Voilà combien gagnent les pilotes, copilotes et hôtesses de l’air chez Ryanair et pourquoi ils sont en colère

La colère gronde chez Ryanair. Face à la grogne des pilotes, qui refusent de faire une croix sur leurs vacances malgré le bonus proposé, la compagnie aérienne a été contrainte d’annuler de nouveaux vols jusqu’en mars 2018. Et vu leurs conditions de travail, on peut comprendre pourquoi le personnel de Ryanair fait la gueule.

Entre octobre 2017 et mars 2018, près de 790.000 passagers vont être impactés par les dizaines de milliers de vols annulés chez Ryanair. Un bon gros bordel que la compagnie aérienne a du mal à gérer, alors qu’elle se fait attaquer de tous les côtés. De l’extérieur, par les passagers mécontents et des médias qui n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur elle. Mais aussi de l’intérieur, où la contestation gronde et les langues se délient.

Un salaire plutôt confortable…

Car les pilotes, qui se retrouvent au cœur de ce gros bordel, n’ont pas l’intention de se laisser faire. Ils ont ainsi refusé le gros bonus proposé par la compagnie pour ne pas prendre leurs congés. Et ils continuent de réclamer de meilleures conditions de travail: c’est ce qu’ils expliquent dans une lettre envoyée à leurs dirigeants mercredi.

Pourtant, au niveau salariale, ils ne sont pas les plus à plaindre: selon les informations de la DH et de la RTBF, un commandant de bord gagne entre 5.000 et 7.000 euros par mois, selon leur ancienneté notamment. C’est pas mal, mais c’est beaucoup moins que par exemple leurs confrères du côté de chez British Airways (7.000 à 12.000 euros par mois). Mais c’est mieux par exemple que chez Brussels Airlines (entre 2.000 et 3.000 euros par mois). Pour les copilotes, ce salaire oscille entre 2.500 et 3.500 euros par mois. Là aussi, c’est (légèrement) mieux que chez Brussels Airlines (entre 2.000 et 3.000 euros) et moins bien que chez British Airways (entre 3.000 et 4.000 euros par mois).

… mais des conditions de travail horribles

Mais au niveau des conditions de travail, n’ayons pas peur des mots: elles sont horribles. La plupart des pilotes et copilotes sont indépendants et doivent faire face à des cadences de travail infernales (par exemple douze heures de vol par jour). Les congés payés? Ils peuvent s’asseoir dessus du fait de leur statut d’indépendant. Ils n’ont pas de sécurité sociale et s’ils veulent une assurance, c’est à leurs frais, car la compagnie n’en propose pas. Du coup, ils n’ont pas d’indemnité quand ils sont malades (à moins.. d’avoir pris une assurance de leur côté).

Alors que les autres compagnies le prennent en charge pour leur équipage, ils doivent eux-mêmes acheter leur uniforme. Pas question non plus d’avoir de passe-droit à bord: s’ils veulent manger ou boire, ils doivent payer, comme les passagers lambda. Le parking est aussi à leur charge à l’aéroport quand ils viennent travailler. Concernant l’hébergement entre deux vols, la RTBF assure qu’il est à leur charge alors que la DH explique que Ryanair leur paye, donc c’est plutôt flou.

Chez Brussels Airlines par exemple, les pilotes ont des avantages sociaux (comme la sécurité sociale), des primes ou encore des horaires plus adaptés: les pilotes de chez Ryanair sont moins bien lotis que leurs confrères finalement.

Pire pour les hôtesses

Les hôtesses de l’air auraient encore plus de raisons de se plaindre que les pilotes. Et pas seulement car elles doivent prendre elles-mêmes en charge leur formation, estimée entre 2.000 et 3.000 euros, pour devenir hôtesse de l’air. Pour elles n’ont plus, pas de congés payés ou d’indemnités en cas de congés maladie. Elles ne sont payés qu’à la prestation et la DH estime leur salaire entre 1.000 et 1.500 euros par mois.

Une ancienne hôtesse de chez Ryanair a également dévoilé les coulisses peu reluisants de son job au sein de la compagnie low-cost dans son livre Bienvenue à bord en 2015. Selon elle, les hôtesses doivent payer leur uniforme ou leur repas à bord. Pour faire gonfler leur salaire, elles doivent surtout chercher à vendre des produits en cabine aux clients, ce qui leur permet de toucher des primes. Seules leurs heures de vol sont payées: le briefing avant le décollage, le discours sur les consignes de sécurité, le ménage après l’atterrissage, tout cela n’est pas pris en compte pour calculer leur nombres d’heures de travail. De quoi déprimer…

Pour l’instant, seuls les pilotes semblent vouloir aller au bras de fer face à Ryanair. Mais les hôtesses de l’air auraient également de bonnes raisons de se joindre à la contestation.

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