La Belgique a finalement adopté son plan climat: mais en quoi consiste-t-il concrètement?

Après d’intenses négociations entre Régions et État fédéral, la Belgique a adopté hier le plan national énergie-climat (Pnec). Il doit nous permettre d’atteindre les objectifs fixés par l’Europe. Le but: réduire de 35% les gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 2005. Mais à peine adopté, ce plan pourrait ne déjà plus être suffisant.

En termes de climat, la Belgique marche sur des œufs. Pas qu’il faille encore convaincre les citoyens désormais majoritairement conscients de l’urgence climatique, mais parce que notre pays a fait figure de mauvais élève à la COP24 en refusant de faire partie des pays les plus ambitieux. Une COP24 qui a d’ailleurs accouché d’une souris: on s’est juste mis d’accord pour mettre en place les accords de Paris de manière pratique. Il ressort toutefois que ces objectifs fixés 2015 sont un strict minimum. Pour contenir les températures moyennes mondiales « bien en dessous » des 2°C, il faudrait réduire ses émissions de CO2 de près de 50% d’ici 2030, voire plus.

Or, dans son nouveau plan national climat-énergie (Pnec), adopté ce mercredi, la Belgique ambitionne de réduire ses émissions de 35% en 2030. Ce plan n’est toutefois pas directement lié à la COP24 de l’ONU. Il vise ici à atteindre les objectifs fixés dans le cadre européen. Ce plan doit d’ailleurs être présenté à la Commission européenne pour validation.

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La Flandre à la traîne, mais marché conclu

Mais ne faisons pas trop la fine bouche non plus. Ce plan résulte d’intenses négociations entre les trois Régions et l’État fédéral. Son accouchement a été rendu difficile et la Flandre est à nouveau pointée du doigt. C’est déjà le nord du pays qui avait freiné nos ambitions à la COP24, et elle ne veut pas entendre parler, pour l’heure, du relèvement de nos objectifs.

La question reste de savoir ce que contient concrètement ce plan national. La Flandre s’est engagée à diminuer ses émissions de 35% d’ici 2030, la Wallonie de 35,9% et Bruxelles de 32%. La Wallonie pourrait même pousser jusqu’à 37%, dit-on. De son côté, le fédéral s’engage à prendre des mesures pour faciliter les ambitions régionales. Comprendre: ne pas leur mettre des bâtons dans les roues.

Un deuxième objectif est de développer les énergies vertes de sorte que leur part dans la consommation énergétique finale passe de 8,65% en 2016 à 18,4% en 2030. L’Europe préconise plutôt 25%. Mais la Belgique pourrait monter jusqu’à 22% selon l’évolution de la situation. Pour ce qui est des agrocarburants, ils seront présents à hauteur de 14% dans le diesel et l’essence en 2030. « C’est beaucoup », juge un proche des négociations pour Le Soir, car au-delà, les biocarburants ont un impact négatif sur notre environnement. Notamment en termes de biodiversité et d’exploitation des champs.

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Pas suffisant

Comme énoncé plus haut, des voix s’élèvent en Europe pour relever les objectifs de réduction d’émissions. Car le rapport du Giec, alarmiste, expliquait notamment que les impacts seraient bien plus importants dans un monde qui connaîtrait une hausse des températures de 2°C au lieu de 1,5°C. Tout le monde est conscient ou presque qu’il faut faire plus.

C’est également la volonté de la Région wallonne, de Bruxelles et de l’État fédéral. Le Parlement a voté une résolution en ce sens, tout comme la Wallonie qui a adopté une résolution d’Ecolo à l’unanimité. Le ministre wallon de l’Énergie, Jean-Luc Crucke (MR), se félicitait d’ailleurs de cette unanimité, y voyant « une marque de fabrique » au sud du pays en termes de climat.

Dans le meilleur des mondes, l’objectif serait de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 et de 95% d’ici 2050. Il y a encore du boulot donc. D’autant que notre plan national énergie-climat doit encore être mis en place par des mesures concrètes. S’il est accepté par la Commission.

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