Un document le prouve: les Affaires étrangères et Steven Vanackere (CD&V) ont demandé à ce que Oussama Atar soit libéré

Oussama Atar est un ancien extrémiste parti combattre en Irak via la Syrie. Arrêté en 2005 à Ramadi, qui était à l’époque un haut lieu de la résistance d’Al-Qaïda, il avait été condamné à perpétuité. Mais huit ans plus tard, il fût déjà libéré. Ces derniers jours, on apprend que plusieurs ONG (dont Amnesty International) et certains politiques ont tenté de favoriser cette libération. Officiellement pour préserver la santé de cet homme qui est toujours activement recherché et qui est d’ailleurs peut être caché en Belgique. L’ancien ministre des Affaires étrangères avait pourtant nié l’existence de toute action diplomatique. Mais en 2010, sur le site web des affaires étrangères justement, on peut lire le contraire.

« Etes-vous intervenu activement dans libération de Oussama Atar? Non. Mon cabinet et moi avons reçu de nombreuses pressions de la part de la famille et de politiciens pour libérer Oussama Atar. Mais je n’ai pris aucune mesure diplomatique et je n’ai jamais écrit de lettre officielle aux autorités irakiennes. De plus, je n’étais plus ministre au moment de sa libération en 2012. » C’est ce qu’a déclaré l’ancien ministre des Affaires étrangères, Steven Vanackere (CD&V), au journal De Tijd. C’est écrit noir sur blanc. Il n’était donc pas aux responsabilités lors de la libération de Ousamma Atar.

Étrange, puisque sur le site web des affaires étrangères, un communiqué a été envoyé en 2010 dans lequel la diplomatie belge dit exactement le contraire. « Suite à la manifestation organisée aujourd’hui par la famille d’Oussama Atar, Belgo-marocain détenu en Irak, les Affaires étrangères communiquent que: la situation de monsieur Atar est suivie de près. Les demandes répétées adressées par la Belgique aux autorités irakiennes en vue d’envisager une libération anticipée sont jusqu’à ce jour restées sans suite. » On peut difficilement faire plus explicite.

Mais ce n’est pas tout, des échanges ont existé entre les Affaires étrangères et le gouvernement irakien: « Dans le prolongement, notamment, de nouveaux contacts avec les autorités irakiennes, nous sommes confiants que son état de santé fait l’objet d’un suivi efficace », peut-on encore lire dans le communiqué.

EPA
Affaires étrangères

Ce déni de la part de Steven Vanckere est vraiment bizarre. C’est le blogueur Luc Van Braekel qui a révélé l’entourloupe et a relancé, de ce fait, toute cette histoire autour d’Oussama Attar, le terroriste le plus recherché actuellement en Belgique. Parce que cet homme est supposé être un des extrémistes les plus dangereux. La semaine dernière d’ailleurs, les perquisitions menées dans la nuit de jeudi à vendredi visaient clairement cet homme de 32 ans. Trois de ses proches, dont un jeune frère, sa mère et une sœur plus âgée, ont été interrogés alors que lui continue de se cacher.

Cet homme, qui s’est rendu une première fois en Syrie en 2002 et puis une deuxième fois en 2004, officiellement parce qu’il s’y sentait bien et qu’il voulait étudier l’arabe selon ses dires, n’est autre que le cousin des frères El Bakraoui. Pour rappel, ce sont les deux hommes qui se sont fait exploser à Zaventem et à la station de métro Maelbeek en mars dernier. Pour beaucoup, il s’agirait de leur mentor aussi.

Atar a été arrêté en 2005 en Irak. Mais les raisons de son arrestation ne sont pas encore tout à fait claires: une version fait état d’un trafic de médicaments alors qu’il n’avait pas ses papiers en ordre. Une autre suggère qu’il tentait de convoyer des armes. Toujours est-il qu’il était considéré comme dangereux et qu’il a été incarcéré dans la prison d’Abou Ghraib, dans le tristement célèbre « Camp Bucca », une sorte de Guantánamo irakien. Par ailleurs, il a été emprisonné au même moment que ceux qui deviendront les têtes pensantes de l’État islamique, dont un certain Abu Bakr al-Baghdadi.

Amnesty et plusieurs politiques impliqués

Et bien c’est durant cette période qu’un lobbying intensif a démarré en Belgique pour tenter d’obtenir sa libération. Un supposé cancer du rein serait à l’origine de pressions de la part de la famille et de la part d’associations, Amnesty International en tête. Dimanche dernier, l’ONG expliquait avoir mené une action en 2010 pour le droit à la santé d’Oussama Atar et non pour sa libération. « Une réaction empreinte d’hypocrisie » avait répliqué Alain Destexhe (MR). « Dans le contexte de l’époque et celui des prisons irakiennes, demander qu’il puisse être soigné pour une tumeur du rein revenait – évidemment – à ce qu’il soit libéré », dénonçait-t-il.

Plusieurs personnages politiques comme Zoe Genot (Ecolo), Jamal Ikazban (PS) et Ahmed El Khannouss (CDH) ont également usé de leur poids pour obliger la Belgique à intervenir dans cette libération. Et apparemment avec succès puisque le communiqué des Affaires étrangères précise « que des demandes répétées des autorités belges » ont été formulées.

C’est pourquoi Alain Destexhe et le Koen Metsu (NV-A), ce dernier siégeant à la Commission parlementaire sur le terrorisme, ont demandé de faire toute la lumière sur cette affaire. Ce dernier a même lâché: « Des politiciens belges ont manigancé avec un dangereux terroriste », je vais remuer un peu tout ça ». Et bien il semble donc qu’on ne soit qu’au début de l’histoire en fait…

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