Le magazine Knack a mené une enquête aux résultats dévastateurs. Trois entreprises belges basées à Anvers ont livré un des composants de gaz sarin, avec l’autorisation de la douane belge. Il existe pourtant une interdiction d’exportation sur certains produits chimiques depuis 2014.
Les trois entreprises belges A.A.E. Chemie Trading, Annex Customs et Danmar Logistics ont effectué en tout 24 livraisons litigieuses. Depuis 2013, cela représente des tonnes de produits chimiques interdits exportés vers la Syrie et le Liban.
On y retrouve de l’isopranol, un composant qui peut servir à la fabrication de gaz sarin. Pire, la douane belge semblait visiblement au courant de la situation. Une interdiction d’exportation mise en place par l’OIAC, l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques des Nations unies, était pourtant de mise depuis 2014 déjà.
Les seuls
Mise en cause, la douane a décidé de se retourner contre les trois entreprises incriminées. Un procès devrait démarrer le 15 mai prochain devant le tribunal correctionnel d’Anvers.
Les résultats de l’enquête menée par le magazine Knack en collaboration avec l’ONG allemande Syrian Archive et le bureau d’investigation britannique Bellingca sont dévastateurs pour notre pays: la Belgique est le seul pays à avoir continué à livrer de l’isopranol et/ou du propagol vers la Syrie après juillet 2013.
Parmi les 24 livraisons étudiées entre mai 2014 et décembre 2016, on retrouve 168 tonnes d’isopropanol, 219 tonnes d’acétone, 77 tonnes de méthanol et 21 tonnes de dichlorométhane. Les destinations étaient la Syrie et le Liban.
Notons que lors de l’opération de la communauté internationale en vue de détruire l’armement chimique de la Syrie en 2014, 120 tonnes d’isopranol avaient justement été détruites.