« Un îlot de stabilité au milieu du chaos » : le ministre de la défense quitte à son tour l’administration Trump

Quelqu’un a-t-il encore prise sur Donald Trump? Le président américain n’en fait rien qu’à sa tête et tweete plus vite que son ombre. Après l’annonce du retrait des troupes américaines en Syrie, Trump veut faire de même pour une bonne partie des troupes situées en Afghanistan. La goutte qui a fait déborder le vase pour James Mattis. Il a présenté sa démission.

Contre l’avis général de ses propres conseillers, contre la volonté de ses alliés, Donnald Trump a annoncé (dans un tweet) que les 2000 unités des forces spéciales stationnées en Syrie allaient rentrer à la maison. « Bring the boys back », s’est réjoui le président américain.

Mais ne faisant généralement pas les choses à moitié, Donald Trump a annoncé un autre retrait dans la foulée. Celui de quelque 7.000 soldats sur les 14.000 présents en Afghanistan. Ces troupes assurent pourtant une mission de l’ONU, en plus d’assister l’armée afghane et de lutter contre le terrorisme, en particulier Al-Qaïda, qui bien qu’en retrait existe toujours.

Une double décision que n’a pas digéré James Mattis, le ministre de la Défense de l’administration Trump: « Parce que vous avez le droit d’avoir un secrétaire à la défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (…), je pense que me retirer est la bonne chose à faire. »

Coup de tonnerre à Washington. James Mattis est vu comme un des derniers éléments de stabilité de l’administration Trump. Tant les démocrates que certains républicains ont remis en doute la stratégie de Donald Trump. « C’est un jour très triste pour notre pays », a lancé Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre. James Mattis était un des « rares symboles de force et de stabilité », a ajouté son homologue au Sénat, Chuck Shumer. « Un îlot de stabilité au milieu du chaos », a renchéri le démocrate Mark Warren. Le républicain Marco Rubio juge cette décision comme un nouvel élément dans « une série de graves erreurs politiques ».

James Mattis, dans sa lettre de démission, ajoute que les États-Unis doivent « traiter les alliés avec respect ». En effet, souvent mis à mal par Donald Trump, les puissances occidentales ne comprennent toujours ce qui a lui pris de prendre de telles décisions.

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« On a fait le boulot »

Justement, pourquoi Donald Trump, contre l’avis d’une écrasante majorité, décide-t-il de quitter le Moyen-Orient? Plusieurs raisons: d’abord, en retirant ses troupes de Syrie, il veut marquer la défaite de l’État islamique. « On a fait le boulot », explique-t-il, alors que beaucoup d’observateurs savent que l’organisation terroriste n’a pas dit son tout dernier mot. Des poches de résistance subsistent malgré la défection de 90% de ses troupes.

Ensuite, il faut savoir que Donald Trump agit toujours en fonction de ses intérêts: les électeurs américains. Or, plus grand monde aux États-Unis ne veut voir des troupes qui stagnent au Moyen-Orient. Donald Trump l’a répété à plusieurs reprises: les États-Unis ne veulent plus jouer les gendarmes du monde. Cela coûte cher et rapporte peu en termes de prestige. Trump suit ici la même ligne qu’Obama. Qu’a réellement apporté 15 ans de présence au Moyen-Orient depuis les attentats du 11 septembre 2001?

Enfin, même si cela doit encore être confirmé, certains hauts gradés de l’armée américaine ne veulent pas voir un allié historique des États-Unis sortir de sa zone d’influence. On parle de la Turquie d’Erdogan. Une rencontre entre les deux hommes aurait pacifié quelque peu la situation. Il se dit qu’en échange du retrait des troupes américaines, le régime turc serait prêt à acheter plusieurs milliards d’équipements militaires. Erdogan aura dès lors tout le loisir de taper sur les Kurdes, qu’il considère toujours comme des terroristes. Les États-Unis sont prêts les sacrifier pour ne pas laisser la Turquie basculer du côté russe.

Reste que pour Trump, il ne s’agit pas d’une d’émission. Non, non, le général Mattis quittera l’administration Trump en février, comme si c’était programmé. Le temps où il louait son « mad dog » (chien fou) et le comparait au général Patton est toutefois bien loin.

En attendant, la liste des ministres ayant quitté le navire ne cesse de s’allonger: Ryan Zinke, ministre de l’Intérieur (15 décembre), John Kelly, secrétaire général de la Maison Blanche (8 décembre), Jeff Sessions, ministre de la Justice, Nikki Haley, ambassadrice à l’ONU (7 décembre), Scott Pruitt, ministre de l’Environnement (5 juillet). On peut ajouter à ces noms, Gary Cohn, conseiller économique, Steve Bannon, mentor de la campagne présidentielle ou encore Michael Flynn, conseiller à la Sécurité nationale.

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