Facebook va-t-il vraiment censurer les mots à caractère sexuel?

Facebook a-t-il viré complètement pudique et puritain? Dans ses nouvelles règles, l’usage de mots à caractère sexuels est maintenant interdit. Cette décision est vue par beaucoup comme une censure qui pourrait se répercuter sur des contenus « légitimes ».

Après Tumblr qui veut retirer tous les posts pornographiques de son site, c’est au tour de Facebook de faire le ménage sur les questions pudiques. En octobre, la plateforme sociale a ajouté en douce quelques paragraphes dans les standards de la communauté, une sorte de bible des bons usages à respecter sur le réseau. Cette mise à jour a été repérée récemment par les internautes et a suscitée les craintes d’une véritable censure sur les mots cochons.

Quoi, on ne pourra plus dire « on baise ce soir? », « coucou, tu veux voir ma bite? », « fuck », « putain », « salope » et d’autres insanités que nous nous complaisons à utiliser chaque jour à différents degrés? Hé bien, oui. C’est un peu ce qu’il ressort des nouvelles règles de Facebook, même si la façon dont le réseau compte censurer ce vocable reste encore assez nébuleuse.

Contre les « sollicitations sexuelles »

Pour comprendre de quoi il retourne, il faut se pencher sur le passage qui concerne les contenus répréhensibles, plus précisément le point 15 sur les sollicitations sexuelles. Ce point décrit l’intention du réseau de lutter contre les discussions qui pourrait virer sur le sexe sous ses différentes formes.

« Nous établissons une limite lorsque le contenu facilite, encourage ou coordonne les rencontres sexuelles entre adultes », peut-on lire dans les standards. « Nous limitons également le langage sexuellement explicite qui peut mener à la sollicitation. »

L’objectif de Facebook semble à première vue de lutter contre le harcèlement en ligne et d’éviter la promotion d’activités grivoises sur sa plateforme. « Ne publiez pas de tentatives de recrutement pour des activités sexuelles adultes telles que des activités sexuelles filmées, des activités pornographiques, des danses érotiques ou des massages », indiquent les standards. Ce qui, dans une certaine mesure, est compréhensible.

Que peut-on dire?

Mais ça se gâte lorsqu’il est question de mots moins explicites. Facebook demande de ne pas publier de déclarations suggestives vagues telles que « à la recherche d’un bon moment ce soir », ni d’argot sexuel ou encore de formules mentionnant des rôles sexuels, des positions ou des scénarios fétichistes.

Est interdit: « L’utilisation d’indices sexuels tels que la mention des rôles sexuels, des positions sexuelles, des scénarios fétichistes, la préférence sexuelle/préférence du partenaire sexuel, l’état d’excitation, l’acte sexuel ou l’activité sexuelle (pénétration sexuelle ou plaisir de soi), les zones du corps couramment érogènes comme les seins, l’entrejambe, les fesses, l’état de l’hygiène génitale ou des fesses. »

Les contenus (art dessiné à la main, numérique ou réel) qui peuvent représenter une activité sexuelle explicite avec une ou des personnes posées de façon suggestive seront également « limités », comme dit le réseau.

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Pas de suppression directe

À la différence des contenus violents ou mettant en exergue des scènes de souffrance, les mots à caractère sexuel ne seront pas automatiquement supprimés du réseau social. Facebook demande de ne pas les publier et indique que ces publications seront « limitées », une description plutôt vague qui semble signifier que la visibilité de ces posts sera réduite. Ces statuts pourraient toutefois être supprimés s’ils sont trop explicites ou si, comme auparavant, ils ont été signalés par un utilisateur choqué.

Interrogée par PC Mag, la société n’a pas donné plus de précisions sur cette nouvelle politique, dont le spectre de censure semble encore assez large. Elle a simplement spécifié vouloir distinguer les mots relevant de l’exploitation et ceux relevant de la sollicitation. Une explication qui n’a pas convaincu grand monde. Sur Twitter, de nombreux utilisateurs et utilisatrices ont crié à la censure.

« Ce qui se passe actuellement dans notre société ne consiste pas en réalité à mettre un terme au trafic sexuel. Il s’agit de la droite chrétienne qui tente de prendre le contrôle de notre société et de renverser un demi-siècle de libération sexuelle », a par exemple tweeté Uncanney Valley Girl. Un message qui a été repartagé des centaines de fois et qui cristallise les craintes que de nombreux usagers ressentent vis-à-vis du futur de la plateforme.

Facebook deviendra-t-il un réseau où l’on n’observera que des échanges polis et pudiques? Ce serait carrément chiant.

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