Jusqu’ici, la communauté scientifique pensait que l’Antarctique était plus ou moins épargné par la pollution du plastique qui touche nos océans, grâce à sa situation reculée et relativement isolée. Eh bien, plus maintenant. Des chercheurs britanniques ont retrouvé près de 500 kilos de microparticules de plastique dans l’océan Australe qui entoure le continent glacé.
Chaque année, plus de huit millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les océans. Comme le plastique met entre 100 et 400 ans pour se dégrader entièrement, notre planète devient une véritable poubelle géante. Mais l’Antarctique, ce large continent de glace situé autour du pôle Sud, est si loin et isolé que sa faune et sa flore sont à l’abri de toute cette pollution. C’est ce que les scientifiques pensaient jusqu’à présent.
Une récente étude de l’Université de Hull au Royaume-Uni et de la British Antarctic Survey est venue tout chambouler cette semaine: la pollution par le plastique touche aujourd’hui aussi les eaux de l’Antarctique. Ainsi, les niveaux de microplastique que les chercheurs ont enregistrés là-bas sont désormais cinq fois plus élevés que la moyenne habituelle.
Ces particules microscopiques, qui mesurent moins de 5 millimètres de diamètre, proviennent des bouteilles, sacs poubelles et autres objets en plastique, mais aussi des dentifrices, savons, shampooings et autres produits de cosmétique. Ensuite, elles se retrouvent dans les océans via les déversements d’eaux usagées et la dégradation des déchets jetés dans la nature. Et bien sûr, elles constituent une menace pour les animaux et la chaîne alimentaire, puisque le zooplancton et le krill en ingurgitent, et sont à leur tour avalés par les baleines, phoques et pingouins.
500 kilos de particules de plastique
Mais revenons à l’Antarctique. Ces dix dernières années, les chercheurs affirment avoir trouvé près de 500 kilos de ces particules dans l’océan Austral, qui entoure le continent antarctique. À cela, il faut ajouter environ 25,5 milliards de fibres textiles.
Si ces quantités peuvent paraître infimes par rapport aux plus de 20 millions de kilomètres carrés que compte la superficie de l’océan Austral, elles représentent tout de même une menace bien réelle pour l’environnement. Ainsi, « l’Antarctique renferme une nature sauvage isolée et son écosystème est très fragile », affirme Catherine Waller, biologiste marin à l’Université de Hull et auteure principale de l’étude, dans un communiqué.
Mais comment ces déchets sont-il arrivés jusqu’au continent blanc? Selon les chercheurs, c’est grâce au courant circumpolaire antarctique. Autrement dit, le courant marin présent dans l’Océan Austral, qui coule d’Ouest en Est autour de l’Antarctique. Il brasse les eaux de l’océan Indien, du Pacifique et de l’Atlantique Sud, et était considéré comme « impénétrable » par les scientifiques. En tout cas, jusqu’à aujourd’hui.
Les niveaux exacts de microplastique restent difficiles à mesurer précisément, les auteurs de l’étude prévoient donc de suivre de très près l’évolution. Quoi qu’il en soit, après la fonte des glaciers causée par le réchauffement climatique, l’Antarctique doit faire face à une nouvelle menace de taille.