BSF jour 3: la révélation KIKESA a foutu le feu au Mont des Arts

KIKESA sera la révélation de cette saison des festivals, ou au moins du BSF. À deux doigts d’éclipser la performance de Gringe en fin de soirée, c’est l’occasion de découvrir ce crew de Nancy qui promet de remplir la Place des Palais d’ici quelques années.

Vendredi. Changement de programme pour newsmonkey au BSF. On décolle de la Place des Palais pour se balader du côté du Mont des Arts, où la soirée rap s’annonce chargée. Le temps est bon, le ciel est bleu, et Lonepsi a clairement dû se faire plaquer par son amoureuse avant d’écrire ses textes.

©Lola d’Estienne d’Orves

Le calme s’installe d’abord sur la place où une petite foule d’une trentaine de personnes zieute la scène Orange. Lonepsi débarque, moue affichée et piano sur le côté. Rappeur mélancholique aux textes tristes, il démarre les festivités avec une logorrhée qui aurait plus sa place dans une salle intimiste qu’à deux pas de stands de frites au milieu d’un festival.

Une performance timide alors que l’après midi se termine pour laisser place aux concerts de la soirée. Il fait encore jour, et c’est tant mieux. On aura pas trop de mal à en croire nos yeux quand on se rendra compte que KIKESA s’apprête à livrer l’une des meilleures performances du BSF.

KIKESA, la révélation qui pousse le sens du rythme

©Lola d’Estienne d’Orves

On te remet en contexte: l’ascension KIKESA a commencé en juillet 2018. Alors qu’ils composent et écrivent une musique par semaine, ils se font repérer par le vidéaste Seb Frit, qui avait déjà donné un bon coup de pouce à un certain Rilès. 

KIKESA, c’est très différent de celui qui fait aujourd’hui des feats avec Snoop Dogg. Avec son gang des Nouveaux Hippies, il alterne les sons faits de kick et de montées en puissance, des bons rythmes boom-bap pour accompagner ses freestyles, des chansons singulières et nostalgiques à la Plage 80 et des prods où il s’amuse à sampler du Maître Gims et du Orelsan pour en faire des tubes dansants en puissance.

Ecouter l’album studio ne suffit pas pour comprendre en quoi KIKESA risque de remplir la Place des Palais d’ici quelques années. À peine arrivés, le Mont des Arts commence à se transformer en boîte de nuit. Intrigués, ceux qui étaient assis sur les marches se lèvent un à un pour venir danser, et c’est un crew atteint de folie furieuse qui saute aux quatre coins de la scène. 

Les expressions faciales de KIKESA ne font que rajouter à l’intensité de sa performance. Ses sons, ils sont faits pour ambiancer une foule en live, et ça fonctionne. Le rythme du concert est un sans faute: entre musiques calmes et énormes kicks, KIKESA remporte haut la main le prix de la meilleure tchatche du BSF. Le rappeur balance des vannes au public, sait comment le titiller pour en retirer le meilleur, et provoque les pogos sans même avoir à forcer. 

Toute cette bande est tellement décomplexée qu’on les croirait belges. Il y a quelque chose de punk dans ce live. Peut-être est-ce KIKESA qui agit comme une rock star en se jetant par terre ou les blessures de toute la bande à la fin du concert, mais on pencherait plutôt sur leur énergie volcanique et son flow hurlant. 

On va un peu arrêter d’être dithyrambiques, mais on vous le dirait pas si on n’y croyait pas: KIKESA est une révélation, et on a hâte de le voir décoller encore plus. Parmi les moments forts du concert, on retiendra la participation au pogo de la part du backeur De La Hoz et du beatmaker Alex “pprod” Ghamo, la confession de la part de KIKESA du type: “porter une salopette en concert, c’est une idée de merde” et de manière générale, la meilleure ambiance jusqu’ici. Un sans faute.

©Lola d’Estienne d’Orves
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D’Hooverphonic à S.Pri Noir, deux salles, deux ambiances

©Lola d’Estienne d’Orves

La frénésie quitte peu à peu les lieux et on décide de retourner un peu voir ce qu’il se passe à la Main Stage. Grave erreur. Excités comme il faut par la performance qui vient de se clôturer, le concert de Hooverphonic fait redescendre comme jamais.

La pop rock lancinante du groupe peut se faire apprécier de la part de son public, qui remplit autant que celui de Tove Lo au premier jour du festival. Mais la moyenne d’âge a augmenté et on a beaucoup trop d’énergie que pour se laisser aller à bouger la tête sur de la guitare électrique au rythme espacé.

Après trois changements de tenue de la chanteuse et avoir vécu une redescente métaphorique, on redescend littéralement vers le Mont des Arts pour checker si S. Pri Noir a de quoi nous réveiller. La réponse est: oui.

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Alors qu’on chantait « la la la » pour la tolérance sur la Place des Palais, ici on fait des doigts d’honneur à tous les racistes de l’humanité. La voix amplifiée par l’autotune, S. Pri Noir et son backeur ont bien pris le relais de KIKESA et se chargent de faire danser la foule en attendant la tête d’affiche de la soirée rap du vendredi: Gringe. La moitié des Casseurs Flowters débarque tout bientôt.

Gringe, la performance de haut niveau

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Quand Gringe arrive, on s’attend à beaucoup, surtout quand on sait qu’il se charge de clôturer une scène rap volcanique. Bonne nouvelle: il est totalement à la hauteur. S’il chante les musiques des Casseurs Flowters.

En même temps, l’album de Gringe n’est pas forcément le meilleur pour faire une clôture de soirée de festival. Introspectif, sensible… Bon, mais pas le plus festif. On pourrait presque penser le rappeur victime de son succès et le fait que quelque part son nom rameute les foules l’empêche de balancer la totalité de ses sons solos en live.

Mais qu’à cela ne tienne. Ce n’est pas la voix en playback d’Orelsan sur la moitié des sons, parfois remplacé par le backeur de Gringe, qui va empêcher le public de danser, pogoter et même pleurer pour certains à la fin du spectacle.

Gringe est un performer de talent. Une présence, une bonne tchatche, et bien sûr que ceux qui oseraient dire qu’il n’arrive pas à se lancer sans Orelsan ont tort. Tout ce qui lui manque, c’est un deuxième album. Même si c’est toujours cool d’entendre Fais Les Backs, Inachevés, À l’heure où je me couche et Dans la Place pour Être en live, on a hâte d’entendre ses propres sons créer des vagues dans la fosse.

Gringe finit sa tournée au BSF, et l’émotion est présente. Alors que Giorgio Moroder terminera son set dans une trentaine de minutes, Gringe remercie la foule et lance un dernier pogo. Son équipe défile et la foule se disperse.

©Lola d’Estienne d’Orves
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Plus que deux jour de Brussels Summer Festival à explorer. Ce soir, séquence nostalgie avec Kyo en tête d’affiche et bon gros set avec Todiefor, qui débarquera de 19 heures de vol depuis le Japon pour ambiancer le Mont des Arts. On se retrouve demain pour l’avant-dernier compte rendu du BSF.

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