« Près de 10.000 emplois supprimés » à cause du Pacte d’excellence: cette vidéo qui fait trembler les professeurs

Une vidéo postée sur Facebook par l’ASBL 1Pact fait frémir les professeurs depuis ce week-end. Dedans, un enseignant démontre à ses collègues les conséquences néfastes que pourraient avoir certaines mesures du Pacte d’excellence et de la réforme de la formation initiale des enseignants. Pour financer ces vastes chantiers, « près de 10.000 » professeurs pourraient ainsi perdre leur emploi dans les années à venir.

« Ceci n’est ni une fake news ni une blague ». C’est sur ce ton grave qu’une vidéo annonce « une perte de près de 10.000 emplois dans les années à venir » dans l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce qui serait « la facture à payer pour les réformes en cours que sont le Pacte d’excellence et la réforme de la formation initiale des enseignants portée par le ministre Marcourt ».

Elle a été postée sur Facebook ce vendredi sur la page de 1Pact, une ASBL regroupant plusieurs centaines de membres avec pour objectif d’influer sur le processus de décision des réformes de l’enseignement. En trois jours à peine, elle a fait le buzz sur Facebook et comptabilise près de 20.000 vues. Il faut dire que les chiffres qu’elle avance ont de quoi faire peur aux professeurs puisqu’ils émanent d’un document officiel du Comité de concertation, organe qui pilote le Pacte d’excellence. Il s’agit plus précisément d’un modèle d’estimation budgétaire et RH du Pacte pour un Enseignement d’excellence, publié en décembre 2016 par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Si le document existe depuis un an et demi, rares sont les enseignants qui en ont eu connaissance, déplore Christophe Bodart, professeur de morale dans la région namuroise et auteur qui apparaît dans la vidéo. C’est pour cette raison qu’il a tenu à informer le grand public sur la face cachée des deux grandes réformes à venir.

Baisse des salaires et augmentation de la charge de travail

« La première mesure est un alignement des salaires belges francophones sur la moyenne OCDE, ce qui veut dire une réduction de salaire pour tout le monde », commence-t-il par expliquer. À en croire le document qui apparaît dans la vidéo, cet alignement permettrait une économie nette, en Fédération Wallonie-Bruxelles, de 265 millions d’euros par an à l’horizon 2060.

La deuxième mesure est « un alignement sur la limite haute de la charge de travail pour les enseignants du secondaire, c’est-à-dire qu’on passe tous à 24 heures par semaine », poursuit-il. « Et là, on est à 3.500 équivalents temps plein qui passent à la trappe », ajoute-t-il.

La troisième est « l’augmentation d’une unité du nombre d’élèves/enseignants dans le secondaire, et là c’est 4.000 emplois qui sont perdus ». En outre, il faudrait ajouter « un alignement à la hausse du face à face pédagogique des enseignants à charge autonome faible, c’est-à-dire les profs d’éducation physique », où il est question de « 700 à 1.000 postes qui disparaissent ». Le document parlerait également de 175 à 236 postes en moins chez les profs de dessin et de 41 à 56 postes en moins chez les profs de musique.

À prendre avec des pincettes

L’établissement du tronc commun pose aussi problème. Comme « il supprimera la troisième année dans l’enseignement technique de qualification et professionnel », ce sont « 2.500 équivalents temps plein actuellement concernés qui n’auront plus d’emploi à la rentrée 2027 ».

« Notre gouvernement joue à la roulette russe avec votre argent, nos postes, notre qualité de travail et la qualité d’apprentissage de vos enfants », avertit l’ASBL, en invitant ensuite les professeurs à « se réveiller » et à « bousculer leurs délégués syndicaux ».

Ces chiffres sont toutefois à prendre avec des pincettes. Tout d’abord parce que le document sur lequel se base la vidéo a plus d’un an et demi, et ensuite et surtout parce que 1Pact est une ASBL qui a été créée contre le Pacte d’excellence. Pour y avoir plus clair, nous avons contacté le porte-parole de la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns (cdH), mais nos appels sont restés sans réponse.

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