Contre Poutine et Borat, le Kazakhstan veut lancer son propre Game of Thrones

Les Kazakhs en ont marre des moqueries d’Hollywood, de Borat et des railleries de Poutine. Pour redonner un peu de gloire au sentiment national, ils lancent leur propre série qui retrace la création de la nation kazakhe.

Des chevaux qui galopent dans d’immenses plaines herbeuses, des combats au sabre et des regards perçant l’horizon, voilà ce qui ressort du trailer de Kazakh Khanate, la nouvelle série kazakhe qui promet d’être pour le moins épique. En dix épisodes, cette série a l’intention de faire naître une nouvelle passion chez ses spectateurs : la passion du Kazakhstan. Pour y parvenir, elle replonge dans le passé, en 1465, après que la Horde d’or a été démantelée. La Horde d’or était un empire turco-mongol gouverné par l’un des petits-fils de Gengis Khan. C’est lorsque le peuple tatar a réussi à se libérer de cette domination qu’est né le Khanat de Kazan. Et c’est aussi là que commence l’histoire de notre série qui sera sans aucun doute savoureuse.

De gros moyens pour un gros pied de nez

La série a l’intention de raviver la fierté des Kazakhs, fierté qui a été quelque peu mise à mal avec des films comme Borat. Pour cela, les producteurs ont engagé le réalisateur, plusieurs fois primé, Rustem Abdrashev. On lui doit notamment un film sur la chute du programme nucléaire soviétique et un autre sur les problèmes de la mer d’Aral. Cette fois-ci, son travail consistera à réécrire une histoire jusqu’ici racontée sous l’angle des colons, c’est-à-dire sous l’angle soviétique.

Kazakh Khanate va donc raconter l’histoire de deux chefs, Zhanibek et Key, qui s’affranchissent du royaume ouzbek pour créer un État dans les steppes du sud du Kazakhstan. La série sera tournée dans la ville d’Astana. Cette ville a longtemps utilisé le cinéma « pour dépeindre et créer certains symboles de la nation et de l’histoire qui sont censés influencer la façon dont les gens se perçoivent en tant que kazakhs », explique Rico Isaacs, un expert sur le Kazakhstan de l’université d’Oxford Brookes. De plus, Astana a été le théâtre de grandes célébrations en l’honneur de l’histoire du pays. Ces manifestations culturelles ont bien servi le président kazakh, au pouvoir depuis l’indépendance.

Un projet soutenu par le président lui-même

Depuis quelques temps, le président Nazarbayev s’échine à faire revivre la ferveur nationale. Après avoir célébré, en grande pompe, les 550 ans du khanat (royaume mongol), il s’investit à présent dans cette série. Nursultan Nazarbayev, au pouvoir depuis 25 ans, est ainsi crédité dans Kazakh Khanate pour son « inspiration idéologique », explique la journaliste Joana Lillis. Cette ferveur nationale a été ravivée lorsque le président russe Vladimir Poutine a déclaré que le Kazakhstan n’était vieux que d’une vingtaine d’années.

En effet, de 1920 à 1991, le Kazakhstan était sous la domination de l’Union soviétique. Comme le précise le réalisateur Abdrashev, « depuis 70 ans, [les Kazakhs ont] vécu avec une connaissance déformée de [leur] propre histoire, et maintenant, nous essayons de nous rattraper. » Pour montrer au président russe que le Kazakhstan est beaucoup plus qu’un ancien territoire de l’empire soviétique, les Kazakhs déploient les gros moyens. « Vous vous souvenez de la fois où Poutine a déclaré que le Kazakhstan était un pays sans histoire? En fait, il nous a stimulé », a déclaré le producteur de la série Arman Arsenov.

Découvrez le trailer:

Sources : The Guardian

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