Tu ne comprends rien au procès Balkany? Pas de soucis, on te fait un récap’

Le procès des Balkany débute aujourd’hui. Difficile de ne pas déjà avoir entendu le nom de ce couple controversé, mais qui sont-ils? Et qu’est-ce qu’on leur reproche, exactement? 

Les Balkany, c’est l’affaire politique française qui donne envie de rire et pleurer à la fois. Un mélange de drames, détournement d’argent et de sorties médiatiques devenues mythiques. Aujourd’hui, débute enfin le procès des Balkany, et c’est l’occasion d’essayer de comprendre qui ils sont, et qu’est-ce qu’on leur reproche exactement. On t’explique.

Mais qui sont les Balkany?

Bien que Patrick Balkany ait tenté de se lancer dans l’acting dans sa jeunesse, c’est bel et bien vers la politique que son coeur s’est tourné. Lui et Isabelle Balkany, son épouse, font leur réelle entrée en politique en co-fondant avec Jacques Chirac, en 1976, le parti RPR, suite à la rupture de ce dernier avec Valéry Giscard-d’Estaing, alors président français.

Ils vont ensuite, lorsque Patrick Balkany est nommé maire de Levallois-Perret – une commune française au nord-ouest de Paris -, continuer de travailler ensemble. Lui, à la tête de la mairie, et elle en tant que responsable de la communication municipale. Durant deux mandats, ils occuperont ces postes, qui seront entrecoupés d’affaires judiciaires. Isabelle deviendra adjointe à la mairie par la suite.

Des déboires avec la justice répétés

Ce n’est pas la première fois que le couple se retrouve en justice. Durant leurs carrières politiques, ils ont déjà été accusés et reconnus coupables de rémunérer trois personnes aux frais de Levallois Perret pour s’occuper de leur appartement ainsi que de leur résidence secondaire pendant dix ans, de 1985 à 1995. Un personnel de maison en gros, rémunéré aux frais des habitants de leur commune. C’était en 1996, et ça leur a valu 15 mois de prison avec sursis, 200 000 francs d’amende – soit 30 500 euros – et deux ans d’inéligibilité.

Par la suite, d’autres accusations fuseront. En 1997, RCI2 porte plainte contre Patrick Balkany, alors exilé aux Caraïbes, pour s’être fait passé pour le directeur de cette radio. Il sera également condamné, pour cette même histoire d’employés communaux, à rembourser leur salaire en 1999, soit un montant de 523 897,96 €.

Depuis 2001, il est à nouveau élu à la commune de Levallois-Perret, et Isabelle Balkany reste première adjointe au maire.

Etienne Laurent – EPA

Une image médiatique controversée

Balkany, dans l’imaginaire commun, ce sont des sorties médiatiques aujourd’hui mythiques, comme le jour où il a décidé de subtiliser une caméra de BFM TV pour tenter de leur « retirer la bande » en 2014. Une séquence tournée en ridicule pour le caractère sanguin du maire, qui n’avait apparemment pas compris que les caméras sont aujourd’hui numériques.

Son personnage à la voix grave et son caractère impulsif créent un mythe autour du personnage Balkany, voire même du couple. Il évite les interviews, insulte les journalistes, se défend toujours d’être impliqué dans l’une ou l’autre « magouille » et, à 70 ans, affirme fièrement ne pas avoir peur des juges.

Une de ses rares interviews récentes a été donnée à M6 en janvier dernier, pour le magazine Enquête exclusive. C’est un bel aperçu de ce personnage de la politique française, à mi-chemin entre l’usure des procès et la ferveur qu’il conserve, surtout quand il s’agit de se défendre face aux accusations de détournement de fonds dont il fait l’objet.

Le 1er mai, Isabelle Balkany, à deux semaines du procès, a aussi fait parler d’elle d’une bien triste manière, en déclarant être « fatiguée » sur les réseaux sociaux, avant de faire une tentative de suicide par voie médicamenteuse.

De manière générale, les Balkany se sont souvent plaints d’un « lynchage médiatique » autour de leur affaire. Mais qu’est-ce qu’on leur reproche au juste, cette fois-ci?

13 millions d’euros dissimulés

En très gros, c’est ça. Par le biais de propriétés gigantesques, de compagnies offshores et de mensonges sur leurs revenus, Patrick et Isabelle Balkany auraient dissimulé 13 millions d’euros entre 2007 et 2014. Parmi leurs acquisitions: deux villas à Saint Martin dans les Antilles, la Serena et la Pamplemousse, ainsi qu’une résidence secondaire de 1300 mètres carrés en Normandie et un Riad au Maroc. Pendant que tu traînes à payer le loyer de ton kot ou de ta coloc, les Balkany faisaient le tour du monde via leur patrimoine caché.

Celui qui a révélé toutes ces propriétés, c’est Didier Schuller, ancien ami des Balkany. Il y a quelques années, alors qu’il était entremêlé avec Patrick Balkany dans une affaire de financement illégal de son activité politique, il s’est retrouvé condamné à trois ans de prison, alors que Balkany était relaxé en première instance.

Il l’a visiblement très mal pris, et parle d’ailleurs lui même de favoritisme vis-à-vis de celui qui entre en procès aujourd’hui: « Quand il y a eu un procès, c’est moi qui ai été condamné, ce qui était assez étonnant puisque je n’étais que directeur [de la société impliquée, ndlr] et il était président. Il se trouve qu’à l’époque, Jacques Chirac était président de la République et Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Les protections étaient certainement plus tournées vers lui que vers moi. »

Aujourd’hui, Patrick risque dix ans de prison, et Isabelle cinq. Si leurs accusations de « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale » se confirment, avec un supplément de « corruption passive » et « blanchiment de corruption » pour Patrick, on risque de ne pas recroiser les Balkany pendant un bon bout de temps.

Tu connais à présent les grandes lignes de ce procès, les protagonistes majeurs et tu as peut-être deux-trois idées de villas où passer tes vacances. Ne reste plus qu’à suivre ce qui pourrait bien être la conclusion de l’une des plus grandes sagas politiques françaises. Réponse le 20 juin, date à laquelle le jugement devrait être rendu.

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