Inami: la FEF dénonce la « prise d’otages » de Maggie De Block et n’exclut pas des actions

La ministre de la Santé Maggie De Block (Open vld) a provoqué ce qu’on peut appeler « une énième crise » dans le dossier des numéros Unami. Elle veut les limiter, car il y a encore trop d’étudiants en médecine selon elle, en tout cas dans certaines branches. La FEF y voit une « énorme injustice ». Le ministre Marcourt (PS) tacle « le manque de respect » de Mme De Block vis-à-vis des francophones.

Invitée ce matin sur les antennes de La Première, Maggie De Block (Open vld) est arrivée avec une mauvaise nouvelle pour les étudiants en médecine. La ministre de la Santé veut durcir la délivrance des numéros Inami en fin de parcours. Car les étudiants sont encore trop nombreux, selon elle, du côté francophone.

Pourtant, à la sortie d’une longue crise, il avait été convenu avec la Fédération Wallonie-Bruxelles d’établir un examen d’entrée. Celui-ci devait permettre à un nombre limité d’étudiants de se lancer dans des études de médecine. Car au bout du compte, tous ne pouvaient avoir un numéro Inami, une sorte d’attestation indispensable pour exercer la profession. Elle est délivrée par le fédéral, soit tant pour les francophones que pour les néerlandophones, qui doivent se partager la part du gâteau.

Examen d’entrée: pas suffisant

Mais pour Maggie De Block, ce filtre n’est pas assez contraignant: « J’ai toujours dit qu’il n’était pas suffisant d’installer un filtre. Il faut que ce filtre soit efficace. Ici, on a laissé passer le double de médecins dont on a besoin. »

Car tout le nœud du problème est là. La ministre pense qu’il y a trop de médecins du côté francophone: « Les francophones ont trop de médecins, mais pas assez de généralistes. C’est une question de sous-quota. En Flandre, 40% des médecins ont été formés chaque année en généraliste, alors il y en a presque assez. Mais en Wallonie, par contre, on est à 23-27%. Ce n’est pas suffisant ».

Un constat hautement contesté par la classe politique francophone. Et très mal pris par le ministre de l’Enseignement supérieur francophone Jean-Claude Marcourt (PS) qui se dit « outré par la gestion de Maggie De Block » dans ce dossier. Il tacle « le manque de respect » de la ministre « et ses engagements non tenus ». Pour lui, il est plutôt question de pénurie de médecins du côté francophone.

Pénurie

Maxime Prévot, le nouveau président du cdH, donne un avis semblable: « Selon Maggie De Block, la Wallonie compte trop de médecins. On nage en pleine absurdie! Indécent pour ceux qui attendent un rendez-vous pendant plusieurs mois en pédiatrie, psychiatrie… Plus les difficultés bien connues des ruraux pour trouver un généraliste! 144 communes en Région wallonne en pénurie! »

Même indignation du côté de la Fédération des étudiants francophone. Par communiqué, elle dénonce « une nouvelle prise d’otage des étudiants et des soins de santé » alors que « 6 communes sur 10 en Wallonie et à Bruxelles se trouvent dans une situation de pénurie de médecins généralistes tandis que les spécialisations d’urgentiste, de pédiatrie, gériatrie et psychiatrie ne sont d’ailleurs pas en reste. »

Communautaire

La ministre cherche-t-elle réellement des poux aux francophones? Tant pour Marcourt (PS) que pour la FEF, il s’agit d’un « choix électoral », teinté « de communautaire« . Il est vrai qu’entre 2013-2014 et 2017-2018, on est passé de 3285 inscriptions à 572 du côté francophone. Cela ne semble donc pas suffisant pour la ministre.

Mais là où Maggie De Block a raison, c’est que beaucoup d’entre eux n’optent pas pour le cursus de médecin généraliste, là où la pénurie se fait le plus ressentir. C’est pourquoi elle souhaite, tout comme le MR qui est en coalition au gouvernement fédéral, l’instauration de certains « sous-quotas » qui correspondent au besoin du terrain. Notons que cinq minutes plus tôt, les libéraux francophones avaient envoyé un communiqué souhaitant supprimer progressivement les quotas Inami.

Autre bizarrerie du système, de nombreux numéros Inami sont attribués à des médecins diplômés à l’étranger.

Qui croire? Il faudra de toute façon davantage d’explications de la part de la ministre. Sans quoi la FEF promet « des actions ». De son côté, le chef de groupe PS à la Chambre Ahmed Laaouej invite Mme De Block à « renoncer à ce ton belliqueux insupportable et à ne pas se laisser contaminer par le syndrome anti-francophones de la N-VA ».

En attendant, la ministre ne délivrera plus de numéros Inami tant qu’un filtre efficace ne sera mis en place. Ambiance.

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