Qui est candidat Premier ministre? Et qui ne peut/veut pas l’être?

A l’approche des élections, les partis se positionnent et présentent leur futur candidat Premier ministre, entre ceux qui peuvent l’être et ceux qui le veulent. Petit tour d’horizon.

Pour la N-VA: Jan Jambon

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  • Pourquoi il est candidat? La N-VA se positionne depuis deux législatures comme un « parti à responsabilités ». C’est le parti qui veut imposer son leadership au niveau fédéral, malgré son désir de confédéralisme. Mais plutôt qu’un gouvernement Michel II, la N-VA veut voir cette fois son candidat Jan Jambon intégrer le 16 rue de la Loi. Pour éviter, disent-ils, une crise de l’ampleur du pacte de Marrakech, qui a signé le glas du précédent gouvernement fédéral.

  • Quelles sont ses chances? Elles ne sont pas grandes car la N-VA n’a pas une très bonne cote de popularité parmi les partis francophones. Du coup, seul le MR (et peut-être le cdH) pourrait être leur partenaire potentiel. Le prix à payer? Charles Michel à nouveau Premier ministre.

  • Qui est la plus grande victime? Jan Jambon lui-même. Car en briguant le poste de Premier ministre, il laisse la place à Bart De Wever pour diriger la Région flamande comme ministre-président.

Pour le MR: Charles Michel

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  • Pourquoi il est candidat? Après 5 années passées au 16 rue de la Loi, c’est en toute logique que Charles Michel peut se succéder à lui-même. Il aime ce job, même s’il pourrait se reconvertir dans de hautes fonctions européennes, échelon où Charles Michel s’est toujours senti à l’aise.

  • Quelles sont ses chances? Pour l’intéressé, elles sont grandes. Les murs du 16 rue de la Loi ont cette particularité de donner de la confiance à celui qui les habite. Mais le MR va devoir sauver les meubles dans cette campagne. Et les sondages ne sont pas particulièrement rassurants. Le salut du MR pourrait se trouver dans la décision du cdH et de son poids politique. Maxime Prévot et Charles Michel s’entendent bien. Le MR et le cdH aussi, comme ils l’ont prouvé en Wallonie en formant une coalition surprise. De là à voir les chrétiens-démocrates se lancer dans l’aventure fédérale avec la N-VA pour une Suédoise bis? C’est encore un peu tôt pour l’affirmer.

  • Qui est la plus grande victime? Didier Reynders doit vivre dans l’ombre de Charles Michel depuis 5 ans maintenant. Le ministre des Affaires étrangères semble s’être fait une raison et brigue même le poste de président du Conseil de l’Europe. Mais si la claque reçue par Charles Michel devait être importante, nul doute que ce bon vieux Didier Reynders sera là pour recoller les morceaux du parti.

Pour le PS: Elio Di Rupo

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  • Pourquoi il est candidat? Il l’a déjà été, a encore faim et veut prendre sa revanche. C’est du moins ce qui se dit rue de la Loi. Pourtant, le PS n’est toujours pas très clair sur son candidat. Di Rupo ou Paul Magnette, c’est la question que se posent militants et observateurs depuis des années maintenant. On a droit toutefois à quelques indices: Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi, a été envoyé sur la liste européenne. Même si on sait qu’il ne siégera pas au Parlement européen (et encore moins en tant que président de la Commission européenne), on peut voir ce mouvement comme une volonté du Montois de tenter le coup une dernière fois.

  • Quelles sont ses chances? Elles sont importantes. D’abord, car la famille socialiste peut à nouveau devenir la plus grande famille politique du pays. C’est généralement à elle que revient le poste de Premier ministre. Selon les derniers sondages, on en prend le chemin. Mais il faudra de toute façon trouver des partenaires, ce qui ne sera pas chose aisée au nord du pays.

  • Qui est la plus grande victime? On l’a dit, la plus grande victime d’un Elio Di Rupo au 16 rue de la Loi n’est nul autre que Paul Magnette. Il a pourtant la préférence des socialistes flamands, nous disaient-ils en interview, mais on ne se débarrasse pas d’Elio Di Rupo si facilement. Aussi, un Elio Premier ministre signifierait une probable coalition de gauche. Exit donc le MR et Charles Michel. Tout dépendra ensuite du choix du CD&V au nord du pays de s’allier par exemple avec le binôme rouge/vert.

Pour l’Open Vld: Gwendolyn Rutten

twitter @ Gwendolyn Rutten
  • Pourquoi elle est candidate? Après des semaines de « non » et « pas de candidats pour le poste de Premier ministre », la présidente des libéraux flamands a changé son approche: « Si la balle entre dans notre camp, je serais ravi d’en être ». Et l’argument d’une « première femme à devenir Premier ministre » ne doit certainement pas être négligé.

