Charles Michel se défend de comparer le PS et la N-VA au parti nazi: « Il faut être de grande mauvaise foi »

Charles Michel a indiqué qu’une alliance entre le PS et la N-VA serait un « cocktail national-socialiste » pire que le Brexit. Une expression qui a indigné une grande partie de la classe politique et sur laquelle le Premier ministre est revenu: il ne s’agirait que de « national-socialisme », pas de mouvance nazi. Ceux qui l’ont interprété ainsi sont de « mauvaise foi ».

Le Premier ministre sortant Charles Michel pense donc qu’il existe une alliance secrète entre le Parti socialiste et la Nieuwe Vlaams-Alliantie. Dimanche matin, lors de la présentation du programme électoral du MR à Louvain-la-Neuve, le président du Mouvement Réformateur a osé une comparaison sur ceux que l’on nomme parfois les meilleurs ennemis: le PS et la N-VA.

« Nous refusons les pièges de l’aventure institutionnelle. Nous ne voulons ni du séparatisme qui divise et qui déchire ni de l’ultrasocialisme qui appauvrit », a déclamé Charles Michel, évoquant le danger d’une alliance entre le parti d’Elio Di Rupo et celui de Bart De Wever. Le président du MR imagine déjà les deux formations travailler de concert lors des prochaines élections. « Ce cocktail national-socialiste, et la division et l’appauvrissement, c’est le Brexit en pire ».

Réactions des politiciens

Cette comparaison au mouvement nazi – mouvement qui est né dans les années 20 et a fait monter Adolf Hitler à la tête de l’Allemagne avec toutes les conséquences désastreuses que l’on connaît – a provoqué une vague de réactions indignées dans la classe politique belge.

« Je suis en colère! », a déclaré Elio Di Rupo dans un communiqué. « Je n’aurais jamais imaginé devoir en arriver là. Mais aujourd’hui il semble plus que nécessaire de rappeler au Premier ministre ce qu’est le régime national socialiste. Le régime national socialiste allemand est responsable de la mort de millions de personnes. Plus de 7 millions de personnes sont décédées pendant l’Holocauste : 5 millions de Juifs, des Tziganes, des personnes porteuses de handicaps, des communistes ou encore des homosexuels. Le régime national-socialiste auquel le Premier ministre fait allusion a conduit à la Seconde Guerre mondiale, conflit connu comme le plus meurtrier de l’Histoire humaine avec plus de 60 millions de morts », a-t-il rappelé.

« Quand on est à court d’argument, il reste toujours l’injure », a tweeté le bourgmestre de Charleroi et tête de liste PS à l’Europe Paul Magnette.

MR

« Je ne peux accepter les propos de Charles Michel sur notre parti. Décevant après notre bonne collaboration de 4,5 ans », s’est scandalisé l’ex-ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA).

Même l’ancien membre du MR Alain Desthexe a paru choqué par les propos de Michel:La co-présidente d’Ecolo Zakia Khattabi a parlé de honte et d’indignité. Ahmed Laaouej, chef de file des socialistes au Parlement a dénoncé des propos « honteux et insultants ».

« Grande mauvaise foi »

Après la vague d’indignation qu’a provoquée son discours, le Premier ministre a publié un tweet pour le moins énigmatique. Ce dernier semble vouloir dire qu’il n’est pas question de comparaison avec le parti nazi mais quand même un peu. « Il s’agit bien de ‘nationalistes-socialistes' » [et non de national-socialistes], écrit-il, ajoutant qu’il ne fait que mettre côte à côte deux idéologies politiques. « L’histoire récente a démontré que lorsqu’ils s’associent, cela mène à l’instabilité. »

Sans à proprement parler de lapsus ni remettre en question le fait de travestir une expression lourde de sens, Charles Michel conclut en rejetant la faute sur ceux qui auraient mal interprété son discours. « Il faut être sacrément à court d’arguments et de grande mauvaise foi pour y voir autre chose » que l’alliance des nationalistes flamands et des socialistes francophones.

Bref, on retiendra surtout que le Premier ministre sortant est convaincu qu’une alliance PS-NV-A se profile pour le 26 mai, chose qui, jusqu’à preuve du contraire, ne semblait pas être au programme.
Plus
Lire plus...