Theresa May change de stratégie et tend la main à Jeremy Corbyn pour trouver un accord sur le Brexit 

Actuellement dans l’impasse, Theresa May est obligée de prendre des décision radicale pour éviter un Brexit dur. Cela va jusqu’à travailler avec Jeremy Corbyn, le leader de l’opposition, chose inimaginable il y a quelques mois. Les prochains jours risquent d’être long, il va falloir retrouver un accord à soumettre à l’Union européenne dans les plus brefs délais. 

Depuis trois ans (oui, ça fait déjà 3 ans que le référendum a eu lieu), Theresa May s’est efforcée de garder une certaine ligne de conduite dans la manière de négocier le Brexit. Elle évitait par exemple de travailler avec l’opposition, menée par Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste. Mais aujourd’hui, l’heure est grave: le parlement britannique a rejeté trois fois l’accord négocié par May et l’Union européenne. Si rien ne se passe assez vite, le Royaume-Uni va devoir organiser des élections européennes à la fin mai, ce qui serait un comble.

Alors, la Première ministre britannique a un plan: dans un premier temps, demander un report du Brexit à l’UE, « le plus court possible ». Ensuite, « au nom de l’unité nationale », elle va proposer à Jeremy Corbyn de travailler main dans la main pour trouver un solution commune à proposer au sommet de l’UE prévu le 10 avril prochain.

« C’est un moment décisif dans l’histoire de ces îles [le Royaume-Uni] et cela suppose l’unité nationale afin de servir l’intérêt national », a-t-elle déclaré devant les journalistes au 10, Downing Street. Elle a reconnu que sortir de l’UE avec un accord était la meilleure solution et qu’il fallait faire ça vite car ces interminables débats au sein du parlement finissent par « détériorer la vie politique » du pays.

Un peu d’enthousiasme

Il y a déjà une bonne nouvelle: Jeremy Corbyn semble plutôt heureux de voir la main tendue par Theresa May. « Nous constatons qu’elle a bougé. Je reconnais la responsabilité de représenter les gens qui soutiennent le Labour et ceux qui ne le soutiennent pas mais souhaitent néanmoins des assurances pour leur avenir » a-t-il déclaré. Mais le leader du Parti travailliste a lui aussi des exigences. Il est en effet un partisan du maintien de la Grande Bretagne dans l’Union douanière de l’UE et compte bien maintenir cette revendication face à Theresa May.

Si Theresa May consent à écouter Corbyn, on se dirigerait vers ce qu’on appelle un « Brexit modéré » puisque le Royaume-Uni garderait d’étroites relations avec l’Europe, surtout au niveau commercial. Si la Première ministre excluait de rester dans l’union douanière et donc de respecter les normes sociales et environnementales du marché unique, elle risque de devoir mettre de l’eau dans son vin face à Corbyn.

Si Corbyn et May se mettent d’accords concernant l’union douanière, la question des contrôles à la frontière irlandaise serait réglée, ce qui est le principal obstacles dans les négociations pour le brexit. Ce scénario est le plus probable puisque Corbyn a assuré qu’un Brexit sans accord n’est pas dans ses plans.

Un gouvernement qui vole en éclats

Mais ce rapprochement avec Corbyn n’est pas sans conséquences. Theresa May s’est mis des alliés à dos comme Boris Johnson, figure de proue des « hard Brexiters » et conservateur aguerri. « Il est très décevant que le gouvernement ait décidé de confier la gestion finale du Brexit au Labour et à Jeremy Corbyn » a déjà commenté Johnson qui accuse May de déléguer « à Bruxelles » la politique de commerce extérieur britannique.

La première ministre risque ainsi un éclatement du gouvernement et donc du parti conservateur. Car si elle consent à rester dans l’union douanière de l’UE, elle irait contre la promesse faite à son parti. Les conservateurs voulaient en effet que Londres puisse négocier de façon indépendante des accords commerciaux internationaux. « La cheffe du gouvernement tente d’annuler le Brexit en pactisant avec des socialistes », s’est étranglé de son côté Jacob Rees-Mogg, député de la droite des tories.

12 avril? 22 mai?

En tout cas, Theresa May espère tomber sur un nouveau plan à présenter au Parlement le 10 avril prochain, le jour où un nouveau sommet européen est prévu. Si ce plan obtient le feu vert du parlement avant cette date, May pourra demander à l’UE de le reporter au 22 mai afin de pouvoir intégrer tous ces accords dans la législation britannique. L’UE serait d’accord avec cela. Le Brexit est actuellement prévu pour le 12 avril.

Si May et Corbyn ne parviennent pas à élaborer un plan commun, ils souhaitent proposer au Parlement une série de solutions de remplacement avant le 10 avril « afin de déterminer dans quelle direction le processus du brexit devrait se dérouler ». Les prochains jours risquent d’être bien remplis pour Theresa May qui a effectué un spectaculaire volte-face politique en mettant son propre camp à dos. Elle prouve ainsi qu’elle est prête à tout pour trouver un accord et mettre fin à ce feuilleton qui devient de plus en plus gênant pour le Royaume-Uni.

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