Sign For My Future est devenu un lobby puissant qui fait pression sur le CD&V et l’Open VLD pour modifier la Constitution

Ce qui a commencé comme une large plate-forme pour inscrire le changement climatique à l’ordre du jour ressemble de plus en plus à un puissant système de lobbying politique. Sign For My Future, une association très médiatisée réunissant toutes sortes de PDG, cible désormais le CD&V et l’Open Vld pour les convaincre de modifier la Constitution en faveur du climat.

Sign For my Future a commencé comme une grande campagne pour le climat réunissant des représentants des grandes industries, des groupes de presse et des activistes du climat. Les dirigeants de plus de 100 grandes entreprises, 75 organisations de la société civile et de jeunesse, des scientifiques et plusieurs groupes de presse ont demandé aux gouvernements fédéral et régionaux de mettre en place une politique climatique plus ambitieuse. Ils exigeaient que le nécessaire soit fait pour maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés et continuer à viser un maximum de 1,5 degrés. Tout doit être fait pour que les émissions de gaz à effet de serre (GES) diminuent considérablement au cours des cinq prochaines années. La Belgique doit également devenir neutre sur le plan climatique avant 2050.

Le fait que Koen Verwee ait été au coeur de cette initiative a joué un rôle majeur dans l’impact qu’elle a eu: en tant qu’ancien PDG, il connaît bien le fonctionnement du groupe de presse De Persgroep et sait comment fonctionnent les médias. Plusieurs médias francophones et flamands ont non seulement signé le manifeste de Sign For My Future, ils lui ont également offert des espaces publicitaires gratuits qui valent normalement des centaines de milliers d’euros. Il s’agit ici du groupe Rossel, de Roularta, de RTL, de la VRT, de Mediahuis ou encore du Persgroep. C’est pourquoi leurs publicités apparaissent à la radio, à la télévision et dans les journaux: jamais un groupe de pression n’a été aussi fort en termes de communication.

Les intentions de Sign For My Future ont été claires dès le début: le lobby souhaitait qu’une loi sur le climat soit adoptée. Une nuance sémantique qui, à l’époque déjà, n’était pas passée inaperçue. C’est bien une loi et non un décret qui était exigé. Et il fallait qu’elle soit adoptée au niveau fédéral, pas au niveau régional.

La majorité des Belges veulent le climat dans la Constitution

Aujourd’hui, Sign For My Future va encore plus loin: il met la pression pour convaincre les autres partis d’adopter l’initiative parlementaire de Groen et Ecolo consistant à modifier l’article 7 Bis de la Constitution en faveur du climat. Tous les partis sont favorables à son adoption en Belgique francophone. Mais en Flandre, le CD&V, l’Open Vld et la N-VA y sont encore opposés. Ils y voient une atteinte dangereuse à la Constitution: « une loi Climat sans mesures concrètes est une coquille vide et constitue un dangereux précédent, en vertu duquel la gestion du climat serait retirée des mains du politique pour être confiée à des juges non élus », dit-on à l’Open VLD.

Sign For My Future a donc effectué un sondage auprès de 2.000 Belges qui a montré que la majorité des électeurs du CD&V et de l’Open Vld étaient en faveur d’une loi Climat. « Une loi climat forte ouvrirait la voie à une politique climatique forte et stable permettant à nos citoyens et à nos entreprises de participer à la transition vers une société climatiquement neutre. C’est le moment de faire preuve de leadership et de vision à long terme”, ont déclaré les initiateurs de la campagne. Parmi ces derniers figurent les PDG de Mars, Sodexo, Spadel, Umicore, KPMG, Solvay, VRT, Telenet et Unilever. Jusqu’à quel point ils adhèrent aux idées défendues par le lobby, cela reste encore à prouver.

Selon leur sondage, plus de la moitié des Belges (Belgique : 53% – Flandre : 51%, Wallonie : 52%, Bruxelles : 63%) considèrent que la Belgique doit déposer et approuver une loi contraignante sur le climat. Une majorité des citoyens qui avaient voté pour le CD&V, le MR et l’Open VLD lors des dernières élections fédérales partagent cet avis. 56% sont en effet en faveur d’une telle loi et seulement 16% contre. « On observe un nombre nettement plus élevé de partisans d’une loi climat que d’opposants à celle-ci dans tous les partis politiques, aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. 45% des électeurs de la N-VA y sont ainsi favorables et 17% sont contre », conclut le lobby.

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