C’est un véritable désastre qui est en train de se produire dans l’extrême nord de la Russie. Le réservoir d’une centrale thermique s’est effondré, déversant ainsi des dizaines de milliers de tonnes d’hydrocarbures dans la nature. Une zone de la Russie déjà touchée par une catastrophe similaire.
Vladimir Poutine a d’ores et déjà décrété l’état d’urgence et a passé un savon au patron d’une filiale du géant minier Norilsk Nickel. Cette entreprise est en effet responsable d’une terrible catastrophe écologique dans la région arctique de la Russie. Un réservoir d’une centrale thermique s’est effondré, déversant 20.000 tonnes d’hydrocarbures dans la nature: 14.000 tonnes dans la rivière Ambarnaïa et 4.000 tonnes sur les sols.
On peut donc véritablement parler de marée noire dans la région et le pire c’est que Norilsk Nickel n’en est pas à sa première bourde puisque l’entreprise russe était déjà à l’origine de faits similaires en 2016. La situation est telle que l’on peut voir les effets de cette marée noir sur des images satellites. La rivière proche de la centrale est carrément devenue rouge. 250 personnes sont sur le pied de guerre pour tenter d’endiguer la pollution mais ce n’est pas ça le plus inquiétant.
Manque de réaction affligeant
Ce qui est véritablement interpellant, c’est que la catastrophe n’est arrivée aux oreilles des autorités que plusieurs jours après les faits, via les réseaux sociaux. D’ailleurs, lors d’une réunion en visioconférence, Vladimir Poutine a ouvertement remonté les bretelles de Sergueï Lipine, patron de la filiale NTEK responsable du drame: « Pourquoi les agences gouvernementales n’ont-elles été mises au courant que deux jours après les faits ? Allons-nous apprendre les situations d’urgence sur les réseaux sociaux ? Est-ce que tout va bien dans votre tête ? » a ainsi déclaré le président Russe en s’adressant à Sergueï Lipine. Le président Russe déplore ce manque de réaction et estime que décréter l’urgence nationale plus tôt aurait permis de déployer plus de ressources pour limiter les effets de cette catastrophe.
Une enquête est d’ores et déjà en cours pour déterminer les causes de l’effondrement du réservoir de la centrale. Norilsk Nickel explique que le dégel du permafrost dans cette région reculée en est la cause. Si cela est confirmé, Norilsk Nickel ne serait pas tiré d’affaires car l’entreprise savait pertinemment les risques de construire une telle centrale dans une zone où les phénomènes de fonte des glaces sont de plus en plus fréquents.
En bref, Norilsk Nickel risque très très gros car il semble impossible pour elle de se soustraire à ses responsabilités. D’ailleurs, trois enquêtes criminelles sont déjà en cours et un employé de la centrale a déjà été arrêté par les autorités. Et pour couronner le tout, un expert de la WWF Alexeï Knijnikov a déclaré à l’AFP que l’entreprise n’avait pas respecté les normes de sécurité requises comme la mise en place de barrages de terres autour des réservoirs de carburant, pour éviter les fuites en dehors du site.
Norilsk, une ville à éviter
La ville de Norilsk où se sont produits les faits est depuis longtemps touchées par des catastrophes écologiques. Il s’agit tout simplement de la ville polaire la plus polluée du monde. Tout ça à cause des activités de Norilsk Nickel. Voici quelques chiffres: chaque année, les usines relâchent dans l’atmosphère 500 tonnes de cuivre et d’oxyde de nickel, ainsi que deux millions de tonnes de dioxyde de soufre. Résultat: l’espérance de vie n’y est que de 60 ans et la population souffre de problèmes respiratoires et dermatologiques chroniques.
Il va donc maintenant falloir faire face à une nouvelle marée noire qui aura d’énormes conséquences à long terme car la rivière sera extrêmement difficile à nettoyer. En effet, elle se trouve loin des routes et n’est pas navigable car pas assez profonde. Seul minuscule point positif: le diesel déversé dans la rivière est plus léger que le mazout et devrait s’évaporer en partie. Malgré cela, nettoyer la rivière à 100% est tout bonnement impossible ne serait-ce qu’au niveau des sols: 180 000 kilomètres carrés ont été pollués par les déversements avant que ceux-ci n’atteignent la rivière. Et ça, on ne peut rien y faire. On estime qu’il faudra environ 10 ans pour que l’éco-système de la région s’en remette. Des milliers d’animaux et de poissons vont mourir et on ne parle même pas des effets sur la population humaine. C’est simple: cette catastrophe est la pire que l’Arctique n’a jamais connu dans l’histoire.