Sommes-nous escroqués par la Turquie dans la crise des migrants? On pourrait le penser…

La Turquie veut désormais plus d’argent pour s’occuper efficacement des migrants. A la base, 3 milliards d’euros devaient être versés à Ankara. Sauf que les Turcs voudraient désormais 5 milliards d’euros. Rien n’a encore été fait de leur côté pour tenir la promesse de réduire le flux de migrants passant par la Turquie pour aller en Europe.

A en croire la Turquie, 3 milliards d’euros pour s’occuper des migrants, ça ne suffit pas. Ou ça ne suffit plus. Dans un entretien au journal allemand Die Welt, un responsable européen assure que la Turquie voudrait désormais 5 milliards d’euros d’aides de la part de l’Europe pour agir face à la crise migratoire. Autre chose : les Turcs veulent aussi avoir une plus grande liberté pour dépenser cet argent.

50.700 migrants en janvier

Une demande qui pourrait se justifier si les choses avaient changé. Il y a quelques mois, la Turquie s’est engagée à « tout faire » pour parvenir à une réduction du flux de migrants qui se rendent depuis son territoire vers l’Europe. En échange, elle doit recevoir un gros chèque. Sauf que cet argent est pour l’instant bloqué. Les pays européens attendent des résultats pour passer à la caisse et aider les 2,2 millions de réfugiés syriens actuellement massés en Turquie.

Renforcer les contrôles aux frontières et empêcher les migrants de rejoindre l’Europe par la mer ou la terre étaient des objectifs fixés à la Turquie. Résultat? 50.700 migrants sont passés de la Turquie à la Grèce du 1er au 27 janvier selon l’HRC, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. En juillet dernier, il étaient 55.000. Bref, rien n’a changé ou presque. Tous les jours, des milliers de personnes s’entassent dans des bateaux de fortune pour rallier l’Europe. Et la Turquie ne ferait pas tout ce qui est en son pouvoir pour les arrêter.

epa

Trafic d’esclaves

Le président grec Prokopis Pavlopoulos a d’ailleurs accusé certaines autorités turques de fermer les yeux sur certaines pratiques. « Les autorités portuaires font comme si elles ne voyaient rien », a-t-il affirmé dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung. « Je ne parle pas ici des dirigeants turcs », a-t-il ajouté. « Mais nous avons de nos postes avancés sur les îles des preuves que les autorités portuaires travaillent avec des passeurs. » Il a également affirmé disposé de preuves et fait allusion à un vrai « trafic d’esclaves ».

Des accusations « calomnieuses » qui n’ont pas plu à la Turque. Sauf que les instances européennes partageraient un peu l’avis du président grec sur le manque de transparences de certaines autorités turques. Avant de verser les 3 milliards d’euros promis, l’Europe voudrait être sûre que la totalité de cet argent soit investie dans la crise migratoire. Et pas qu’une partie ne soit « perdue » ou utilisée autrement.
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