Quand l’attaque des Champs-Élysées s’invite au débat présidentiel sur France 2: gros malaise

L’attaque tant redoutée à quelques jours du scrutin a finalement eu lieu. France 2 avait pourtant tout mis en œuvre pour que son débat de vendredi soir soit le plus clair possible, notamment en privilégiant un passage des candidats au tour à tour, plutôt qu’un débat à onze. Mais en cours d’émission, le drame est survenu, obligeant la chaîne public et les candidats à réagir à chaud. Le malaise a été palpable en plateau.

À 21h, le moment de l’attaque sur les Champs-Elysées, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen, François Asselineau et Benoît Hamon étaient déjà passés à la table de David Pujadas et de Léa Salamé, pour un entretien en face à face de quinze minutes.

Malaise TV

Mais ensuite la chaîne publique et les candidats ont bien dû se résoudre à parler de l’actualité. Le souci c’est que l’information était encore parcellaire et on a donc senti un certain malaise sur le plateau. Certaines questions a priori légitimes passaient même au second plan suite aux événements. Beaucoup d’internautes se sont indignés sur les réseaux sociaux.

Les oreillettes ont commencé à chauffer lors de l’intervention de Nicolas Dupont-Aignan. À cet instant, on frôlait le surréalisme: le candidat avait balancé plus tôt en direct un SMS « d’un grand patron de presse » (Serge Dassault, actionnaire du Figaro, d’après Marianne), dont le but supposé était de mettre un petit coup de pression, afin que le candidat rejoigne François Fillon (9:14). Cette révélation a priori scandaleuse est passée au second plan quand David Pujadas faisait état de la situation sur les Champs Elysées en fin d’entretien.

Voir la fin de l’intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Mais les candidats s’enchaînent. Et le débat se recentre sur les programmes des candidats. Place donc à Philippe Poutou, premier candidat invité à réagir sur les faits, après onze minutes et demi d’entretien. La question de Léa Salamé peut néanmoins être qualifiée de perverse à cet instant pour le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste: « Avec ce qui se passe ce soir sur les Champs-Elysées, vous voulez le désarmement des policiers? »

David Pujadas parle ensuite d’un braquage qui a mal tourné: la confusion est totale.

Voir à l’intervention de Philippe Poutou à 11:40

En coulisses, c’est tout le plateau qui s’affole d’après Le Soir. Alors que les services com’ des candidats rendent hommage aux victimes sur Twitter, en direct, personne ne sait vraiment comment aborder le sujet. Et vu que chaque entretien de quinze minutes prévoyait certains moments de détente, le malaise a été palpable tout au long de l’émission.

Par exemple avec Macron: au moment d’évoquer une photo de lycéen du candidat, les Français sont légitiment concentrés sur autre chose. Et puis David Pujadas relaye encore une information non-vérifiée en direct: un deuxième policier abattu. Re-malaise puisque ce n’est pas le cas. En fait, ce qui choque le plus les spectateurs se sont les transitions souvent maladroites.

Voir le début et la fin de l’entretien d’Emmanuel Macron

Dernier candidat à se présenter suite au tirage au sort: François Fillon. Le candidat des Républicains aura la bonne idée de ne pas se plier à la première question des deux journalistes, contrairement aux autres candidats: « quel objet emmèneriez-vous avec vous à l’Elysée ». François Fillon a même demandé la suspension de la campagne présidentielle (ce qui est maintenant le cas) par pudeur et par respect aux victimes.

Les jeux sont faits

Les dés sont donc jetés pour le premier tour du scrutin qui aura lieu ce dimanche. Le faits qui se sont déroulés hier auront-ils une réelle incidence sur les résultats? Difficile de répondre maintenant, même si c’est Emmanuel Macron qui semble avoir réussi le mieux l’exercice du direct.

En attendant, le débat d’hier avait des accents surréalistes, en total décalage avec l’actualité, même s’il est difficile de réagir à chaud. Les deux journalistes n’ont en tout cas clairement pas aidé les candidats à se montrer plus dignes dans ce genre de moment.

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