  • Quelles sont ses chances? Elles sont minces. La chance de voir les libéraux comme première famille politique semble impossible. L’Open Vld devrait aussi faire un moins bon score que le MR, ce qui renforce les chances de Charles Michel. On peut l’écrire: ce serait une fameuse surprise.

  • Qui est la plus grande victime? En interne, les discussions sont âpres. L’actuel vice-Premier ministre Alexander De Croo a lui aussi des ambitions. Il faut voir qui deviendra le prochain président de l’Open Vld et si Rutten veut s’embarquer dans une aventure ministérielle dans le prochain gouvernement fédéral. Pas de réponse avant le 26 mai.

Pour le CD&V: Wouter Beke

twitter @ wouter beke
  • Pourquoi il est candidat? Wouter Beke a été clair lors de notre interview: il ne veut pas entrer dans le même jeu que la N-VA et présenter à l’avance un candidat Premier ministre. C’était en tout cas vrai avant que Gwendolyn Rutten se lance dans la course. Le souci, c’est qu’en interne au CD&V, on ne s’est pas vraiment décidé. Hilde Crevits est certainement la nouvelle figure de proue des démocrates-chrétiens flamands, en tout cas à l’échelon régional. Au fédéral, Kris Peeters ne semble plus pouvoir jouer les premiers rôles. Il reste donc Wouter Beke.

  • Quelles sont ses chances? En principe, pas grandes. En cas de faible score pour le cdH, ce qui est probable,on ne peut pas leur assurer un large résultat au niveau national. Au nord du pays aussi, le CD&V est en perte de vitesse. Le parti faiseur de Premiers ministres doit maintenant se contenter de jouer les rustines. Mais après deux législatures qui ont vu des francophones mener le 16 rue de la Loi, le poste pourrait symboliquement changer de camp. Un autre scénario pourrait être la coalition du CD&V avec les partis de gauche. Comme récompense? Un poste de Premier ministre, tout simplement. Faudra toutefois jouer des coudes avec Di Rupo ou les Verts.

  • Qui est la plus grande victime? Kris Peeters a déjà raté le 16 rue de la Loi en 2014. Il se lance maintenant sur une liste européenne. Les autres victimes pourraient être Koen Geens et Pieter De Crem. Pas pour le rôle de Premier ministre potentiel, mais bien pour leur rôle de ministre tout court. Si la plus haute fonction exécutive atterrit dans les rangs du CD&V, le parti devra faire des concessions. C’est toujours comme ça lors des négociations de postes ministériels. Ce qu’on prend d’un côté, on le rend de l’autre. Avec des portefeuilles moins nombreux ou moins intéressants.

Pour Ecolo/Groen: Kristof Calvo

twitter @calvo
  • Pourquoi il est candidat? Chez les Verts, le secret est bien gardé. On sait déjà que ce ne sera pas Jean-Marc Nollet, c’est en tout cas ce qu’il nous a annoncé il y a deux semaines. En coulisses, il se dit que le loquace coprésident d’Ecolo a néanmoins des vues sur le 16 rue de la Loi. Mais celui qui a pour l’instant la faveur des pronostics n’est autre que Kristof Calvo, figure de proue chez Groen. Les deux femmes, Meyrem Almaci et Zakia Khattabi, ne peuvent évidemment pas être exclues non plus, même si elles ne se sont pas prononcées très clairement. La perspective de voir pour la première fois une écologiste et une femme au 16 est une perspective qui plaît bien sûr aux Verts.

  • Quelles sont ses chances? Certainement pas inexistantes. D’abord, car les Verts peuvent potentiellement devenir la première famille politique du pays, eux qui s’affichent volontiers ensemble. Il faudra toutefois faire choix. Et la personnalité de Kristof Calvo, pas toujours appréciée au nord du pays, pourrait être un frein.

  • Qui est la plus grande victime? Pas évident de cibler une victime de ce choix alors que les Verts ne l’ont pas définitivement. Ils devront toutefois prendre en compte la rivalité qui peut exister entre un président de parti et la principale fonction exécutive du pays.

Et puis le reste

Les autres partis n’ont aucune chance de voir leurs principales figures s’imposer comme Premier ministre, soit à cause de leur éventuel score électoral ou parce qu’ils s’excluent de toutes majorités au niveau fédéral. Dans le premier cas, on pense à DéFI ou au cdH, dans l’autre, on pense au PTB ou au Vlaams Belang. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’auront pas un rôle déterminant à jouer pour former ces coalitions, que du contraire.

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