Près de 55.3 millions de Turcs se sont rendus dimanche aux urnes pour dire « oui » ou « non » à une révision constitutionnelle en Turquie. Résultat: le « oui » l’a emporté de peu avec un peu plus de 51 % des voix. C’est une petite victoire, mais une grande victoire pour Erdogan qui va avoir bien plus de pouvoir qu’avant.
Les Turcs se sont rendus dimanche aux urnes afin de dire « oui » ou « non » à une révision constitutionnelle qui vise à remplacer le système parlementaire par un système présidentiel. Résultat: le « evet », « oui » en turc, l’a emporté de peu.
Après le dépouillement des bulletins de vote dans 99,99% des urnes, le oui l’emportait avec 51,20%. C’est ce qu’a annoncé par la commission électorale et ensuite citée par l’agence de presse gouvernementale Anadolu. Peu de temps après à 20h45 (heure locale), le Premier ministre turc, Binali Yıldırım, a officiellement annoncé la victoire du « oui ». Mais il reste encore environ 600.000 bulletins à dépouiller, le résultat définitif devrait donc tomber « d’ici à 11 ou 12 jours », a précisé le chef du Haut Conseil électoral, Sadi Güven, lors d’une conférence de presse.
Le « non » était légèrement dominant à Istanbul et à Izmir. En revanche, le « oui » avait plus de poids à Ankara. Par contre, les régions peuplées majoritairement de Kurdes ont voté contre l’accroissement des pouvoirs du chef de l’État turc.
Ce que cela implique
Ce « oui » va changer beaucoup de choses en Turquie. Le président turc va avoir bien plus de pouvoir qu’avant et bien plus de prérogatives. Le pays va évoluer d’une démocratie parlementaire à une république présidentielle. C’est donc Erdogan qui sera à la tête du pouvoir exécutif, et plus le premier ministre. D’ailleurs ce poste sera supprimé de la constitution et il y aura deux vice-présidents qui seront élus.
Le président gouvernera par décrets et nommera qui il le souhaite au sein des postes importants du pays, que ce soit dans les services de renseignements, au sein du milieu universitaire, de la magistrature, etc.
Et ce n’est pas tout, Erdogan restera en théorie à la tête de l’État jusqu’en 2029, soit encore douze ans.
La peine de mort & l’UE
À côté de cela, il a aussi l’ambition de réinstaurer la peine de mort et d’apporter la stabilité et la prospérité en Turquie. Il a d’ailleurs déclaré dans un bain de foule suivant les résultats du référendum qu’il discuterait immédiatement du rétablissement de la peine de mort avec l’actuel Premier ministre et le chef de l’opposition nationaliste Devlet Bahçeli. Il a ajouté qu’il organiserait un référendum sur la question si nécessaire.
Il a également promis d’organiser un référendum afin de poursuivre ou non les négociations d’adhésion à l’Union européenne. Mais les Européens risquent bien de les geler si Erdogan venait à réinstaurer la peine de mort dans son pays.
Du côté de l’opposition, ça chauffe déjà pas mal. Elle conteste déjà les résultats et elle affirme qu’il y a eu de la fraude. Le secrétaire-général adjoint du premier parti d’opposition, le CHP (social-démocrate), a affirmé sur CNN-Türk que ce référendum n’était pas valable. Le deuxième parti d’opposition, le HDP, a posté sur Twitter qu’il allait contester les votes. Il dénonce des « manipulations », à cause d’un changement de dernière minute dans les règles électorales.
C’est donc un « oui » qui l’emporte de peu, mais c’est une grande de victoire pour Erdogan, qui a obtenu ce qu’il voulait et cela ne sera pas sans conséquence.