Syrie: ils répondent à la ligne téléphonique créée pour signaler les violations du cessez-le-feu mais ne parlent pas arabe

Les États-Unis ont ouvert une ligne téléphonique dès le démarrage de la trêve en Syrie, le 27 février. Cette ligne doit permettre de signaler les violations du cessez-le-feu. Problème: ceux qui répondent aux appels ne parlent pas arabe. Serait-ce le signe d’une mauvaise gestion de la cessation des hostilités en Syrie?

Cela fait moins d’une semaine que le cessez-le-feu a officiellement commencé en Syrie. Et pour éviter les violations de cette trêve, les États-Unis ont ouvert une ligne téléphonique 24 heures sur 24 pour permettre aux personnes sur place de dénoncer toute reprise des violences. Mais cette ligne est-elle vraiment efficace? Il semblerait que ceux qui répondent aux appels ne parlent pas bien l’arabe…

Samedi dernier, Orion Wilcox, un journaliste syrien de l’organisation de journalisme sans but lucratif Syria Direct a tenté d’appeler la ligne téléphonique.  » J’ai appelé à 0h45. Samedi matin, seulement 45 minutes après le début du cessez-le-feu », a-t-il expliqué sur le site de Syria Direct. Orion Wilcox ne s’attendait pas à ce qu’un Américain lui réponde. « Il a répondu en anglais et puis il a basculé en arabe. J’ai commencé à lui raconter, en arabe, les rapports qu’on recevait de violations spécifiques du cessez-le-feu dans la province de Homs ». Il continue son explication: « Il se démène vraiment et ne me comprend pas. Je me dis, pourquoi est-ce que cet Américain est au téléphone et ne parle pas arabe? Je lui ai donné un compte-rendu détaillé de quelque chose qui se passe dans la province de Homs et il m’a écouté et sa réponse c’était: ‘Homs’. C’est tout ».

Il n’est pas le seul à avoir fait face à ce problème de compréhension. « Nous avons essayé d’appeler [la ligne téléphonique du Département d’État américain], mais nous ne pensons pas qu’ils ont compris ce qu’on disait », a raconté Abu Odei al-Homsi, un activiste du Ceasefire Monitoring Center de Homs, à Syria Direct.

Toujours selon Syria Direct, un réceptionniste a confondu « Harbnifsah »– qui veut dire un village de première ligne — avec « Harb Bebsi » qui veut dire « Guerre Pepsi »

En fait, à l’autre bout du fil, il y a des bénévoles ou des employés du département d’État américain qui répondent au téléphone en plus de leur travail habituel. Mark Toner, le porte-parole du département députés du département d’État tient à préciser que « certains parlent l’arabe ». « Nous sommes au fait de ces problèmes linguistiques et on travaille à les corriger parce qu’il est important que des arabophones puissent traiter des appels », s’est-il défendu.

Même si les violences ont chuté depuis le début du cessez-le-feu, des violations ont été rapportées. Les militants de l’opposition dans les zones tenues par les rebelles accusent les Russes de continuer de bombarder alors que Moscou clame ne viser que les zones controlées par Al-Nosra et l’État Islamique. Rappelons que ces groupes djihadistes sont exclus de cette trêve. Du côté russe, le ministère de la Défense dit que les factions modérées et terroristes de l’opposition ont violé l’accord de cessation des hostilités neuf fois depuis le début de la trêve.

Et pourtant, John Kirby, le porte-parole du département d’État a rapporté, sur le site du département, que les autorités américaines n’ont pas été « informées de réclamations de toute violation supplémentaire d’importance » depuis le début du cessez-le-feu. Les Américains parviennent-ils à surveiller le maintien de cette cessation des hostilités en Syrie?

« Ces propos montre que les États-Unis n’ont aucune idée de ce qui se passe sur le terrain en Syrie », a réagi Salim a-Rahil, un syrien qui s’est entretenu avec l’organisation Syria Direct.

Et les twittos n’ont pas tardé à réagir à ce bug linguistique

Sources: Business Insider, Le Figaro, Yahoo News avec AFP
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