Triste: les Restos du Coeur ferment les cuisines à Mons, ce sont plus de 1.000 personnes qui vont galérer

L’histoire des Restos du Cœur en Belgique a commencé à Mons. En 1985, les plus démunis ont commencé à pouvoir se ravitailler dans les locaux de l’ASBL. Mais aujourd’hui, l’association va devoir fermer ses portes, privée des subsides de la Fédération belges des Restos du Cœur, la faute à une mauvaise gestion. Mais malgré tous les efforts de l’ASBL pour rentrer dans les normes de la fédération, cela ne change rien. Les Restos de Mons fermeront cet été, laissant 662 adultes et 646 enfants dans la détresse. 

Difficile de trouver des mines souriantes en arrivant dans les locaux des Restos du Cœur de Mons. Les employés, bénévoles et bénéficiaires ont appris la nouvelle la veille: l’ASBL va devoir fermer ses portes cet été. En tout, ce sont 12 employés à plein temps, 662 adultes, 646 enfants et 123 sans-abris qui se retrouveront privés d’une aide précieuse pour survivre dans la cité du Doudou.

Que s’est-il passé pour en arriver à la fermeture du plus ancien et du plus grand bureau des Restos du Cœur en Belgique? Tout commence en 2016 quand la Fédération belge des Restos (créée en 1991, six ans après les Restos de Mons) remarque des irrégularités dans la gestion de l’ASBL montoise. Par exemple, trop d’employés sont issus de familles présentes au conseil d’administration, il y a un manque de rigueur comptable et plusieurs plaintes ont été déposées par des bénéficiaires dénonçant l’attitude de la directrice de l’époque, qui a été écartée depuis. Résultat : tous les subsides octroyés par la Fédération, environ 130.000€/an, ont été suspendus depuis janvier 2017.

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Des efforts inutiles

Pour répondre aux exigences de la Fédération, l’ASBL montoise s’active en interne. La directrice est écartée et un nouveau président est désigné: Jean Van de Pontseele. En parallèle, toute une série de mesures sont prises comme l’engagement d’un nouveau comptable et d’une société comptable extérieur, l’ajustement du prix des repas (de 1,5€ à 1€), l’invitation d’un délégué de la ville de Mons au conseil d’administration et la liste est encore longue. Bref, l’ASBL a reconnu l’existence de ces problèmes, a essayer d’y pallier mais tout ça pour rien.

Ce que regrette le président Van de Pontseele, c’est qu’aucun membre de la fédération ne soit venu se rendre compte des changements opérés au sein de l’ASBL: « Malgré tout ces efforts et des invitations multiples lancées à l’intention de la présidente et du directeur de la Fédération, jamais une visite n’a été constatée sur le terrain. Pourtant, le directeur habite à Cuesmes, à quelques minutes d’ici », regrette-t-il. Selon lui, l’ASBL montoise n’a jamais pu plaider sa cause correctement à la Fédération rassemblant 15 Restos du Coeur. Van de Pontseele explique d’un air blasé: « La décision d’exclusion était déjà prise par les 6 membres de la fédération représentant les 15 restos du cœur de Belgique. Il ne restait plus qu’à la faire avaliser par l’Assemblée Générale. »

Au final il résume très bien la situation: « Le gamin a fait une bêtise, on le réprimande, on lui fait la leçon et on le remet dans le droit chemin. Mais on ne condamne pas définitivement à perpétuité! »

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Une convention de fin de litige inacceptable

Pourtant la Fédération, par le biais de son avocat, a proposé une solution par l’intermédiaire d’une convention de fin de litige. Celle-ci a été jugée inacceptable par le comité montois. Par exemple, la Fédération proposait de nommer un nouveau directeur qui devait rendre compte de tout ce qui se passait à l’ASBL à la Fédération. Le conseil d’administration montois perdait alors toute indépendance, une solution inenvisageable pour le président Jean Van de Pontseele.

Résultat, les Restos Montois se retrouve sans subside et lâchés par leur fédération. Une situation intenable qui va mener à la fermeture complète de l’association durant l’été 2017. Même si c’est triste pour l’ASBL et les bénéficiaires, on ne peut que soulever la culpabilité du Resto, pour sa mauvaise gestion mais aussi peut-être pour sa gourmandise dans les négociations avec la fédération.

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Des bénéficiaires désespérés

Même si la gestion était plus que limite au sein du Resto montois, l’accueil et les services proposés ont rempli de bonheur ses bénéficiaires qui ne demandent qu’à aider et trouver des solutions. Dans l’assistance, un bénéficiaire et bénévole de longue date s’exprime: « C’est malheureux d’en arriver là. Ici, j’ai vu arriver des personnes désespérées repartir le sourire aux lèvres, heureux d’avoir reçu un peu d’aide. »

Même si le président Van de Pontseele est persuadé que d’autres associations pourront accueillir les bénéficiaires orphelins du Resto, rien n’est encore sûr. Par exemple à Mons, aucune association ne propose des repas chauds pour les sans-abris. Ce sont donc 123 personnes qui vont se retrouver sans rien d’ici l’été. Et pour les autres familles, il faudra encore que les associations se situent à proximité de chez eux.

Michel vient de Quaregnons et est habitué des Restos: « Avant je travaillais dans la maçonnerie et la métallurgie, j’avais une maison, des voitures, une moto. Puis j’ai divorcé et j’ai tout perdu. Les Restos de Mons c’était que du bonheur, je ne sais pas ce que je vais faire maintenant, on ne m’a pas encore proposé de solution de rechange. » Pour l’instant, ils ont encore quelques semaines de répit avant de devoir se trouver un nouveau refuge. Que Coluche leur vienne en aide!

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