Des milliards et 3.000 emplois de perdus, le Canada fait ce que nous n’osons pas faire: ne plus vendre d’armes aux Saoudiens

Le Canada veut mettre un terme au contrat sur les armes passé avec l’Arabie saoudite, a annoncé à la télévision le Premier ministre canadien Justin Trudeau. En conséquence, le pays va perdre plusieurs milliards de dollars et 3.000 emplois sont menacés. De plus en plus de pays cessent de livrer des armes à l’Arabie saoudite, à cause de la guerre au Yémen et de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. La France, l’Espagne, la Belgique et le Royaume-Uni ont indiqué qu’ils continuaient à fournir des armes.

Le mois dernier, Trudeau a déclaré que le Canada pourrait geler ses licences d’exportation si les armes vendues étaient utilisées à mauvais escient. Hier, il est allé plus loin. Le Premier ministre canadien Trudeau cherche un moyen de mettre un terme à un important accord sur les armes passé avec l’Arabie saoudite. C’est ce qu’il a déclaré lors d’une interview accordée à la chaîne CTV.

Le marché représente plus de 11 milliards d’euros. Auparavant, Trudeau avait déjà révélé que supprimer ce contrat aurait des conséquences majeures. Le Canada fabrique des véhicules blindés, et si l’accord est annulé, 3.000 emplois pourraient disparaître. Le pays pourrait se voir obliger de payer des amendes élevées suite à cette une rupture de contrat.

Lourd héritage

Si cet accord avec l’Arabie saoudite est autant critiqué sur le plan politique, c’est à cause du rôle des Saoudiens dans le meurtre du journaliste Kashoggi et dans la guerre au Yémen. Trudeau dit que cet accord sur les armes date encore de son prédécesseur, l’ancien premier ministre Harper. Ce dernier est membre du Parti conservateur alors que Trudeau est un libéral.

« Nous examinons les licences d’exportation pour essayer de voir s’il existe un moyen de ne plus exporter de véhicules blindés vers l’Arabie saoudite », a-t-il lâché, dans l’interview, sans en dire beaucoup plus.

Cet accord portant sur plusieurs milliards de dollars pourrait être annulé, avait annoncé Trudeau le mois passé. Un accord que la moitié des Canadiens est prête à abandonner, selon un récent sondage. « Tant qu’il n’y aura pas de réponses, nous allons continuer de chercher des moyens de mettre de la pression concertée sur ce pays pour s’assurer qu’ils comprennent l’importance de respecter les droits de la personne et la liberté de la presse », avait déclaré Trudeau.

L’Allemagne a annoncé il y a un mois que, « au vu de la situation actuelle », aucune nouvelle livraison d’armes ne pourrait être effectuée vers Arabie Saoudite. La Norvège a déjà suivi cet exemple et le Danemark l’a rejoint. Auparavant, le Parlement européen avait déjà appelé à un embargo européen sur les armes dans une résolution.

Belgique

La France, l’Espagne, la Belgique et le Royaume-Uni ont indiqué qu’ils continuaient à fournir des armes à l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, la Belgique est le sixième exportateur d’armes en Arabie saoudite. En 2017, les entreprises d’armement belges ont, uniquement grâce à la guerre au Yémen, gagné 152 millions d’euros. Depuis le début du conflit, la Belgique a vendu pour 762,1 millions d’euros d’armes à l’Arabie saoudite.

L’Arabie saoudite était donc le plus gros acheteur d’armes wallonnes en 2017. FN Herstal appartient à 100% au gouvernement wallon et emploie 7.960 personnes. À la fin de l’année dernière, le gouvernement wallon avait donné son feu vert à vingt-cinq nouvelles licences d’exportation, pour un total de 1,8 milliard d’euros de livraisons d’armes.

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