Tout le monde veut faire des affaires avec l’Iran mais ce pays condamne encore à mort des enfants

Depuis la levée d’une partie des sanctions économiques contre l’Iran, les entreprises européennes se bousculent pour faire des affaires avec Téhéran. Mais en attendant, ce pays exécute toujours des personnes mineures au moment des faits qui leur sont reprochés, souligne l’ONG Amnesty dans un nouveau rapport. 

C’est un moment historique pour la patrie des mollahs : l’accord nucléaire est entré en vigueur et les sanctions internationales sont en partie levées. Pour la première fois de son mandat, le président iranien Hassan Rohani se rend sur le sol européen. Accompagné d’une délégation de 120 entrepreneurs, il est à Rome en ce début de semaine et prévoit une visite en France. Le but : renforcer la coopération économique. Car depuis que l’Iran est devenu  » fréquentable « , les investisseurs européens se pressent à son portillon.

L’Iran hypocrite

Mais dans un nouveau rapport publié mardi, Amnesty dénonce l’hypocrisie de l’Iran. Ce pays bafoue régulièrement le droit des mineurs, souligne l’ONG. Il est l’un des derniers pays qui exécutent encore des personnes qui étaient mineures au moment des faits qui leur sont reprochés, à partir de 9 ans pour les filles et de 15 ans pour les garçons. En dix ans, 73 personnes mineures au moment des faits ont été exécutées et 160 personnes croupissent encore dans les couloirs de la mort. L’Iran a pourtant signé la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) qui interdit ce genre de pratiques.

Réformes partielles et procès fantaisistes

En 2013, un espoir était né. Les autorités iraniennes avaient réformé le code pénal islamique et remplacé la peine de mort par un autre châtiment  » s’appuyant sur une évaluation de la maturité psychologique des accusés au moment de leur crime présumé  » , explique Amnesty. Un an plus tard, la Cour suprême iranienne avait décidé que toutes les personnes condamnées à mort pour des faits commis lorsqu’elles étaient mineures pouvaient demander une révision de leur procès.

Mais en pratique, les choses ont peu changé. Les autorités procèdent encore à des exécutions de mineurs délinquants et tous ne sont pas informés de leur droit à demander un nouveau procès, souligne le rapport. Les mineurs en Iran font aussi  » l’objet de procédures fantaisistes débouchant sur des résultats cruels « , a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

C’est le cas de Fatemeh Salbehi, exécutée en octobre 2015 pour avoir tué son époux, qu’elle avait été forcée à épouser lorsqu’elle avait 16 ans. Selon Amnesty, la jeune femme  » a de nouveau été condamnée à mort à l’issue d’un second procès qui n’a duré que quelques heures, et son évaluation psychologique s’est limitée à quelques questions de base, comme le fait de savoir si elle priait ou non ou étudiait des manuels religieux  » .

À l’heure où l’Iran fait son come-back dans la cour des grands, Amnesty demande aux dirigeants mondiaux de pousser l’Iran  » à commuer immédiatement l’ensemble des condamnations à mort prononcées contre cette catégorie de personnes  » .

EPA
Sources : L’Avenir, Le Monde, le rapport d’Amnesty International  » Growing up on death row « 
Plus
Lire plus...