Tihange, un possible Fukushima à la belge ? Le Luxembourg et nos autres voisins s’inquiètent  

Les critiques visant le parc nucléaire belge se multiplient. La question de la sécurité se pose après des révélations sur la vétusté des installations, ce qui n’a pas empêché le redémarrage des réacteurs nucléaires à Doel et Tihange.

Depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011, l’énergie nucléaire fait encore plus peur. Ses détracteurs sont nombreux et visent désormais la Belgique. La décision de relancer les réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2 pour les dix prochaines années alors que des microfissures ont été trouvées sur les cuves est une aberration du point de vue de la sécurité. Après plusieurs incidents ces dernières années, les deux cuves auraient même dû être envoyées à la casse vu leur état, mais rien n’a été fait. Ce sont les conclusions que l’on peut tirer d’une étude d’une experte allemande en résistance des matériaux.

Irresponsable

Du coup, tout le monde a peur : les associations écologistes, qui craignent une catastrophe à la Fukushima, les habitants des alentours et mêmes les pays voisins. Invité sur RTL ce matin, Camille Gira, secrétaire d’État au Développement durable du Luxembourg, a avoué ne pas être très rassuré avant son rendez-vous ce lundi avec Jan Jambon à ce sujet, alors que Tihange se trouve à une centaine de kilomètres de la frontière avec le Grand-Duché.

 » Ce qui nous fait le plus peur c’est qu’aujourd’hui si on nous disait qu’il faut construire une nouvelle centrale et qu’une cuve avait ses défauts-là, cette cuve ne serait pas acceptée. Alors on a de gros problèmes à ce que cette cuve soit acceptée alors qu’elle est vieille de 30 ans et qu’elle se trouve au centre du réacteur. (…) Nous trouvons qu’il est irresponsable de remettre en route cette centrale « , déclare-t-il.

EPA

Le Luxembourg mal traité ?

Chez nos voisins allemands et néerlandais, la grogne monte aussi. La ville d’Aix-la-Chapelle, à 70 kilomètres de Tihange, a engagé deux avocats pour mener une action en justice contre la Belgique suite à la réouverture de la centrale nucléaire. Les Néerlandais de Maastricht devraient les rejoindre. Le Luxembourg ne veut pas rester les bras croisés et se plaint de ne pas recevoir le même traitement que les autres pays frontaliers.

 » J’ai entendu dire que le gouvernement belge a accordé des visites aux autorités néerlandaises et allemandes. Je pense que même si le Luxembourg est plus petit, on a le droit d’être traité sur le même pied d’égalité que nos voisins « , réclame Camille Gira qui, même s’il respecte  » à 100%  » la politique énergétique de la Belgique, en appelle à son bon sens.

Pastilles d’iode

Ce ne sont pas les pastilles d’iode distribuées par le gouvernement aux populations aux alentours de Tihange qui vont rassurer tout le monde, loin de là.  » Quand on a vu ce qu’il s’est passé à Tchernobyl ou Fukushima, même à 70 km autour je pense qu’il y a des graves dangers pour la population. (…) On se fait des soucis pour la santé de notre population « , ajoute Camille Gira, écologiste avoué.

Tous les regards sont désormais tournés vers le gouvernement belge. Des explications sont attendues par les habitants des alentours des centrales nucléaires, pointées du doigt, et par nos voisins. Il ne faudra pas attendre une catastrophe comme à Fukushima pour réagir.

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