Les poussins mâles ne pouvant pas pondre d’oeuf, ils sont considérés par l’industrie comme inutile. Dès leur plus jeune âge, ils connaissent un destin tragique: la broyeuse. La Suisse a voté pour l’interdiction de cette mise à mort automatique.
C’est encore une autre face cachée et peu reluisante de l’industrie alimentaire: le sort de milliers poussins considérés comme inutiles à cause de leur sexe. Les poussins mâles, puisqu’ils ne donnent pas d’oeuf, ne sont d’aucune utilité. Ils finissent en charpie.
À l’échelle mondiale, cette sélection se compte en millions. « Sur 90 millions d’œufs qui voient le jour dans les couvoirs chaque année, 50 millions sont détruits », écrivait le journal Le Monde en 2016.
En Suisse, une commission du Conseil national a décidé de déposer une motion pour interdire cette pratique, motion qui a été adoptée à 13 voix contre 7. Le Conseil fédéral est également favorable à cette interdiction. Reste plus qu’à convaincre le Conseil des États, selon journal Le Matin.
« Pattes coupées mais encore vivants »
« L’ordonnance sur la protection des animaux permet l’homogénéisation des poussins ou autrement dit le broyage des poussins vivants. Si la vitesse des couteaux est mal réglée, il n’est pas rare de voir des poussins juste avec les pattes coupées mais encore vivants. Rappelons que dans son article 1, la loi sur la protection des animaux dit: « La présente loi vise à protéger la dignité et le bien-être de l’animal ». On peut raisonnablement penser que le fait de broyer un animal vivant ne respecte pas ce premier article », indique la motion déposée au Conseil fédéral.
« D’autre part, d’un point de vue éthique, on peut se demander si l’action de tuer un poussin pour la seule raison que c’est un mâle issu d’une lignée de poules pondeuses est acceptable. Cette tendance à ne faire des races que pour les oeufs ou que pour la viande transforme l’animal en simple objet de production et aboutit à des absurdités telles que le broyage de poussins mâles vivants, action indigne de l’intelligence de l’être humain », continue la proposition de loi.
Alternatives
Comme alternative, certains proposent la détermination du sexe dans l’oeuf. Les couvoirs seraient alors équipés de scanners permettant de savoir, sans mettre en danger l’embryon, si celui-ci sera destiné à l’élevage ou à la consommation directe.
Les premiers à dénoncer la pratique de l’homogénéisation des poussins ont été les militants de l’association de défense des animaux L214. En novembre 2014, ils ont réussi à filmer en caméra cachée la réalité de cette pratique. La vidéo avait choqué l’opinion publique, poussant le monde agro-industriel à réfléchir à des alternatives.
En Belgique, de grandes avancées ont été accomplies ces dernières années en faveur du bien-être animal, que ce soit en Flandre ou en Wallonie. Mais la question du sort des poussins mâles n’a pas encore été soulevée.