BSF jour 1: quand Tove Lo et Chris nous apprennent l’amour, le rythme et l’intensité

Retour sur la soirée qui a allumé la Place des Palais à Bruxelles pendant le premier jour du BSF. Au programme: timide mise en jambes avec Son Lux pour la pop électrifiante de Tove Lo et Christine and the Queens.

On arrive au BSF comme dans un lieu familier. On vadrouille entre les food trucks de la place royale, les marches du Mont des Arts pour finalement sauter le pas et s’aventurer à la Main Stage de la place des palais.

On s’amuse à l’idée de se dire que ce soir, on sera peut-être en train de se siffler des 33cl et hurler des paroles à quelques dizaines de mètres du roi Philippe, qu’on imagine en savates et peignoirs en train de scruter par sa fenêtre les festivités.

Si Dour, c’est l’amour, le BSF c’est la famille. Un endroit où tendresse et chaleur se dégagent. Même quand il pleut.

Son Lux, le calme avant la tempête

©Lola d’Estienne d’Orves

Arrivés vers 18h, on est accueillis par le pop-rock lancinant de Son Lux, qui hérite du rôle de faire danser une foule timide et pas assez saoule. Le rapport performance/réception n’est pas vraiment efficace, mais quelques irréductibles se retrouvent sur les côtés de la fosse, à danser comme s’il n’y avait pas de lendemain. Ce seront les mêmes qui, quelques heures plus tard, se battront avec ardeur contre la pluie.

La foule s’excite aux premières notes de Easy, tube du groupe paru en 2013, mais si quelques fans font partie de l’audience, difficile de conquérir le public. Ce n’est pas l’énergie qui manque de la part de Son Lux, c’est simplement l’engouement. Mais peu à peu, la masse s’élargit, les corps se délient et on devine que si certains arrivent un peu plus tôt pour Tove Lo, Son Lux était le choix parfait pour illustrer le calme avant la tempête.

L’un des irréductibles, corps en action – ©Lola d’Estienne d’Orves
Entre monkeys, on se comprend – ©Lola d’Estienne d’Orves
©Lola d’Estienne d’Orves

Tove Lo, pop étincelante suédoise

©Lola d’Estienne d’Orves

Pendant les 45 minutes qui séparent Son Lux de Tove Lo, une effervescence se crée. La pop suédoise va bientôt venir envahir la place des palais et faire résonner Bruxelles. L’un ou l’autre drapeau LGBTQI+ apparait et des pancartes avec des messages d’amour se faufilent pour arriver au premier rang.

La pluie débarque elle aussi, encore au stade de bruine, et c’est une armada de ponchos en plastique orange qui débarquent dans la fosse de la Main Stage. Le son du plastique froissé rythmera donc les deux prochains concerts.

Et soudain, Tove Lo arrive. C’est tout ce dont on avait besoin pour se réchauffer, alors que les doigts commençaient à se friper à force de se faire doucher. Tout au long du concert, difficile de dire si c’est la maladie ou la chanteuse, mais la fièvre monte au BSF.

Entre deux messages bienveillants que t’imaginerais bien dans la bouche de ta meilleure pote, Tove Lo aligne les performances vocales, les odes à l’énergie du public et à Bruxelles. Une chose est sûre: elle a compris comment chauffer une foule et la conquérir. Le paroxysme de sa performance est atteint alors que les premières notes de Habits(Stay High) résonnent.

©Lola d’Estienne d’Orves
©Lola d’Estienne d’Orves
©Lola d’Estienne d’Orves

Mais tout passe trop vite. Tove Lo repart comme elle est arrivée, soudainement. Plus de temps à perdre, la tête d’affiche en ouverture de ce festival, celle qui déroute depuis le début de sa carrière et se balade aux antipodes de la pop française dont elle fait partie va bientôt arriver.

La rumeur de Chris se fait entendre.

Avec Chris, il faut le voir pour le croire

©Lola d’Estienne d’Orves

Il faut le voir pour le croire. Quand on parle des performances lives de Christine and The Queens, on parle de la choréographie. De la pyrotechnie. Du spectacle son et lumière qu’elle offre à son public. Mais on ne parle pas du personnage.

Pendant que Christine and The Queens offre le spectacle, Chris donne et se nourrit du public pour livrer un souffle impressionnant. La puissance vocale au rendez-vous, une voix comme un roc et un corps comme une corde raide et sensible à la fois.

Elle a beau dire « Foreste National » et « Bruksel », elle fait partie de ceux à qui on pardonne facilement. Elle est chez elle ici, où elle a commencé sa tournée. Ce qui est intéressant, outre la performance qui demeure l’une des plus maîtrisées et brute qu’on puisse voir, c’est son intérêt pour faire en sorte que tout le public soit sur la même longueur d’onde.

« Ici, c’est un safe space! » lance-t-elle à la foule qu’elle tutoie, une pratique avec laquelle on adhère ou on n’adhère pas. Mais une fois rentrés, ça marche foutrement bien. « ça veut dire que si je décide de chanter pendant 4 minutes que je suis un homme, j’ai le droit! »

Chris, Christine, Saint Claude, Comme Si, tous ses tubes y passent. La foule s’agite sur les rythmes tantôt abrupts et funks, tantôt doux et électro. Puis se met à chanter à l’unisson lors d’une reprise a capella de Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion.

Christine and the Queens, c’est à voir en live en priorité. Qu’on apprécie ou pas, la performance est troublante, et s’éloigne des poncifs festifs pour offrir quelque chose de plus sincère. Mention spéciale aux danseurs qui accompagnent Chris, sans qui le cachet du spectacle serait grandement lésé.

Bien sûr, certaines musiques tombent un peu à plat et ont plus de mal à fédérer le public. Mais le spectacle, vu comme un tout, mérite le détour.

Intensité, illustration – ©Lola d’Estienne d’Orves

La première journée du BSF se conclut. La foule s’échappe alors que les Fatals Picards, dans une toute autre ambiance, finissent leur concert au Mont des Arts. Rendez-vous quelques heures plus tard pour rencontrer celui qui est, au final très lié à Christine: Booba. Mais avant, Columbine et Caballero et Jeanjass auront la tâche de chauffer le public de la main stage. On attend de voir.

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