Le Canada connaît déjà une sérieuse pénurie de cannabis et voici pourquoi

Un mois à peine après que le Canada ait légalisé la consommation de cannabis à usage récréatif, le pays est déjà en pénurie de marijuana. Mais il semblerait que ce soit normal. La production légale de weed n’était pas suffisamment importante pour répondre à la nouvelle demande. Le problème: certains consommateurs retournent vers le marché noir.

Lorsque le Canada a légalisé la consommation de weed à usage récréatif, le 17 octobre, l’euphorie s’est répandue comme un nuage de fumée dans tout le pays. Puisque le Cannabis Act était passé en application, des milliers de gens se sont rendus chez les vendeurs officiels agréés par le gouvernement canadien pour y acheter de quoi alimenter leur passion du bédo.

Si les premiers jours, tout s’est aussi bien déroulé que lors d’un Black Friday version vert résineux, les jours qui ont suivi ont rapidement révélé qu’un gros problème allait survenir: les fournisseurs manquaient cruellement de réserves pour approvisionner cette joyeuse bande de consommateurs d’herbe. La pénurie de cannabis était prévisible mais aujourd’hui, un mois après la légalisation, elle se fait vraiment ressentir.

Problème de licences

Des producteurs de cannabis, au Canada, il y en a. Le problème est qu’ils n’ont pas tous reçu de licences de la part du gouvernement pour pouvoir revendre leur produit. « Sur les 132 producteurs autorisés par le gouvernement à fournir de la marijuana aux détaillants, 78 ont reçu des licences de vente », écrivait le New York Times la semaine passée.

Un autre problème est l’obligation de respecter les règles de production. Pour être en conformité avec la loi canadienne, la beuh légale est plus dure à produire. « Il vous faudra un an, un an et demi ou deux ans pour obtenir un produit de qualité décente et cohérente dans des volumes prévisibles », explique un producteur au média canadien Global News.

La demande a, de loin, dépassé l’offre. La BBC explique que dans la province du Nouveau-Brunswick, 12 des 20 magasins vendant de la marijuana – soit plus de la moitié – ont dû momentanément fermer, faute d’approvisionnement. Pour le CD Howe Institute, un groupe d’études économique de Toronto, la production légale de cannabis n’était tout simplement pas en mesure de répondre à la demande totale. Son offre correspondait entre 30 à 60% de la demande des Canadiens.

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Nouvelles règles

Certains estiment que cette pénurie d’herbe légale pourrait durer des mois voire des années. Cela pourrait prendre un temps particulièrement long pour que le pays s’adapte à cette nouvelle forme d’économie spectaculaire.

La première conséquence est que de nombreux consommateurs retournent vers le marché noir. Ils vont se fournir chez des dealers non-agréés par le gouvernement qui vendent une herbe ne respectant pas les mesures légales. Or, c’est justement ce marché non-contrôlé et non taxé que le gouvernement de Justin Trudeau avait tenté de faire disparaître en légalisant la consommation de cannabis à usage récréatif.

Certains producteurs tentent de trouver la parade en changeant les règles de vente aux détaillants. Ils n’appliquent plus la règle du « premier arrivé, premier servi » – comme c’était le cas auparavant sur leurs sites web – mais fonctionnent avec un système de commande manuelle. Les lundis, tous les magasins reçoivent une fiche mise à jour indiquant les produits de cannabis en stock dans la province et les détaillants doivent passer leur commande dans les 24 heures pour ensuite être livrés, explique CBC News.

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Un marché gigantesque

Avec le Cannabis Act, le gouvernement Trudeau espérait s’approprier un marché estimé à 5,4 milliards de dollars canadiens (3,5 milliards d’euros). Cette pénurie pourrait voir de nombreux bénéfices échapper aux caisses de l’État. Health Canada, l’organisme en charge de la question du cannabis, a déclaré au Chronicle Herald qu’il avait pris des mesures pour tenter de résoudre la crise.

Il a, par exemple, accordé 191 modifications d’extension aux titulaires de licence, ce qui leur permettra d’accroître leur capacité de production. Il a aussi augmenté la taille des zones légales de production, faisant passer les zones approuvées de 185.000 mètres carrés à plus de 1,2 million de mètres carrés depuis mai 2017. Soit presque 7 fois plus.

Mais malgré cela, de nombreux observateurs s’accordent à dire que cette pénurie risque de durer plusieurs années et qu’il va falloir un certain temps avant que le Canada ne puisse fournir légalement tous les consommateurs de weed.

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