Sur Internet et sur les réseaux sociaux, il est courant d’apercevoir des vidéos et des photos de chiens visiblement honteux de leurs méfaits. Ce phénomène a même un nom : le « Dog shaming ». Pourtant, selon Alexandra Horowitz, une experte en cognition canine, nos chiens ne ressentent aucune honte. Leurs manifestations comportementales après une bêtise s’expliquent d’une autre manière.
En 2011, la séquence vidéo d’un labrador nommé Denver a été vue plus de 50 millions de fois sur YouTube. Dans celle-ci, on aperçoit Denver qui, après avoir dévoré en cachette une sac de nourriture pour chat, est assis tremblant et apeuré dans un coin de la maison, le regard vers le bas. L’enthousiasme humain pour les chiens coupables semble d’ailleurs illimité. En 2013, une collection de photos de chiens honteux est entrée dans la liste des best-sellers du New York Times.
Un signe de malaise
Toutefois, selon Horowitz, plusieurs études ont montré que les chiens ne ressentent pas de honte et que les personnes tirent souvent des conclusions erronées des signaux envoyés par ceux-ci. Dans un article de 2012, des chercheurs ont démontré que le regard coupable du chien est probablement une réponse soumise se révélant avantageuse car elle permet de réduire le conflit entre le canin et l’humain.
Lorsque le chien ressent que son maître émet des signaux clairs de suspicion ou de colère, l’animal devient stressé. Cette frustration se traduit souvent par une attitude qui témoigne clairement de son inconfort. Ce comportement est régulièrement jugé erronément par l’homme comme une manifestation de conscience de la culpabilité.
Même un chien qui n’a pas commis de méfait répondra de cette manière à une réprimande, explique The Atlantic.
Horowitz expliquait déjà en 2014 que le regard coupable apparaît le plus souvent quand les maîtres sermonnent leurs chiens, et cela indépendamment du fait que les chiens ont négligé un ordre ou fait quelque chose de mal ou pas. « Ce n’est donc pas un sentiment de culpabilité qui entraîne ce regard, mais le comportement du maître ».
Au Moyen Age, les chiens étaient même jugés
L’histoire offre plusieurs exemples extrêmes de ce conflit entre le chien et l’homme. Au sein d’anciens textes, on estime même que les chiens sont capables d’actes volontaires et que les transgresseurs doivent être punis par des peines de mutilation. Dans l’Europe médiévale, les clébards mal intentionnés étaient souvent jugés au cours de procès pour des faits tels que des agressions et des meurtres. Les peines encourues par les cabots allaient de la prison à la peine de mort.
Julie Hecht, une doctorante qui étudie le comportement animal à l’Université de la ville de New York estime que plus les chiens sont punis, plus ils auront tendance à agir de manière à rendre leurs propriétaire fous.
« La réprimande peut confondre les chiens, ce qui entraîne un cycle d’anxiété, de destructions et d’apaisement qui finalement nuit au lien entre chien et humain. »
Pour éviter ce type de problèmes, il est préférable d’éliminer les tentations potentielles, explique Horowitz. « Mettez un couvercle sur la poubelle, cachez la nourriture du chat, gardez vos chaussures dans un placard. »