Silicon Valley ou pas, San Francisco est la première ville à bannir la reconnaissance faciale

San Francisco est sans aucun doute la capitale mondiale des nouvelles technologies grâce à la Silicon Valley. Pourtant, la ville de Californie est la première à complètement bannir l’utilisation de la reconnaissance faciale dans les services de police.

La reconnaissance faciale est de plus en plus remise en cause, même à San Francisco, la capitale mondiale des hautes technologies. La ville californienne connue pour la Silicon Valley vient en effet d’interdir cette technologie dans les services de polices et dans les agences gouvernementales. La raison est évidente: les risques d’empiéter sur les libertés individuelles des citoyens. San Francisco devient ainsi la première ville américaine à se passer d’une telle technologie.

C’est une décision prise à la quasi unanimité puisque huit des neuf membres du conseil municipal de la mégalopole californienne se sont prononcés mardi pour la nouvelle réglementation. Celle-ci doit encore être soumises à un vote la semaine prochaine mais en principe, tout devrait bien se passer.

Les droits de l’Homme préservés?

Cette décision a en tout cas le mérite de contenter les associations défendant les droits de l’Homme. Elles estiment en effet que cette technologie est bien trop soumise à de potentielles erreurs pouvant provoquer d’énormes préjudices à des innocents. Le principe de la reconnaissance faciale est quand même de créer d’énormes bases de données avec les visages de milliers de citoyens pour pouvoir identifier facilement des personnes suspectes.

Cette décision du conseil municipal de San Francisco est peut-être motivé par le cas chinois, où l’on abuse clairement de cette technologie pour traquer les incivilités des citoyens et ensuite leur attribuer une note appelée « crédit social ». Une utilisation abusive qui contribue sans nul doute à la mauvaise réputation de cette technologie. Un cas qui inquiète bien évidemment les plus fervents défenseurs des droits de l’Homme. Il fallait donc, semble-t-il, se démarquer de cette mauvaise image.

Mais surtout, on veut éviter de nouvelles discriminations raciales. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans le texte de loi: « La propension de la technologie de reconnaissance faciale à mettre en danger les libertés civiles surpasse substantiellement ses bénéfices supposés. La technologie va exacerber les injustices raciales et menacer notre capacité à vivre libres de la surveillance permanente du gouvernement. »

Insoumission

Mais surtout, il y a cette volonté de ne pas se soumettre à la technologie dans une société où elle est omniprésente. Jay Stanley, analyste politique au sein de l’association American Civil Liberties analyse cette décision du conseil municipal de San Francisco: « Il est certes impossible d’interrompre la recherche et le développement de nouveaux outils. Mais cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas empêcher le déploiement de technologies qui nuisent à nos valeurs. »

On évoque également, comme expliqué plus haut, un trop gros risque d’erreur. « En l’état actuel, il est inapproprié pour les agences gouvernementales d’utiliser la reconnaissance faciale car les risques dépassent largement les potentiels avantages », estime Evan Selinger, professeur au Rochester Institute of Technology. Au final, plusieurs experts sont d’accord pour dire que cette technologie doit être perfectionnée pour être vraiment utilisable et ne pas empiéter sur les libertés individuelles de chacun. Il s’agirait en effet de ne pas donner vie au roman 1984 de George Orwell où le monde est soumis à une surveillance généralisée.

Statu quo dans les aéroports

Par contre, rien ne change dans les aéroports. Les reconnaissance faciale y sera toujours utilisée, comme partout aux États-Unis. Le but étant de repérer les comportements suspects des voyageurs pour faire embarquer ou débarquer plus efficacement certaines personnes suspectes.

D’ailleurs, on envisage d’utiliser la reconnaissance faciale aux douanes pour « lutter contre l’immigration illégale » et renforcer la sécurité. Les autorités peuvent ainsi « utiliser la reconnaissance faciale pour identifier efficacement les suspects, retrouver les enfants disparus ou les seniors introuvables, et sécuriser les accès aux bâtiments publics », le tout à des coûts moins élevés selon Daniel Castro, vice-président du centre de réflexion Information Technology and Innovation Foundation.

Contrairement à tout ce qui a été dit quant à cette interdiction de la reconnaissance faciale, Castro estime que cette décision « représente un pas en arrière quant à la protection de la vie privée ». Son argument est de dire que ce ne sont pas les humains qui visionnent les images mais bien des intelligences artificielles, ce qui préserve ainsi la vie privée des citoyens. Allez dire ça aux citoyens chinois…

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