Il y a deux semaines, SpaceX a accompli son premier vol touristique: quatre privilégiés ont passé trois jours dans l’espace à bord du vaisseau Crew Dragon. S’ils sont revenus sur Terre heureux et en bonne santé, leur voyage ne s’est tout de même pas passé de la façon la plus optimale qui soit.
La semaine dernière, malgré le fait que le vol se soit globalement très bien déroulé, Elon Musk avait indiqué sur Twitter qu’il y avait eu un petit problème au niveau des… toilettes de la capsule. « Nous avons connu quelques difficultés », avait reconnu le patron de SpaceX sur Twitter, avant d’ajouter qu’elles feraient l’objet d’améliorations.
Scott « Kidd » Poteet, directeur de la mission Inspiration4, avait lui aussi avoué qu’il y avait eu un problème à ce niveau-là. Il avait confirmé quelques pépins relatifs au système de gestion des déchets du vaisseau. Là non plus, il ne s’était pas étendu outre mesure sur la nature du problème, laissant le champ libre à toutes les spéculations possibles.
Dans l’espace, en l’absence de sensation de gravité, il n’est pas toujours évident pour les humains d’envoyer leurs déjections à l’endroit prévu à cet effet. C’est pourquoi les toilettes de Crew Dragon sont munies d’un ventilateur, censé provoquer un effet d’aspiration. Cela doit permettre à l’urine et aux selles d’aboutir où elles doivent aboutir et d’être stockées à l’écart du lieu de vie des touristes.
Et c’est donc là que le bât a blessé. Jared Isaacman, un des quatre membres de l’équipage, a accepté de raconter un peu plus en détail ce qu’il s’est passé durant la première croisière spatiale de SpaceX. Dans une interview accordée à CNN, il a expliqué qu’une alarme s’est mise à retentir durant le voyage, avertissant les touristes d’un « problème important ».
L’alarme a retenti pour signaler un problème « important »
M. Isaacman et ses comparses ont dû tirer profit du savoir qu’ils avaient accumulé durant leurs mois d’entraînement en vue d’identifier le problème. Aidés par l’équipe au sol de SpaceX, ils ont rapidement compris que celui-ci se situait au niveau des toilettes. Soulagement: leur vie n’était pas en danger. Leur confort, oui.
Le ventilateur censé aspirer les déjections faisait des siennes. Rendant chaque passage aux toilettes plutôt compliqué, bien que le touriste spatial n’ait pas souhaité « entrer dans les détails gores » de l’histoire. Il a tout de même tenu à assurer que la dignité d’aucun de ses compères n’avait été mise en péril, se contentant de qualifier l’utilisation des WC de « très difficile ». « Il a fallu être très – quel est le mot ? – très gentil les uns envers les autres », a-t-il commenté.
Quoi qu’il en soit, il a fallu réparer le système. Les quatre membres d’équipage s’y sont donc attaqués de concert, là aussi guidés par les techniciens sur Terre. Et ça n’a pas été une sinécure, dans la mesure où la communication n’était pas optimale.
« Je dirais que pendant environ 10% de notre temps en orbite, nous n’avons pas eu de communication avec le sol, et nous avons été très calmes pendant cette période », a raconté M. Isaacman, ajoutant que « la résistance mentale, un bon état d’esprit et une bonne attitude » étaient essentiels à la mission.
Plus de peur et d’inconfort que de mal
Finalement, les membres de l’équipage sont bien parvenus à régler le problème. Mais on ne doute pas que SpaceX fera en sorte que ça ne se reproduise plus à l’avenir. Malgré cet inconfortable incident, M. Isaacman a déclaré ne pas regretter avoir investi 200 millions de dollars pour s’offrir ce voyage.
« J’espère que cela servira de modèle pour de futures missions », a-t-il expliqué, ajoutant croire en l’objectif ultime d’Elon Musk, qui consiste à envoyer des colonies entières de personnes vivant dans l’espace, et notamment sur Mars. « Je me suis senti vraiment chargé et énergisé par l’idée que nous devons simplement continuer à pousser et à aller toujours plus loin », a-t-il conclu.
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