Pierre-Yves Dermagne est le nouveau ministre des Pouvoirs locaux, mais les effets de Publifin ne s’arrêtent pas là

C’était le jour-J pour Paul Furlan. Une motion de méfiance était prévue au Parlement wallon ce jeudi après-midi, mais le ministre des Pouvoirs locaux (PS) a anticipé et présenté sa démission lors d’une conférence de presse. À peine quelques heures après, son remplaçant est déjà connu: ce sera Pierre-Yves Dermagne, député wallon et premier échevin de la commune de Rochefort.

Le Parti socialiste n’aura pas traîné. Quelques heures à peine après la démission de Paul Furlan, trop empêtré dans l’affaire Publifin, le PS annonce déjà son remplaçant. C’est Pierre-Yvers Dermagne qui reprendra le portefeuille wallon des Pouvoirs locaux, de la Ville, du Logement et des Infrastructures sportives. À 36 ans, il est député wallon et premier échevin de la la commune de Rochefort. Christophe Lacroix, le ministre wallon en charge du Budget, de la Fonction publique et de la Simplification administrative, récupèrera, lui, le portefeuille de l’Energie.

Pierre-Yves Dermagne prêtera serment à 17 heures au Parlement wallon. Il a assuré dans la presse qu’il se mettrait au travail au plus vite: « La mission qui m’est confiée est importante. Je me mettrai au travail dès ce soir pour porter les mesures annoncées ce matin par le gouvernement wallon ». Le président du PS, Elio Di Rupo, a déjà souligné sa compétence: « Il est juriste, avocat, deux qualités essentielles. Il connait très bien les questions locales, communales en tant qu’échevin à Rochefort et membre de la commission de l’Aménagement du territoire ».

Démission de Paul Furlan

Le désormais ex ministre wallon des Pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS), a annoncé sa démission ce matin lors d’une conférence de presse. Il s’est montré étonnamment serein et décontracté: « J’ai même mis une cravate! Ceux qui me connaissent savent que c’est rare ». Il est venu d’abord pour se défendre des nombreuses accusations de conflits d’intérêt qu’il a subies ces dernières semaines. Point par point, il s’est expliqué sur ce qu’il lui était reproché, notamment la composition de son cabinet.

« 47 personnes travaillent dans mon cabinet, seize habitent dans mon arrondissement. Deux sont membres du collège de Thuin ». C’est une chose naturelle « quand on a eu une vie dans un cabinet, de se rapprocher du ministre ». Au sujet de son ex-femme, le ministre précise qu’elle a fait carrière dans plusieurs autres cabinets avant de le rejoindre. Il avoue d’ailleurs, de manière un peu surprenante, qu’il est toujours célibataire, « si quelqu’un est intéressé ». Il conclut ce chapitre en appuyant le fait que c’est lui « qui prend les décisions », pas ses collaborateurs.

Mais on sentait la démission arriver: il a prévenu d’emblée qu’il se sentait serein et que la politique ne constituait pas une fin en soi pour lui. « Je suis droit dans mes bottes » a déclaré le ministre en fin de conférence de presse. Mais il ne supportait apparemment plus la pression, « les coups de fils incessants, les mails, les insultes… » qu’il a reçu ces derniers jours.

« Initiative personnelle »

Paul Furlan ne veut pas entrer dans une guerre politique avec certains et précise que sa démission « est une initiative personnelle » et qu’il n’y « pas eu de pression ». Mais en coulisses, ce n’est pas ce qui se dit. Certains voulaient le faire tomber. Et la guerre entre le PS liégeois et le PS hennuyer n’y est peut-être pas étrangère.

Paul Furlan avance le contraire et il précise que les membres du gouvernement l’ont soutenu. « L’ensemble du Parti socialiste également, en ce compris le président. J’ai conscience d’avoir dérangé quelqu’un, quelque chose », reconnait-il au mieux.Paul Furlan se replongera peut-être dans ses anciennes activités professionnelles (assurances). La politique n’a été qu’une étape pour celui « qui a toujours pris son destin en main » et qui ne veut certainement pas jouer « les caliméros ».

Effet boule de neige

Après l’annonce de la démission de Paul Furlan dans une conférence de presse surréaliste, le PS prend le problème à bras-le-corps. André Gilles, président de Publifin, va annoncer la démission de tous les mandataires socialistes qui sont liés au conseil d’administration, annonce l’Echo.

Dans un premier temps, on parlait des mandataires tous partis confondus. Ce ne sera pas le cas des administrateurs Ecolos qui eux se sentent droit dans leurs bottes. « Nos administrateurs ont parfaitement fait leur travail, ce ne sont pas les socialistes qui vont décider qui doit démissionner ou non », a réagi dans l’Echo Zakia Khattabi, la co-présidente des Verts.

La bonne gouvernance est-elle enfin en marche?

Après la conférence de presse de Furlan, c’était au tour du gouvernement wallon de prendre les choses en main. Paul Magnette (PS) a annoncé aux côtés de Maxime Prévot (CDH) et Jean-Claude Marcourt (CDH) un ensemble de mesures censé « révolutionner » la gouvernance et l’éthique wallonne.

Si on peut d’emblée affirmer qu’il était temps, le plan du gouvernement wallon va néanmoins dans la bonne direction: « des centaines de mandats vont disparaître, la rémunération de nombreux mandats sera fortement diminuée ou tout simplement supprimée », a annoncé Paul Magnette. Et pour les rémunérations qui restent, elles seront « toutes publiées nominativement ».

Si tu n’a rien suivi à l’affaire Publifin et ses conséquences majeures sur la politique wallonne, on ne te conseille que trop de suivre ce lien.

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