Pendant des années, Coca-Cola a dépensé des millions pour manipuler la science à son avantage

Pendant des années, Coca-Cola aurait dépensé des millions de dollars pour manipuler des études scientifiques, et donc des chercheurs, pour faire oublier les risques liés à sa boisson. C’est en tout cas ce que révèle une longue enquête du journal Le Monde et il y a de quoi s’inquiéter. 

Ce mercredi, le quotidien Le Monde a publié une enquête concernant le géant du soda Coca-Cola. Cette enquête démontre l’influence qu’a cette entreprise si puissante sur les études scientifiques et le monde de la santé. On apprend ainsi comment Coca-Cola a dépensé des millions de dollars pour influencer des chercheurs et autres professionnels de la santé pour minimiser les risques que représentent les boissons estampillées Coca-Cola Company.

Tu l’as compris, l’objectif de la compagnie était d’obtenir la publications d’études positives sur les effets de ses boissons sur la santé et ainsi faire oublier que les sodas sont mauvais pour la santé. Petit exemple: Coca-Cola a dépensé 8 millions de dollars rien qu’en France et ce depuis 2010. Selon le géant américain, cette pratique est désormais terminée. Mais tout de même, le mal est fait.

Le sucre mauvais pour la santé? Mais noooon

En 2015 déjà, le New York Times s’intéressait de près aux pratiques douteuses de Coca-Cola. Il apparaissait clairement que l’entreprise avait influencé des études scientifiques pour offrir un nouveau regard sur l’obésité. L’objectif était de démontrer que ce n’est pas la malbouffe qui provoque le surpoids mais bien l’absence d’exercices physiques.

Vu le scandale qu’a provoqué cette enquête, Coca-Cola est passé en mode transparence: publication des activités financées, des noms des experts et tout ce qui s’en suit, d’abord aux USA, puis en France en 2016. Le Monde a analysé tous ces rapports au peigne fin et en a tiré des conclusions. Il y avait du boulot puisque le quotidien français s’est aussi basé sur une étude académique signée Sarah Steel, professeure à Cambridge. Cette dernière a passé en revue tous les contrats conclus entre Coca-Cola et des universitaires canadiens et américains. Résultat: 87.000 pages pour tout lister. Ça veut tout dire.

Des contrats douteux

Sarah Steel, durant ses recherches, a fait d’autres découvertes inquiétantes, surtout concernant les contrats signés entre Coca-Cola et les équipes scientifiques. La chercheuse affirme que Coca se « réserve le droit d’interrompre les contrats sans motif ». Prenons l’exemple d’un contrat conclu avec l’Université de l’État de Louisiane pour une étude réalisée en 2012. On peut y lire texto: « Le commanditaire ne donnera pas son accord sur le contenu de l’article, mais il a le droit de l’examiner et de formuler des commentaires avant qu’elle ne soit soumise à publication. » Finalement, l’étude en question qui portait sur la consommation de boissons sous l’effet de la chaleur ne sera jamais publiée.

Le Monde a fait à peu près le même boulot pour la France et c’est le même topo. Ils ont dénombré des dizaines d’études, de colloques, de symposiums, d’articles, de diététiciens, de nutritionnistes, de médecins du sport, tous sponsorisés par Coca-Cola.

L’exemple le plus parlant est sans doute celui d’une étude visant à étudier le rapport entre la consommation de boissons sucrées et le poids. La conclusion? Il n’existe pas « nécessairement » de relation causale. L’auteure de l’étude avait touché 2.000 euros. 2.000 euros, cela reste une petite somme quand on sait que certaines études ont été financées à presque 1 million d’euros. Et ça, ce n’est rien qu’en France on le rappelle.

2016, clap de fin

Selon Le Monde, cette pratique s’est arrêtée en 2016 et la multinationale assure avoir mis fin à ce genre de pratique cette année-là. L’entreprise confirme cela au micro de la RTBF: « La recherche, la transparence et l’intégrité sont importantes. C’est pourquoi, depuis 2016, The Coca-Cola Company n’a pas financé de manière indépendante la recherche sur des questions liées à la santé et au bien-être, conformément aux principes directeurs de la recherche publiés sur notre site Web depuis lors. Nous avons adopté ces lignes directrices pour répondre aux questions qui peuvent survenir lorsque nous sommes le seul bailleur de fonds de ce type de recherche. »

Depuis 2016 donc, Coca-Cola privilégie la transparence en publiant toutes les recherches qu’elle a pu financer depuis 2010. Elle garantit également le plein contrôle des études en précisant bien qu’elle n’a pas le droit d’empêcher la publication des résultats de ces recherches. Sarah Steel affirmait pourtant le contraire dans son étude. Mais en fait, elle relativise en conclusion de son rapport: « Coca-Cola peut ainsi, si désiré, empêcher la publication d’études défavorables, mais nous n’avons trouvé aucune preuve de cela à ce jour dans les courriels que nous avons reçus. » Bref, dans tous les cas cette histoire est catastrophique pour l’image de l’entreprise qui produit des milliards de litres de soda chaque année et qui a contribué à la désinformation sur des sujets très importants et primordiaux. Malgré tout, ce n’est pas ça qui va provoquer la chute de ce géant du soda qui semble dans tous les cas intouchable.

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