Tempêtes, tornades, inondations : El Niño n’a pas fini de faire de notre météo un cauchemar

Les tornades aux États-Unis? C’est lui. La tempête de neige qui a frappé la côte Est américaine? Son rôle n’est pas encore véritablement connu mais il n’y serait pas étranger. La sécheresse en Afrique et les pluies torrentielles en Amérique du Sud? Encore lui. El Niño est le cauchemar de la météo à cette période de l’année. Et vous n’avez malheureusement pas encore tout vu.

El Niño, qu’est-ce que c’est ?

Commençons déjà par ce point. « El Niño » signifie littéralement « l’Enfant » et fait référence à l’Enfant Jésus car ce phénomène connaît son pic aux alentours de Noël. Pour faire simple, c’est un phénomène météorologique qui se traduit par une augmentation anormalement élevée de la température de l’océan Pacifique au niveau de l’équateur, au large du Pérou. L’eau peut prendre 2,5° de plus. La raison ? Un changement de sens des alizés qui perturbe les courants marins.

Cela se produit tous les quatre à sept ans en moyenne et provoque un dérèglement de la météo dans plusieurs parties du monde: tempêtes aux États-Unis, pluies torrentielles en Asie ou en Amérique du Sud, sécheresse en Afrique et en Australie… Ce changement pourrait même expliquer les températures très douces enregistrées cet hiver en Europe ou les 22° à New York le jour de Noël. Difficile par contre d’expliquer réellement l’impact d’El Niño sur la tempête de neige qui a fait des dizaines de morts sur la côté Est américaine : les avis des climatologues et météorologues divergent sur ce point.

Pas si simple que ça en a l’air

El Niño n’est toutefois pas un phénomène mondial: « Dans les régions qui ne touchent pas directement le Pacifique, comme l’Europe, la péninsule arabique ou la Russie, les liens avec El Niño sont moins directs et plus complexes », a expliqué Dominique Raspaud, prévisionniste à Météo France, à RFI. Preuve que la météo, ce n’est pas si simple que ça en a l’air à la télévision. Petite explication en schémas:

epa
Wikipedia Commons

Pourquoi parle-t-on beaucoup de l’épisode 2015-2016?

Ce millésime d’El Niño est l’un des plus forts jamais enregistrés. L’ONU avait alerté dès novembre de la puissance de ce phénomène.  » Les graves sécheresses et les inondations catastrophiques qui touchent aujourd’hui les zones tropicales et subtropicales portent la signature de l’actuel Niño, le plus puissant que l’on ait observé depuis plus de quinze ans « , avait déclaré Michel Jarraud, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Le El Niño 2015-2016 pourrait être équivalent à celui de 1997-1998, le plus puissant jamais enregistré depuis 1950. Il avait occasionné 34 milliards de dollars de pertes économiques et fait 24 000 victimes, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration, l’agence américaine qui étudie l’océan et l’atmosphère.

Pas encore terminé

Le problème est que ce phénomène météo n’a pas encore pris fin. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 60 millions de personnes sont directement en danger partout dans le monde à cause d’El Niño en 2016. Oxfam a également lancé un appel à l’aide en décembre. Des aides financières vont être attribuées à des pays en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud et en Amérique Centrale notamment pour renforcer le système de soins et la surveillance des populations, entamer des campagnes de vaccination d’urgence, ou encore prendre en charge les personnes en situation de malnutrition.

Est-ce que ça va empirer à l’avenir ?

Difficile à dire pour l’instant. Logiquement, El Niño ne frappe la planète que tous les quatre à sept ans. Mais des facteurs pourraient modifier la donne, comme par exemple le réchauffement climatique, directement imputable à l’homme. Selon Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM  » ce phénomène naturel qu’est El Niño et le changement climatique provoqué par l’homme peuvent interagir et influer l’un sur l’autre de manière totalement inédite « , et  » El Niño ne fait qu’accentuer (la) tendance au réchauffement « .

Surtout, ce phénomène est difficile à anticiper. Les scientifiques l’attendaient l’année dernière, mais El Niño leur a posé un lapin.  » Nous avions tous l’impression qu’il était en marche et, bizarrement, rien ne s’est passé. Nous n’avons rien compris « , a confessé Anne Juillet-Leclerc, chercheuse au CNRS, à l’Humanité. Pas vraiment rassurant. El Niño n’a pas fini de nous faire trembler.

epa
Sources : Libération, Chaîne Météo, Mashable, RFI
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