CNN est parvenu à mettre la main sur « des milliers de pages de documents et des photos » extraites de plusieurs enquêtes européennes et a contacté de nombreuses personnes chargées de ces enquêtes. Leurs sources vont dans le même sens: le carnage de novembre 2015 à Paris devait être encore pire. Il devait avoir lieu dans plusieurs pays européens et devait être suivi par d’autres attentats. Aussi, un lien formel a pu être établi entre un groupe de djihadistes et un commanditaire qui opérait depuis la Syrie.
Et si on avait finalement échappé à bien pire lors des attentats de Paris en novembre dernier? C’est ce que révèle une importante enquête de la chaîne américaine CNN, qui a pu se procurer des centaines de documents auprès de sources proches des différentes enquêtes qui ont lieu un peu partout en Europe.
Première grosse info: « Daesh avait initialement prévu que les personnes envoyées l’année dernière attaqueraient les Pays-Bas et d’autres cibles en France, comme des centres commerciaux et peut-être un supermarché à Paris, selon un responsable ». On n’en sait pas plus sur cette source mais on se souvient qu’Abdelhamid Abaaoud et son complice, qui ont été neutralisés dans l’appartement de Saint-Denis, avaient prévu de commettre un attentat dans le quartier de la Défense où un centre commercial et un commissariat étaient visés.
Une autre info de taille: Daesh a également tenté d’infiltrer le Royaume-Uni. L’EI « a redoublé d’efforts pour infiltrer des individus au Royaume-Uni pour y perpétrer des attentats », précise l’enquête.
Un lien clair établi avec un commanditaire en Syrie
CNN passe ensuite en revue l’histoire de deux djihadistes qui ne sont finalement jamais parvenus à rejoindre la France. Il s’agit d’un Algérien et d’un Pakistanais dont le voyage a été dirigé et soutenu financièrement depuis la Syrie. Les deux hommes ont quittés Raqqa six semaines avant les attentats de Paris et faisaient partie d’un groupe plus important de terroristes parmi lesquels on retrouvait Ahmad al-Mohammad et Mohamad al-Mahmod, deux des kamikazes du Stade de France.
Ensemble, les quatre hommes se sont rendus en Europe en passant par la Turquie, sans savoir précisément quelles étaient leurs missions. Mais les deux premiers djihadistes auraient été retenus trop longtemps à la frontière grecque et ils ont ensuite passé près d’un mois dans un centre pour réfugiés à Vienne, où un troisième homme les a rejoints. Ce dernier avait échappé de justesse à un raid de la police qui a par contre surpris les deux autres. Ce troisième homme a finalement été arrêté en juillet dernier… à Bruxelles.
Celui qui a recruté, financé et entrainé ce petit groupe opérait depuis la Syrie. Connu sous le nom d’Abu Ahmad, ce « marionnettiste » s’occupait de toute la logistique: le contact avec les passeurs, les voitures et les faux passeports syriens. Il leur versait aussi de l’argent en utilisant des intermédiaires pour qu’on ne puisse pas remonter jusqu’à lui et communiquait via des applications cryptées. Le groupe de djihadistes recevaient tout juste ce dont il avait besoin pour rallier leur prochaine étape.
L’enquête en France est toujours en court mais nulle doute que ces révélations appuie le fait que ces attentats commis le 15 novembre dernier étaient bien préparés et coordonnés depuis la Syrie.
Sources: CNN, Slate, Le Soir, BFM TV.