Gagner sa vie en devenant joueur professionnel sur un jeu vidéo, c’est possible: l’eSport rapporte gros, même pour les Belges

Jouer aux jeux vidéo peut rattraper gros. L’eSport est en effet une discipline en vogue dans le monde entier et pourrait même devenir un sport olympique dans le futur. Si notre pays semble un peu à la bourre dans ce secteur, certains Belges ont tenté leur chance et brillent sur la scène eSport. Un exemple à suivre?

Quand on parle d’eSport, on ne pense pas directement à la Belgique. Le « sport électronique » n’est pas autant développé par chez nous qu’en Asie, aux États-Unis, ou même dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la France. Et pourtant, cette discipline est loin d’être underground comme il y a quelques années. Il est ici question d’un vrai sport, qui remplit des stades, brasse des millions d’euros, est suivi par des millions de personnes et pourrait même être intégré aux Jeux Olympiques dans quelques années (il le sera en tout cas aux Jeux Asiatiques en 2022).

Mais on ne va pas se le cacher: la Belgique est loin d’être une référence sur la scène eSport. Il n’y a pas d’équipe professionnelle, pas de Gaming House où les joueurs peuvent s’entraîner et progresser. Ce n’est pas en Belgique qu’un tournoi va attirer des milliers de joueurs du monde entier, avec à la clé plein de cash pour les vainqueurs. Il suffit de jeter un coup d’œil au classement des joueurs ayant gagné le plus de tunes grâce à ce sport. La Chine et les States squattent les premières places, quand la Belgique n’est que la 41e nation quand on additionne les gains de ses joueurs, avec environ 746.000 dollars (environ 652.000 euros), coincée entre la Turquie et Macao. Triste.

Des stars belges

Alors bien sûr, la Belgique a ses stars dans le monde de l’eSport. Il y a par exemple Adil Benrlitom, aka ScreaM. qui fait partie de la team américaine EnVyUs. Comme un sportif lambda, il est payé pour s’entraîner, jouer (au jeu Counter-Strike: Global Offensive) et parcourir le monde pour disputer des compétitions. Et il peut gonfler son « salaire » selon ses performances lors des tournois. Selon le site easportsearning, il aurait déjà remporté plus de 188.000 dollars (environ 164.000 euros) durant sa « carrière » alors qu’il n’a que… 22 ans. On parle ici d’un mec qui a été pendant un temps le « transfert » le plus cher de l’histoire entre deux teams de Counter-Strike: il avait « coûté » 150.000 euros environ à l’équipe Titan en 2015. Un transfert dans l’eSport, comme dans le « vrai » football, cela prouve l’importance de ce sport… On aurait bien aimé poser quelques questions sur son parcours à Adil, mais ni lui, ni sa team n’ont daigné répondre à nos sollicitations… Dommage.

On aurait bien aimé aussi parler à Mitch « Krepo » Voorspoels, un autre Belge qui a fait son trou dans la scène esport. Ancien joueur à succès (environ 55.000 euros de gains entre 2011 et 2013) sur le jeu League of Legends, il s’est ensuite reconverti comme commentateur (aka « casteur »°… de matches esport. Il était tellement doué que Riot, éditeur du jeu League of Legends, a décidé de lui offrir un job pour qu’il devienne commentateur officiel sur de grands tournois. La classe ultime, sauf qu’un scandale a eu raison de lui: des captures d’écran de conversations osées avec une mineure ont fuité sur Internet. Et Mitch, qui n’a jamais répondu à nos demandes d’interview non plus, a décidé de dire stop et de s’éloigner de la scène esport pour une durée indéterminée…

Le streaming, ça rapporte

Mais il n’y a pas que des stars dans l’eSport. Il y a aussi des mecs (et des filles, car ce n’est pas une discipline entièrement masculine) qui galèrent tous les jours pour avoir assez d’argent à la fin du mois.

Un autre bon moyen de gagner de l’argent grâce à l’eSport, c’est le streaming. De plus en plus de joueurs se filment en live en train jouer aux jeux dans lesquels ils excellent (ou non). Ils sont payés pour cela, grâce aux publicités, notamment. Des milliers de personnes les regardent, interagissement entre eux, avec eux, pour les encourager ou leur demander des conseils. Les « streamers » peuvent aussi parfois recevoir des dons, grâce à des plate-formes comme Twich.

Le Belge Mickaël Looze, aka Maverick, est un streamer réputé sur le jeu Hearthstone. « Le stream rapporte un peu plus que les tournois pour mon cas personnel, et c’est surtout un revenu plus stable. Il peut arriver d’avoir des périodes creuses en compétition et donne forcément toucher moins de cashprize », nous explique-t-il. Il est ainsi en CDI avec l’équipe ArmaTeam en tant que « streamer » et il « représente également la structure et ses sponsors lors des compétitions ». S’il a gagné près de 15.000 euros de gains durant sa carrière (toujours selon Esportsearnings), le streaming lui apporte la majorité de ses revenus. Et il l’avoue: « Je gagne assez bien ma vie pour avoir pu déménager et vivre à Paris ».

Quid en Belgique?

Tous ces exemples le prouvent: des Belges ont quand même réussi à se faire une place sur la scène eSport. Même s’il manque encore quelques petits détails pour que cette discipline explose par chez nous.

« Je dirais que l’on manque de visibilité et qu’un gros évènements en Belgique permettrait justement de faire connaitre la scène eSport », nous explique David Prins, joueur professionnel sur Counter Strike. Lui aussi fait partie des rares Belges à pouvoir vivre de ce sport, mais pour cela il doit « performer » des tournois sur son jeu, car il n’a plus d’équipe qui le paye: « J’ai la chance de me bagarrer tous les mois afin d’essayer de me hisser dans le haut du classement européen et ainsi gagner de très sympathiques sommes d’argent. »

Il nous donne quelques conseils si toi aussi tu espères un jour devenir joueur professionnel eSport: « Je pense qu’il faut travailler quotidiennement et savoir se remettre en question. Je n’ai moi même d’ailleurs pas toujours fait les bons choix mais si vraiment on veut comprendre le jeu et aller de plus en plus haut dans celui-ci, il n’y a pas de secret: le travail, la rigueur et l’envie ». Même son de cloche pour Mickaël Looze, pour qui il faut garder à l’esprit que cette profession reste incertaine: « Les conseils que je pourrais donner, c’est de commencer en tant que semi-pro en gardant un plan B au cas où l’eSport ne s’ouvre pas à vous, et donner le maximum lors de vos sessions de jeu et des quelques compétitions auxquelles vous aurez l’occasion de participer ».

Et qui sait, peut-être que ce sera toi la prochaine star de l’eSport belge? Dernièrement, le Standard de Liège a fait fort en embauchant Julian Albiar Fernandez un joueur sur FIFA, la référence en matière de jeu de football, afin de représenter le club dans les tournois du monde entier. Anderlecht devrait bientôt l’imiter. Tout doucement mais sûrement, l’eSport rattrape son retard en Belgique!
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