Vers le confédéralisme? « La solution, c’est une Belgique à quatre Régions »

L’ancien ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), constate la volonté d’une partie de la Flandre de se diriger vers le confédéralisme. Une grande réforme de nos institutions ne lui fait pas peur et peut même être « positive ».

45% de l’électorat flamand veut voir la Belgique réformée. En partie, via le confédéralisme (N-VA), ou la voir complètement disparaître via une indépendance de la Flandre (Vlaams Belang). Jean-Luc Crucke (MR), ministre wallon du Budget, des Finances, de l’Énergie, du Climat et des Aéroports, est un régionaliste convaincu. Il ne veut pas dramatiser la situation et a déjà sa solution.

« Je vois quatre Régions fortes pour un pays fort. Ceux qui parlent de refédéraliser des compétences ont tort. Il faut rendre ce pays plus efficace », précise le ministre dans une interview accordée à La Libre. Jean-Luc Crucke prend l’exemple de la sortie du nucléaire en 2025, sur laquelle francophones et néerlandophones ne sont pas d’accord: « Quand un seul ne veut pas, tout est bloqué. Je crois que ce débat sur les quatre Régions doit avoir lieu dans la sérénité et la confidentialité. »

À l’image d’un Brexit dur où personne ne sort vraiment gagnant, un Flexit négocié est peut-être une meilleure approche pour l’avenir de la Belgique et surtout pour la protection de ses citoyens. Le ministre est donc pour le confédéralisme? « Le confédéralisme, ça ne veut strictement rien dire. D’ailleurs, j’entends souvent plusieurs définitions. Il ne s’agit pas d’organiser les choses en montant les Régions les unes contre les autres. Elles doivent être sur un pied d’égalité et pouvoir travailler ensemble. Il faudra garder aussi les liens entre les francophones. »

Un vrai confédéralisme?

Il est vrai que le mot confédéralisme est utilisé à toutes les sauces dernièrement. Mais au sens juridique, c’est un mot galvaudé. Le confédéralisme en droit public est le rassemblement d’États indépendants qui décident de mettre en commun certaines compétences via un traité international. Ce n’est pas ce que propose la N-VA.

Le vrai confédéralisme a en fait très peu existé dans l’Histoire. Il y a eu une tentative en 1848 avec les cantons suisses et l’exemple des États-Unis à ses débuts. Deux réalités qui n’existent plus aujourd’hui. Le confédéralisme autorisait chaque État à garder un droit de veto sur chaque décision de la fédération. Bref un statut juridique très peu efficace.

Aujourd’hui, les nationalistes de la N-VA veulent en fait une régionalisation poussée à l’extrême. L’État belge subsisterait, uniquement pourvu de ses fonctions régaliennes (défense, justice, politique extérieure…). Ce serait la fin des transferts du nord vers le sud, véritables nerfs de la guerre, bien plus qu’une quelconque dispute communautaire.

Le Vlaams Belang veut lui voir la Belgique disparaître. Mais dans les faits, c’est presque impossible. D’abord, car une majorité de Flamands ne la souhaite pas. Ensuite, car il existe trois grands freins pour voir aboutir ce chemin, rappelle La Libre. D’abord l’avenir de Bruxelles et de sa périphérie. Les Flamands seraient-ils prêts à abandonner la capitale de l’Europe à majorité francophone? Ensuite il y a la dette publique. Quelque 400 milliards d’euros. On en fait quoi? Et puis enfin le contexte international. On a bien vu dans les exemples catalan ou du Brexit que faire sécession est un processus long et très difficile à mettre en place.

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