Trump s’est aliéné les afro-américains et les hispaniques, pourquoi cela ne garantit-il pas la victoire à Clinton?

1-2% des afro-américains supportent Trump, 90% Hillary. Il mijote un mur entre le Mexique et les États-Unis. Qu’est-ce que Trump peut attendre comme vote des minorités afro-américaines et hispaniques américaines? Peanuts. Pas de bol pour lui, ces minorités ne sont pas insignifiantes. Est-ce que cela garantit pour autant une victoire à Hillary Clinton? Et bien… Non.

L’élection du 8 novembre s’annonce historique: ce ne sera pas seulement la première fois que les Américains auront la possibilité d’élire une femme pour présidente. Aussi, jamais encore l’électorat n’a été aussi divers qu’il le sera à l’élection de novembre 2016. Le 8 novembre 2016, quasi un tiers, 31%, de la population susceptible de voter sera hispanique, afro-américaine, asiatique ou d’une autre minorité.

En 2016, on a 7.5 millions de nouveaux votants potentiels venus de minorités hispaniques, afro-américaines, asiatiques et autres… et 3,2 millions de nouveaux votants potentiels qui soient blancs, non-hispaniques. Et quasi la moitié des votants potentiels hispaniques (44%) sont jeunes.

Et c’est parti pour durer: la proportion d’électeurs potentiels blancs (eligible voters) diminue d’années en années, comme le montre le graphe ci-contre. Cela a probablement aidé les Démocrates… entre autres.

Oui, mais seulement 58% de tous ces gens iront voter

L’évolution démographique, et la diversité croissante, ce serait apparemment plutôt une bonne nouvelle pour la candidate démocrate. D’autant plus que, de tous ces électeurs potentiels, seuls six sur dix devraient vraiment voter. Et que la majorité de ceux qui n’ont pas été voter en 2012 étaient blancs, de classe moyenne et avec un revenu moyen.

Mais les championnes de la participation, toutes catégories confondues, ce sont les femmes afro-américaines: 75% d’entre elles se bougent pour leur poulain.

Tout bénéf donc pour les Démocrates si Trump repousse la communauté afro-américaine.

Évidemment, les campagnes d’Obama ont aussi poussé pas mal d’afro-américains à s’enregistrer pour aller voter. Les églises où se retrouve la communauté afro-américaine ont aussi été des points de mobilisation. Obama avait été très fort pour la rallier évidemment, cette communauté. Est-ce que Clinton arrivera à refaire le même exploit?

Et ceux qui viennent… Il faut encore capturer leur vote!

Si Obama a séduit les afro-américains, il a aussi séduit les blancs: à part dans le sud et dans les Appalaches, plus de blancs ont voté pour lui que pour John Kerry (candidat démocrate en 2004). Ce qui compte, encore plus que l’évolution démographique, c’est que les gens votent bel et bien et… qu’ils votent pour vous.

C’est ce que The Upshot (NY Times) met en évidence: de 2004 à 2012, dit-il, l’enthousiasme pour les Démocrates au sein de la population latino (de 18 à 38%) a bien plus aidé le parti que la proportion croissante d’électeurs hispaniques (+ 20%).

Mais rallier le soutien de la population hispanique n’est pas nécessairement une mince affaire: entre 40 et 45% seulement d’entre elle serait susceptible d’aller voter. La barrière de la langue jouerait un rôle, le manque de réseau à l’intérieur de la société américaine aussi. En plus, elle est jeune, très jeune, la population hispanique: Hillary trouve-t-elle les mots pour lui parler? Elle a beaucoup moins de soutien qu’Obama auprès de cette population. En fait, dans les sondages, la distance entre Obama et Clinton est aussi grande qu’entre Romney et Trump.

La démographie, ce n’est pas tout. Encore faut-il que les gens viennent voter, et viennent voter pour vous.

Sources: Pew Research Center, 538, New York Times.

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