Que tu suives ou non l’actualité politique, tu ne peux pas l’avoir loupé, le Parti Socialiste n’est plus au top de sa forme. Les affaires récurrentes, la basculement dans l’opposition au gouvernement wallon… L’ancien premier parti de Belgique a du plomb dans l’aile. Et pour Jean-Pascal Labille, il faut du renouveau dans le parti, et ça ne peut se faire que si Elio Di Rupo quitte la présidence du parti. Il s’est confié à nos collègues du Soir. Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB, lui a emboîté le pas.
Il y a quelques semaines, le PS organisait son grand Congrès, l’aboutissement du grand chantier des idées sur lequel le parti a planché pendant deux ans. L’occasion pour le parti traditionnel de parler de renouveau, de redynamisation, etc. Et quand on parle de renouveau, on ne peut s’empêcher de penser aux hommes politiques dont les visages ne changent pas beaucoup au PS. Et pour certains, il faut du changement, du vrai. Pour Jean-Pascal Labille (PS), secrétaire général des mutualités socialistes (Solidaris), il faut clairement remercier et Elio et laisser la place à d’autres. Il s’est confié dans un entretien avec le journal Le Soir.
« Pour un PS à 30%, c’est dans Elio »
À l’époque du Congrès, newsmonkey avait demandé aux militants qui ils voyaient à la tête du parti pour incarner le fameux chantier des idées et le renouveau du PS. Les réponses avaient été équilibrées pour le coup, mais checke par toi-même. Pour certains, comme Jean-Pascal Labille, le départ d’Elio Di Rupo comme président de parti semble inévitable pour changer la dynamique interne du parti. C’est la première fois qu’une tête forte du PS exprime clairement son opinion à ce sujet. « Entre un PS à 20 % ou un PS à 30 %, mon choix est fait », a-t-il dit d’emblée. Car pour lui, si le parti veut « peser dans une négociation gouvernementale, c’est l’objectif que l’on doit se fixer, 30 %. Et pour atteindre cet objectif, on doit avoir un PS plus horizontal et moins vertical ».
Jean-Pascal Labille veut du changement, mais il ne tape pas gratuitement sur son actuel président de parti. Dans son entretien, Labille a salué clairement le travail accompli pour le Chantier des idées, mais il regrette que « le parti soit resté dans le rendu vertical, il n’y a pas eu de débat au congrès de Liège ». Car selon lui, la manière dont le Congrès s’est déroulé, a porté une stratégie qui « a consisté pour Elio Di Rupo, quelque part, à s’autolégitimer. » Et pour lui, ce n’est pas la stratégie qui va replacer le PS dans un bon rapport de force.
« Les idées sont plus fortes qu’un homme »
« Les idées sont plus fortes qu’un homme, le parti est plus important que telle ou telle personne (…) J’ai dit que le PS devait être le plus fort possible pour pouvoir imposer les idées issues du Chantier des idées, et pour cela, je pense qu’on a besoin d’un nouvel élan, un nouvel essor, avec une nouvelle équipe. Dans le respect de tout ce qu’Elio a fait pour ce parti, et c’est immense. » Pour Jean-Pascal Labille, c’est clair, Elio a donné énormément pour son parti, mais l’heure est venue de laisser la place aux jeunes, et pour le directeur général de Solidaris, c’est Paul Magnette qui doit reprendre le flambeau.
Jean-Pascal Labille ne considère pas ses propos comme une attaque personnelle, il veut penser avant tout à son parti. « Nous voulons un socialisme du ‘nous’, or il y a une part de socialisme du ‘je’ dans ce qui se passe. » Alors pour lui, il est temps d’organiser des élections internes.
Soutien de Thierry Bodson
Le patron de la FGTB a apporté son soutien à Jean-Pascal Labille un peu plus tard dans l’après-midi au Soir: « Malgré le respect que j’ai pour ce que Elio Di Rupo a fait pour le parti, je dois dire que majoritairement, délégués et militants FGTB n’ont plus confiance dans le parti socialiste avec Elio Di Rupo à sa tête ».
Les mots sont durs, mais le secrétaire général prévoit « un cataclysme social si la gauche ne sort pas renforcée des prochaines élections ».