C’est le grand jour des élections en Catalogne, mais les indépendantistes risquent de perdre quelques plumes

Comme prévu par Madrid en octobre, les Catalans se rendent aux urnes ce jeudi. Des élections toutes particulières, près de trois mois après le référendum d’auto-détermination de la région et alors que l’ex-leader de la Catalogne et quatre de ses anciens ministres sont toujours retranchés en Belgique. D’après les derniers sondages, les indépendantistes risquent de sortir vainqueurs, mais il n’est pas sûr qu’ils conserveront leur majorité absolue au parlement. Tous les scénarios sont possibles.

C’est une journée décisive qui s’annonce en Espagne. Près de trois mois après le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, auquel 90 % des électeurs avaient voté pour le « oui », les Catalans retournent aux urnes ce jeudi. Comme prévu par Madrid, après avoir suspendu l’autonomie, puis mis sous tutelle la région et dissout son parlement.

Ces élections auront donc une saveur toute particulière, puisque elles s’apparenteront à un second référendum pour ou contre l’indépendance. Les Catalans devant choisir s’ils veulent encore des dirigeants sécessionnistes à la tête de leur région. Les dernières élections remontent à 2015, où les indépendantistes avaient pour la première fois raflé une majorité des sièges au parlement, en obtenant 47,8 % des suffrages (pour 77,4 % de taux de participation).

Grosse participation en vue

Aujourd’hui, une participation très élevée est de nouveau attendue. Selon un dernier sondage mené par le Centre de recherches sociologiques (CIS) et relayé par El País, 84,6 % des plus de 5 millions d’électeurs sont certains d’aller voter dans les quatre provinces catalanes. Ce qui pourrait certainement aider les partis pour l’unité de l’Espagne.

En tout, sept listes se présentent et 135 sièges sont à pourvoir au parlement, selon un mode de scrutin proportionnel. Mais les résultats s’annoncent serrés. « Tout pourrait se jouer à 1 ou 2 % près », prévoit Montserrat Domínguez, directrice éditoriale de la version espagnole du HuffPost. Car le parlement actuel est « coupé en deux », entre les pro- et les anti-indépendance.

Majorité absolue pour les indépendantistes? Peut-être pas

Si le même sondage du CIS donne le camp indépendantiste (qui comprend la liste de centre droit de Carles Puigdemont Junts per Catalunya et la gauche républicaine de Catalogne ERC de l’ex-vice-président catalan Oriol Junqueras) vainqueur, il risque toutefois de perdre sa majorité absolue. Ainsi, aux dernières nouvelles, les partis recueilleraient ensemble 44,4 % des voix et 66 à 67 sièges sur 135. Alors que la majorité absolue requière 68 sièges et qu’ils en avaient pris 72 en 2015. Le souci, c’est que les indépendantistes ne se présentent plus en front uni, contrairement à 2015. Ils font campagne séparément et ont opté pour un programme bien plus light, ne prévoyant même plus de date pour l’indépendance de la Catalogne.

De leur côté, les trois partis opposés à l’indépendance – Ciudadanos (libéral), le Parti socialiste catalan et Parti populaire du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy – rassembleraient 44,3 % des votes, soit 59 à 60 sièges. Pas de majorité absolue en vue pour eux, mais un score élevé qui mettrait les indépendantistes dans une position inconfortable.

Une liste qui fera pencher la balance?

En outre, il y a encore la liste Catalunya en comun-Podem, une alliance de la maire de Barcelone (Ada Colau) et du parti de gauche radicale Podemos. Opposée à l’indépendance, cette formation réclame toutefois un nouveau référendum, que Madrid juge anticonstitutionnel. Dans le sondage du CIS, elle est créditée de 9 sièges et pourrait donc clairement faire pencher la balance.

Mais si aucun gouvernement n’est formé en février, de nouvelles élections seront automatiquement convoquées en avril, précise encore le HuffPost espagnol.

Sans surprise, le président catalan déchu, Carles Puigdemont, et ses quatre anciens ministres, toujours retranchés à Bruxelles, ne se rendront pas aux urnes sur place. Même si le mandat d’arrêt européen à leur encontre a été retiré début décembre par Madrid, le mandat d’arrêt espagnol est, lui, toujours d’application. S’ils remettent un pied en Espagne, ils risquent jusqu’à 30 ans de prison pour malversations, désobéissance, rébellion, détournement de fonds publics, corruption et sédition.

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