Roulez jeunesse au Canada! Le cannabis y devient légal, mais la Belgique reste au point mort

Cannabis, Canada, les deux mots sont si similaires qu’ils devaient finir par ne faire qu’un. Depuis ce mercredi, il est désormais autorisé de consommer de la marijuana à des fins récréatives au nord des États-Unis. Tout le monde semble s’en féliciter, mais en Belgique, rien n’avance dans ce domaine. Au contraire, on semble reculer. 

Depuis ce mercredi, de la fumée blanche s’élève un peu partout au Canada pour célébrer le premier jour de la légalisation du cannabis à des fins récréatives. Le pays dirigé par Justin Trudeau devient le second pays à légaliser le pétard à des fins récréatives après l’Uruguay. C’était l’une des promesses du populaire Premier ministre canadien, il a donc tenu parole.

Le pays d’Amérique du Nord n’a pas fait ça uniquement pour faire plaisir aux fumeurs. Non, c’est surtout un moyen pour lutter contre la petite délinquance et le crime organisé autour de la weed. Désormais, c’est l’État qui régule et contrôle la vente de la cigarette qui fait rigoler. Des entreprises spécialisées produisent, tandis que les gouvernements provinciaux organisent la vente.

Un produit comme les autres qui rapporte gros

Si le Canada veut lutter contre la délinquance, il sait aussi que la weed peut rapporter gros. En effet, rien qu’au Québec, l’or vert rapporterait 1,1 milliard de dollars par an. Pas étonnant que les gouvernements provinciaux se plient en quatre pour que les services de vente soient au top. Ils distribuent, en effet, la weed dans divers établissements publics. Au Québec, il faut se rendre dans les différents locaux de la Société québécoise du cannabis (SQDC) pour s’approvisionner. Sur place, on a le choix entre 30 variétés d’herbes de qualité et on tente de sensibiliser les fumeurs à une consommation responsable. D’ailleurs, on ne peut acheter plus de 30 grammes lors d’une visite. Ce qui est déjà beaucoup, on te l’accorde.

Et pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, on peut désormais commander sur internet. Plus besoin de s’aventurer dans les profondeurs du Darknet. Le tout à un prix plutôt avantageux puisqu’un gramme ne coûte que 5 euros. Face à cet enthousiasme, les entreprises de ce nouveau secteur sont aux anges et affichent des capitalisations boursières impressionnantes. Reste maintenant à éradiquer le marché noir qui est voué à persister malgré la nouvelle concurrence étatique. L’institut de statistique du Canada estime que 5,4 millions de citoyens consommeront légalement, tandis que 1,7 million de personnes continueront à se procurer illégalement de la weed, comme par exemple les mineurs qui ne sont pas autorisés à acheter dans les établissements légaux.

Il reste tout de même quelques détails à régler, comme réguler la consommation de pétard sur les lieux de travail. Pour le moment, certaines entreprises l’autorisent, d’autres non. Certains corps de métier sont autorisés à fumer peinard les policiers (oui, oui!) tandis que les militaires et les pilotes d’avion devront rester clean pendant leurs heures de boulot.

En Belgique, le pétard reste éteint… du moins légalement

A chaque fois qu’un pays légalise ou dépénalise le pétard, on se demande où on en est en Belgique. Eh bien la réponse est simple: nulle part. Le gouvernement fédéral n’a rien fait dans ce domaine. Au contraire, on est passé à la tolérance zéro, d’abord à Anvers, puis dans le pays entier. Le but étant de limiter la consommation des gens et de lutter contre la criminalité.

Est-ce que ça marche? Absolument pas. Le Soir balance quelques chiffres dans son édition de ce mercredi: 15% des Wallons et 22% des Bruxellois âgés entre 15 et 64 ans ont déjà consommé. Et pour les moins de 25 ans, on passe à 34%. Et dans la clandestinité, on consomme souvent des produits de mauvaise qualité, coupés au sable ou au verre, ce qui est encore plus dangereux pour la santé.

Et dans ce climat de tolérance zéro, les personnes qui désirent arrêter de fumer n’osent pas aller se faire aider, de peur de subir des représailles. Difficile donc de trouver des points positifs à ce système répressif.

Des partis favorables

Le cannabis est toutefois présent dans plus en plus de programmes de différents partis politiques. Globalement, on désire réglementer la production. C’est le cas d’Ecolo, par exemple, de Muriel Gerkens, ancienne députée fédérale à la chambre qui avait déposé une proposition de loi à ce propos: « Le but recherché est de mieux contrôler sa distribution et sa production pour ne pas laisser ce marché aux mains d’une criminalité mafieuse. » Du côté du PS, on prône un modèle canadien où « les pouvoirs publics réguleraient et réglementeraient la production et la vente du cannabis ». En gros, on désire réglementer la weed comme on l’avait déjà fait pour l’alcool.

Du côté du PTB et de DéFI, on désire mettre en place une dépénalisation avec contrôle sur la vente et la consommation. Seul le cdH reste « opposé à la légalisation des drogues ». Du côté du MR, on retrouve une proposition de loi datant de… 2000! L’oeuvre est signée Olivier Chastel, actuel président du parti, et Daniel Bacquelaine, ministre des Pensions. Leur objectif était de dépénaliser le cannabis en-dessous de 15 grammes.

Pour justifier de telles idées, on prend généralement le cas de la France, où la répression est la plus dure, et pourtant, c’est dans l’Hexagone que l’on consomme le plus. Preuve de l’inefficacité du système de « tolérance zéro » mis en place sous le gouvernement MR-N-VA.

Pas le temps d’attendre le changement

À plusieurs reprises, des personnalités politiques, comme Georges-Louis Bouchez (MR) ou Elio Di Rupo (PS), ont proposé de créer ce qu’on appelle des Cannabis Social Clubs dans différentes villes pour proposer une solution aux problèmes de dépendance, ce que ne fait pas le gouvernement, et de convaincre les autres partis de le suivre. En janvier dernier, Elio Di Rupo taclait d’ailleurs le gouvernement à ce propos en annonçant son projet de Cannabis Social Club.

Le concept d’un Cannabis Social Club est différent par rapport aux coffee shops que l’on trouve aux Pays-Bas. Il s’apparente plutôt à ce que l’on trouve en Espagne. Dans un tel établissement, tu achètes des plantes que les employés du club chouchoutent en ton absence. Tu peux ensuite y fumer et même rencontrer des spécialistes de la santé pour combattre ton addiction et tenter de décrocher. L’objectif global est donc de contrôler la production, mais aussi la consommation, et de lutter contre les deals sauvages.

Mais dans plusieurs villes belges, on a trouvé une autre alternative. Plusieurs boutiques ont ouvert leurs portes et proposent du cannabis mais avec un faible taux en THC, la substance psychotrope de l’herbe. Vu ce faible taux, les produits vendus sont légaux comme le rappelle l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé au Soir: « Le CBD avec un contenu de moins de 0,2 % de THC ne tombe pas sous le coup de l’arrêté sur les stupéfiants et psychotropes. »

Malgré tout, un magasin bruxellois de ce type a subi une descente de la police qui a saisi une énorme partie du stock de la boutique. Bref, on dirait bien que pour observer un progrès dans ce domaine, il va falloir attendre la nouvelle législature fédérale qui prendra place, si tout va bien, en 2019. Encore faut-il que la couleur de ce gouvernement change…

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