Le projet de décret réformant de fond en comble la formation initiale des enseignants a été approuvé, en troisième et dernière lecture, ce mercredi par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. De gros changements sont donc à prévoir bientôt pour les futurs professeurs, voici les détails du texte.
On t’en parle depuis plus d’un an, outre le Pacte d’Excellence, censé révolutionner en profondeur l’enseignement francophone belge, la majorité au pouvoir PS-cdH planchait sur une grosse réforme de la formation des enseignants. Après être passé plusieurs fois au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et avoir été discuté, clarifié, modifié et voté, le projet de décret n’a plus qu’à être envoyé au Parlement pour un ultime vote aux alentours de la Toussaint. Mais on peut déjà considérer que le texte est acté.
Qu’est-ce que cela va changer concrètement pour toi qui projettes de faire des études pour devenir instituteur ou professeur ? La première chose importante à savoir est que la durée du cursus sera allongée. Et ce, pour les enseignants de tous les degrés. Comme le principe de base est de supprimer les cloisonnements actuels entre les enseignants du maternel, du primaire, du secondaire inférieur et du secondaire supérieur, les futurs profs devront tous suivre les mêmes études. Soit un cursus d’au minimum 4 ans, et non plus 3, composé de 240 crédits étalés sur deux années de bac et deux années de master.
Haute école ET université
Car, oui, tous devront désormais passer par l’université ET la haute école, et plus exclusivement la haute école pour les instituteurs et professeurs du secondaire inférieur et l’université pour les professeurs du supérieur, pour être diplômés. Après ce « master en enseignement », tu auras la possibilité d’entamer un second master d’un an (60 crédits) facultatif de spécialisation centrée soit sur une discipline particulière, soit sur un approfondissement pédagogique, soit sur l’immersion linguistique.
Mais attention, ce cursus aura tout de même quelques spécificités en fonction du niveau d’enseignement et de la matière que tu comptes donner. Il y aura d’un côté une base commune pour tous les professeurs et instituteurs (formation didactique et pédagogique, recherche en éducation…) et de l’autre un programme multidisciplinaire pour les instituteurs, au contraire des professeurs du secondaire qui seront spécialisés dans une discipline (maths, français, sciences, etc.).
4 sections, 4 types d’enseignants
Du coup, les enseignants pourront travailler avec des enfants d’une échelle d’âge plus étendue. Le décret crée ainsi 4 types d’enseignants sur base de 4 sections : de la maternelle à la deuxième primaire (décloisonnant donc maternelle et primaire), de la troisième maternelle à la sixième primaire (voire jusqu’à la deuxième secondaire si l’enseignant a suivi une cinquième année de spécialisation dans une matière spécifique), de la cinquième primaire à la troisième secondaire (voire jusqu’à la quatrième en cas de spécialisation), et enfin de la troisième secondaire à la rhéto.
Les sections 1 et 2 seront formées à enseigner toutes les disciplines, la section 3 une famille de disciplines (par exemple français et langues anciennes, mathématiques et technologies, ou encore éducation physique et éducation à la santé), et la section 4 une seule discipline dans laquelle le futur enseignant acquerra des connaissances pointues. Pour cette dernière section, il faudra d’ailleurs suivre un master de 5 ans, et non 4 comme pour les autres, de 300 crédits (soit l’actuel master à finalité didactique soit l’actuelle agrégation post master qui passera de 30 à 60 crédits).
Et un meilleur salaire ?
La bonne nouvelle, c’est que comme ils seront formés plus longtemps, les futurs instituteurs et régents devraient être mieux payés, en tout cas sur papier. Pour ce faire, un barème salarial intermédiaire sera créé, mais les montants doivent encore être discutés et négociés avec les organisations syndicales.
La mise en application du décret se fera, quant à elle, à la rentrée académique de septembre 2020, tandis que les premiers enseignants diplômés du nouveau cursus débarqueront dans les écoles à la rentrée 2024. Tout se fera toutefois progressivement au fil des années, de manière à laisser aux établissements le temps de s’adapter et de mettre en oeuvre les choses pratiquement.
Pendant ce temps-là, le métier est toujours en pénurie, la Wallonie est en manque cruel de professeurs de math, de sciences et de langues notamment, de nombreux professeurs n’ont pas le titre requis pour pratiquer, et surtout les jeunes enseignants galèrent à s’insérer sur le marché de l’emploi. Fraîchement diplômés, la plupart doit enchaîner les remplacements, parfois dans plusieurs écoles éloignées l’une de l’autre, pendant plusieurs années avant d’avoir un emploi stable. À voir donc si cette réforme permettra de faciliter à l’avenir l’insertion professionnelle des enseignants.