Le président américain a signé hier le retrait des États-Unis de l’accord de partenariat transpacifique (TPP), une sorte de TTIP mais pour la région du Pacifique. Est-ce un signe avant-coureur de ce qui attend l’Europe? Si Donald Trump augmente, chez nous aussi, les droits de douane, alors cela coûtera des milliers d’emplois à la Belgique.
L’accord de partenariat transpacifique, ou TPP, avait été négocié pendant des années par douze pays situés autour de l’océan Pacifique, y compris le Japon et le Canada.
Mais Trump affirme que les emplois américains disparaissent vers d’autres pays à cause des traités de libre-échange, comme le TPP. Il conclura donc des accords séparés avec onze pays.
Le TPP – à ne pas confondre avec le TTIP, le projet de traité entre les États-Unis et l’Europe – aurait instauré la plus grande zone régionale de libre-échange.
Il avait pour objectif de supprimer les barrières commerciales entre douze pays: l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, le Vietnam et les États-Unis. Et donc, les droits à l’importation pour n’importe quel produit auraient été diminués ou abolis. Cela aurait pu stimuler tant les exportations que les importations.
Le TTIP
Une autre composante de l’accord instaurait des normes communes pour protéger les travailleurs et l’environnement. Il y avait aussi des accords sur la protection de la propriété intellectuelle.
Par contre, sur le TTIP (ou le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), Trump ne s’est pas encore exprimé clairement. Les négociations sur cet accord entre l’UE et les États-Unis sont extrêmement difficiles, le TTIP étant en plus controversé dans de nombreux pays européens.
Mais même s’il maintient le TTIP, Trump va probablement appliquer des droits à l’importation plus élevés sur les produits européens, dans le but de protéger l’industrie aux États-Unis. Et ceci pourrait entraîner dans notre pays une perte de 1.200 à 5.000 emplois, en fonction de l’augmentation qu’il compte appliquer.
Des problèmes à venir aussi chez nous
Des ennuis futurs chez nous? C’est évident selon des simulations effectuées par Hylke Vandenbussche, professeur d’économie internationale à la KU Leuven, et que De Tijd a pu consulter.
Les mesures protectionnistes de Trump vont réduire la croissance économique de notre pays de 0,1 à 0,42%.
Pour l’instant, les États-Unis prélèvent une taxe moyenne de 2,1% sur les importations européennes. Mais Trump veut aller jusqu’à 5%. Et il voudrait même arriver à 15% pendant un court laps de temps.
La Belgique exporte directement et indirectement des marchandises pour environ 8,2 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros) vers les États-Unis. Ces activités représentent environ 54.000 jobs, soit 1,2 % de l’emploi total dans le pays.
Si Trump fait grimper le tarif américain à l’importation jusqu’à 5%, cela aura un effet négatif de 5,7% sur les exportations belges vers les États-Unis. Ce qui représente une perte de 467 millions de dollars pour nous (un peu plus de 435 millions d’euros). Et cela se traduit par la perte de 1200 emplois.
Et le pire: si ce taux passe à 15%, nous connaîtrons une perte à l’exportation de 24% (2 milliards dollars ou un peu plus d’1.8 milliard d’euros) et la suppression de 5.000 jobs. Pour toute l’Europe, cela pourrait entraîner la perte de 240.000 emplois.