie du Sud-est

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