Quand le hashtag #JeSuisCute se retourne contre la parole des femmes, c’est qu’il y a encore du boulot

C’est la nouvelle initiative féministe sur Twitter: dénoncer le harcèlement sur le net en publiant des photos dénudées. Une sorte de contrepoint à une problématique récurrente dans notre société. Le fait que les femmes ne peuvent pas disposer de leur corps librement sans se faire traiter de putes.

Le mouvement #JeSuisCute a été lancé ce 28 juillet par la modèle lilloise Marina, alias MannyKoshka sur les réseaux sociaux. Depuis, il fait un véritable buzz mais pas de la façon espérée. Une horde de trolls, avec plus ou moins de mauvaises intentions, tentent de tourner le mouvement en ridicule. D’autres n’y vont pas de main morte et redoublent leurs attaques, féministes comprises.

Pourtant, la problématique qu’il sous-entend est toujours bien réelle. Les hashtag #metoo et #balancetonporc n’ont pas mis fin au harcèlement, loin s’en faut. Ils ont juste permis de faire ressortir une vérité jusqu’alors tue. Mais si le harcèlement est bien réel dans le monde qui nous entoure, il l’est davantage sur les réseaux sociaux, là où la parole se libère à coup de pseudo anonymes.

« Pute », « salope »

Le mouvement #JeSuisCute en est un autre exemple. Il est né suite aux commentaires désagréables qu’a suscités un simple selfie devant une glace. À l’autre bout de ce selfie, une fille légèrement dénudée. Ce post a provoqué un déferlement de haine et d’insultes. Celle qui l’avait pris a reçu des menaces, les photos ont été envoyées au père de la victime et même sa petite sœur a été harcelée. Il n’y a pas de limite sur la toile, c’est d’ailleurs à ça qu’on la reconnaît.

Toujours est-il que le mouvement prend de l’ampleur. Les photos dénudées se multiplient. Le hashtag arrive même en tête des tendances les jours qui suivent en France. Mais pas toujours de la manière désirée: certains postent des photos d’animaux avec le hashtag concerné. D’autres fustigent le côté exhibitionniste de l’initiative, à l’instar des Femen. Ces réponses sèches proviennent aussi de la part de féministes qui appellent à la mesure et à la pudeur.

Provocation?

Le débat est bien là. La fin d’un harcèlement banalisé ne sera-t-il pas acté lorsque les femmes pourront agir comme bon leur semble? Se mettre à poil sans se faire traiter de pute, dit plus directement? Cette manière de faire, volontairement provocante, n’est-elle pas le moyen le plus efficace de faire sortir les misogynes du bois, et finalement de dénoncer cette réalité?

Les insultes qui pullulent sur le net depuis l’apparition du hashtag sont un élément de réponse. Il reste en effet du pain sur la planche.

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