Suite à une annonce malhonnête, Actiris ne travaille (pour l’instant) plus avec Deliveroo

Tout le monde lâche Deliveroo en ce moment. Après les livreurs qui partent en grève et demandent aux clients de ne plus commander par solidarité, c’est Actiris qui a décidé de ne plus donner de visibilité à la société de livraison. Le bureau de l’emploi bruxellois a retiré mardi une offre d’emploi Deliveroo diffusée depuis le 12 janvier car l’info était trompeuse.

Plus de contrats SMart, obligés de passer en indépendants, avec quasi aucune protection financière: les livreurs de Deliveroo en ont eu marre. Ils ont lancé un mouvement de protestation qui a eu un tel écho que le ministre de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) a décidé à l’automne 2017 d’ouvrir une enquête sur le fonctionnement de Deliveroo.

Dans la foulée de l’enquête, le bureau de l’emploi à Bruxelles Actiris a décidé de retirer une annonce pour le poste de coursier Deliveroo qui était publiée sur son site depuis le 12 janvier 2018. « L’offre de Deliveroo, publiée dans la catégorie « salariés », laisse à penser que les postes proposés ne correspondent pas au statut de salarié mais plutôt à un statut d’indépendant », écrit l’agence dans un communiqué de presse. Actiris suspecte donc Deliveroo de faire travailler ses employés comme des subordonnés mais avec des conditions salariales d’indépendants, soit sans protections financières.

Le communiqué de presse d’Actiris

Actiris

Pour combien de temps?

Sur le site d’Actiris, plus aucune trace d’annonce pour Deliveroo. « On attend les résultats de l’enquête menée par le fédéral pour voir si l’on va continuer la collaboration. Mais nous allons également prendre contact avec Deliveroo pour voir comment évoluer », nous explique Jan Gatz, porte-parole d’Actiris. « Pour l’instant, nous n’avons pas encore eu de réponse, ni du côté de Deliveroo, ni de l’enquête du fédéral. »

Et comment cette annonce s’est retrouvée sur le site? « Nous avons un service gratuit pour les employeurs qui est notre plateforme sur lesquels sont indiqués les postes vacants », ajoute Jan Gatz. « On donne la possibilité de diffuser gratuitement des offres d’emplois et de recruter soit des salariés, soit des travailleurs indépendants. Dans l’annonce, l’offre « salarié » avait été cochée, ce qui laisse à penser que l’offre concernait un job avec un contrat de travail. Sauf que ce n’est pas le cas. »

Mais est-ce Actiris ou Deliveroo qui a posté cette annonce? En réalité, « ce sont des agences de ressources humaines qui s’occupent de ça », nous confie le porte-parole. En quelque sorte, des agences d’intérim qui postent sur diverses plateformes des annonces pour d’autres entreprises. Comme ici, sur le site Student.be, où il est encore indiqué « salaire fixe de 10€/heure » alors que ce n’est plus le cas.

Les réactions politiques

Sur Twitter, la député PS Laurette Onkelinx a félicité Actiris pour cette décision, sous-entendant que le travail chez Deliveroo ne constituait pas une solution à long terme.

« L’offre d’emploi de Deliveroo avait pour objectif essentiel non pas de ‘recruter des livreurs’ mais d’opérer un véritable chantage à l’emploi vis-à-vis de travailleurs en lutte », estime pour sa part Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB Bruxelles, pour la RTBF.

Du côté de Deliveroo, c’est le silence radio pour l’instant.

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