Facebook, une dictature? Les actionnaires s’allient pour réduire l’emprise de Mark Zuckerberg sur le réseau social

Ce jeudi soir, Mark Zuckerberg n’a pas forcément passé une bonne soirée. À l’occasion d’une assemblée générale regroupant les actionnaires de Facebook, le patron du géant du web a vivement été critiqué. On l’accuse d’avoir bien trop de pouvoir et de diriger l’entreprise comme une dictature. Mais jusqu’où tout cela peut aller? 

« Fire Mark Zuckerbeg » (virez Mark Zuckerberg), on peut difficilement faire plus explicite pour un slogan. Celui-ci était projeté en grand sur la façade de l’hôtel Nia à Menlo Park (Californie), où était organisée la grande assemblée générale des actionnaires du géant du web.

Il s’agit d’une protestation symbolique mais représentative de l’état d’esprit de plusieurs investisseurs et associations: Mark Zuckerberg a bien trop de pouvoir chez Facebook. Il faut dire qu’il est à la fois PDG, président du conseil d’administration mais en plus, il contrôle 58 % des droits de vote en tant qu’actionnaire. Et tout cela, selon certains, cela s’assimile à de la dictature.

Affaiblir Zuckerberg

Alors, l’un des objectifs de cette fameuse assemblée générale était de limiter ou en tout cas de réduire l’emprise qu’a Zuckerberg sur le groupe Facebook. Quatre résolutions apportées par les actionnaires ont donc été proposées pour réduire le pouvoir du CEO et d’instaurer des contre-pouvoirs dans sa gouvernance. Elles ont toutes été rejetées pour la simple et bonne raison que Mark Zuckerberg a voté contre.

L’une d’elles consistait à retirer la fonction de président du conseil d’administration à Mark Zuckerberg pour nommer à sa place un administrateur indépendant. « Le risque est de concentrer trop de pouvoir dans les mains d’une seule personne », a expliqué lors de l’assemblée générale le porte-parole de cette résolution. Il a également demandé de prendre exemple sur d’autres grandes entreprises qui ont déjà établi une telle séparation des fonctions. C’est par exemple le cas chez Alphabet, la maison mère de Google.

Parmi les autres propositions, on peut également citer celle visant à changer le mode de scrutin pour l’élection des membres du conseil d’administration. Il y a aussi celle qui vise à annuler le mécanisme voté en 2009 permettant à certaines actions des droits de vote plus importants. Ce mécanisme permet en effet à Mark Zuckerberg de conserver une large majorité à l’assemblée générale, tout en étant un actionnaire minoritaire.

« Gouvernance satisfaisante »

En réponse à toutes ces critiques, les dirigeants de Facebook ont tenu à défendre Mark Zuckerberg et la gouvernance de l’entreprise. Voici l’un de leurs arguments: « M. Zuckerberg se préoccupe de notre succès à long terme (…). Par exemple, nos récents efforts pour améliorer la sécurité de notre communauté ont nécessité des investissements importants, ce qui a eu des effets sur notre rentabilité. Ce niveau d’investissement n’aurait peut-être pas été possible si notre conseil d’administration et notre PDG étaient concentrés sur les résultats à court terme. »

Ils rappellent d’ailleurs qu’une « administratrice référente », Susan Desmond-Hellmann, a été nommée pour exercer une sorte de contre-pouvoir, mais celui-ci serait bien trop faible selon les investisseurs. D’ailleurs, elle a été interpellée ce jeudi soir par l’un des actionnaires pour organiser une réunion du conseil sans Mark Zuckerberg afin « d’étudier l’élection d’un remplaçant ». À cette demande, Desmond-Hellmann a répondu que la gouvernance de Facebook était « satisfaisante ».

Démantèlement de Facebook

Tu l’as compris, ce n’est pas vraiment la joie en interne du côté de Facebook. Au final, ce n’est que le résultat des déboires qu’a connu le réseau social depuis quelques années: scandale de Cambridge Analytica, interférences russes dans la campagne présidentielle américaine de 2016, propagation de fausses nouvelles, ou rôle des discours de haine dans les heurts en Birmanie. La liste est longue et peu reluisante.

Alors, on relance l’idée d’un démantèlement de Facebook notamment via le cofondateur Chris Hughes auteur d’une tribune à ce sujet. D’ailleurs, pendant l’assemblée générale, un avion a survolé l’hôtel avec une bannière appelant à « casser Facebook ». Aussi, une résolution visant à se séparer d’Instagram et WhatsApp a également été proposée par les actionnaires. « C’est un impératif économique et aussi moral », a argumenté la porte-parole du texte, soutenu par l’association de défense des consommateurs SumOfUS, qui a déployé à l’extérieur de l’assemblée générale un emoji gonflable en colère.

De leur côté, des associations et médias conservateurs ont fait un appel sur les réseaux pour organiser un rassemblement juste devant l’hôtel où se déroulait l’assemblée générale. Un rassemblement visant à protester contre la « censure » des partisans de Donald Trump et des voix de droite sur le réseau social. Bref, on peut résumer tout ce foutoir en une phrase: c’est la bonne ambiance. Mark Zuckerberg va avoir de plus en plus de mal à garder sa place tout en haut de la hiérarchie.

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